Près de 150 maires se sont réunis ce lundi à Grigny en Essonne pour les Etats généraux de la politique de la ville. Ils ont appelé le gouvernement à ne pas abandonner les quartiers populaires après des annonces de restrictions budgétaires.
Aux Etats généraux de la politique de la ville, les maires et responsables d'association ont raconté leurs inquiétudes. Inquiets depuis la suppression, cet été, de 46,5 millions d'euros des crédits alloués à la politique de la ville, de la réduction des contrats aidés et de la baisse des APL.
Les élus locaux face aux problèmes
Dans les 1500 quartiers de la politique de la ville, des habitants avec les plus grandes difficultés socio-économiques. En Ile-de-France, ces quartiers représentent 1,6 million de personnes résidant dans 272 zones. Un tiers vit sous le seuil de pauvreté. "Ce sont les élus locaux qui sont face au problème", déplore Yves Jégo, député UDI de la 3e circonscription de Seine-et-Marne et ancien maire de Montereau-fault-Yonne. "Il faut que la politique reprenne la question urbaine dans son champ de vision et il faut une impulsion nationale qui n'existe plus aujourd'hui et qui fait que tout se délite."Avec l'annonce de la diminution des contrats aidés, ce sont aussi les associations qui sont inquiètes. "Si les associations ne retrouvent pas leurs contrats aidés, certaines mettront la clé sous la porte et d'autres réduiront leur activité", rappelle Olivier Klein, maire PCF de Clichy-sous-Bois. "On sait quel rôle important elles jouent dans nos quartiers..." Le gouvernement a promis que les contrats aidés des quartiers seront prioritaires. Et Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, a garanti que le financement de la politique de la ville sera "sanctuarisée" à partir de 2018 et pour tout le quinquennat.
Crainte des tensions dans les quartiers
"On peut avoir des émeutes urbaines, un retour de tension dans nos quartiers. N'attendons pas que ça explose avant d'agir", demande Yves Jégo. Comme d'autres élus, il appelle le gouvernement à travailleurs avec eux. "Il y a encore une capacité pour faire autrement. C'est pourquoi nous nous réunissons aujourd'hui pour dire au gouvernement que l'on peut travailler ensemble", confirme Olivier Klein. De mémoire, Stéphane Gatignon, maire de Sevran depuis 17 ans, n'avait jamais vu autant d'élus "tenir le même discours". "Ni de droite, ni de gauche, on discute, on travaille, c'est très sérieux", raconte-t-il.Dans les discours, les mêmes problèmes : les difficultés de gestion, des associations, l'inquiétude des contrats aidés et de la baisse des effectifs de police. Et la même demande : être écouté, plus d'ouverture de la part du gouvernement et une simplification. "Pas seulement de l'argent", prévient Stéphane Gatignon. "Pendant sa campagne, Macron est allé en campagne dans les banlieues, sur un territoire complexe, où se créé l'avenir. Il doit continuer de parler à la banlieue, la nation doit s'emparer de ce thème", demande-t-il.
Chaque mois, les maires se reverront, peu importe la couleur, pour travailler sur la politique de la ville. Emmanuel Macron va aussi les recevoir. "Chacun s'investit, chacun cherche des solutions et on se sent moins seuls", résume le maire de Sevran. Prochain rendez-vous : Paris, puis Roubaix.