Certains commerçants jugés non essentiels refusent de fermer leurs portes. A Yerres, le maire a pris un arrêté pour leur permettre de rester ouverts.
Sur l’avenue commerçante de Yerres ce samedi matin, le confinement semble ne pas être passé. Ici les magasins de chaussures, de vêtements, les salons de coiffure et même le manège sont ouverts. Le maire a pris un arrêté municipal pour permettre aux petits commerces du centre-ville même ceux jugés « non essentiels » de continuer à travailler. Mais la bonne nouvelle n’a pas duré très longtemps. Les policiers sont venus avertir ce matin les commerçants qu’il fallait fermer et qu’ils seraient verbalisés dans l’après-midi si ce n’était pas le cas. « Je respecte les règles sanitaires, il y a du gel hydro-alcoolique partout », assure la coiffeuse qui ne comprend pas la mesure mais s’y pliera quand même.
Un peu plus loin sur l’avenue, le magasin de chaussures accueille aussi quelques clients et la patronne est bien déterminée à garder sa boutique ouverte aujourd’hui. « Je suis prête à prendre une amende », assure Isabel Cequalino qui préside aussi l’association des commerçants de la ville. Elle s’était pourtant pliée aux recommandations au printemps et avait tiré le rideau sans broncher. « Pendant le premier confinement, on n’avait pas de masques, pas de gels, c’était normal de fermer. Mais là, nous avons tout pour nous protéger », explique-t-elle.
Concurrence déloyale
Comme beaucoup, la commerçante a du mal à accepter d’être rangée dans la case des commerces « non essentiels ». « C’est sûr les gens peuvent se promener nus pieds sous la pluie, on est pas essentiel ! », ironise-t-elle.Le maire de la ville considère que ces commercants indépendants font face à une concurrence déloyale. « Qu’on m’explique en quoi un hypermarché peut rester ouvert et vendre des produits : chaussures, cahiers, stylos, maquillage que ne pourrait pas faire un petit commerce. S’il y avait un intérêt sanitaire, que c’était moins dangereux dans un supermarché je m’y plierais mais ce n’est pas le cas, c’est même l’inverse ! », défend Olivier Clodong, maire DVD.
D’autres maires ont aussi pris des arrêtés similaires ces derniers jours et l’association des maires d’Ile de France a appelé dans une tribune à l’ouverture des petits commerces. « En tant que maires de villes de toutes tailles, nous tirons la sonnette d’alarme sur les conséquences qu’auront les nouvelles mesures issues du décret du 29 octobre, à savoir tuer nos centres-villes vivants, en induisant la faillite de tous les commerces de proximité », ont alerté les maires de l'association.
Un arrêté municipal illégal ?
La préfecture de l’Essonne a jugé l’arrêté du maire de Yerres « illégal » car à l’encontre du décret du 29 octobre. « Un référé de suspension a été déposé à l’encontre de l’arrêté pris par le maire de Yerres », a indiqué la préfecture. Le tribunal administratif devra rendre un jugement en urgence.De leur côté, les commerçants qui avaient ouvert ce samedi continueront uniquement la vente en drive ou en livraison la semaine prochaine.