Grigny, Chanteloup, Garges : l'appel au secours des maires des quartiers populaires

Les maires des quartiers défavorisés de toute la France appellent à manifester ce jeudi matin devant l’Assemblée nationale, jour du vote de la Loi de Finances, pour que les députés ne les oublient pas.

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Un mois, jour pour jour, après "l'appel du 14 novembre" - un courrier envoyé par 105 maires à Emmanuel Macron - les élus renouvellent leur appel. Cette fois, sous forme de rassemblement "constructif et coloré" devant l'Assemblée nationale à 11h avec maillots associatifs ou écharpes de clubs sportifs. Car ce jeudi 17 novembre, les députés vont voter le projet de loi de finances 2021. Les élus des quartiers défavorisés veulent s'assurer que le milliard d'euros (soit 1% des 100 milliards d'euros du plan de relance) promis par le Premier Ministre va vraiment être consacré à l'éducation, le sport, la santé et le renouvellement urbain dans les zones les plus fragiles. 

Quand nos clubs sportifs meurent, c'est une digue républicaine qui saute dans nos quartiers  

Benoît Jimenez, Maire UDI de Garges-lès-Gonesse (95)

Benoît Jimenez, 31 ans, viendra manifester. Il dirige l'une des communes les plus pauvres d'Île-de-France, Garges-lès-Gonesse, 45 000 habitants. Son cheval de bataille : l'insertion par le sport. Ce jeune maire du Val-d'Oise compte sur un amendement de 10 millions d'euros pour soutenir le sport dans les quartiers populaires. "Avec la Covid, nos club sportifs sont en train de mourir : ils perdent leurs licenciés et l'argent apporté par le mécénat local. Or grâce aux éducateurs, le sport est souvent le dernier rempart pour récupérer des jeunes qui sortent des radars." Beaucoup de villes, comme Grigny dans l'Essonne ou Chanteloup-les-Vignes dans les Yvelines, ont développé leur propre recette pour accompagner les jeunes, via le sport, vers l'insertion professionnelle. Mais cela demande un soutien financier solide et durable pour payer des coachs en insertion dans des associations sportives. D'où l'appel à l'aide des communes défavorisées.

"Un Grenelle de l'éducation et de l'inclusion par le sport"

Pour que toutes les bonnes idées soient mises en commun et démultipliées, un "Grenelle de l’éducation et de l’inclusion par le sport" sera organisé le 1er février 2021 à Garges-lès-Gonesse dans le Val-d'Oise. Le principe : que chaque association, chaque élu fasse remonter ses actions de terrain qui ont déjà porté leurs fruits.

Comme à Grigny où la prise en charge par la mairie et la CAF d'une partie de la cotisation annuelle a permis d'augmenter de 40% le nombre d'enfants inscrits dans des clubs sportifs. Dans la commune la plus pauvre d'Île-de-France, faire du sport coûte désormais 50 euros maximum par an et par enfant. "Les résultats sont déjà très prometteurs" se réjouit Philippe Rio, maire PCF de Grigny, qui a noté dès la mise en place de la mesure en 2019 une augmentation de 58% du nombre de jeunes filles inscrites dans un club sportif. 

"Car dans nos quartiers, les familles nombreuses n'ont pas les moyens d'inscrire leurs enfants au sport. Il faut donc sanctuariser ce soutien. "

Philippe Rio, Maire (PCF) de Grigny (91)

"Un conseil national des solutions"

Dans la même logique "constructive", les maires de "l'appel du 14 novembre" (ils sont désormais plus de 200 à l'avoir signé) veulent lancer un "Conseil national des solutions" et se rencontrer, si possible, dès le mois de février. "Il y a un tel décalage entre l'urgence, la détresse dans nos quartiers, et la lenteur des solutions institutionnelles envisagées, qu'il faut que l'on mette un coup d'accélérateur", insiste le maire de Grigny. 

A Chanteloup-les-Vignes, Catherine Arenou très active dans cette mobilisation qui rassemble des maires de tous bords politiques, précise : "Nous ne sommes pas dans la confrontation, mais dans la construction. Nous allons associer les collectivités territoriales, les associations." 

Il faut que le gouvernement et le Président de la République comprennent notre urgence. Nous ne pouvons pas nous contenter de promesses.

Catherine Arenou, Maire DVD de Chanteloup-les-Vignes (78)

La maire de cette commune pauvre des Yvelines est, elle, très inquiète sur la poursuite du financement de l'ANRU, ce dispositif de renouvellement urbain. Après les logements, elle souhaite renover les équipements publics, comme les écoles, pour attirer des classes moyennes. "Ces chantiers se font aussi avec de clauses d'insertion sociale qui ont montré leur efficacité de tremplin vers l'emploi. Il ne faut pas lâcher."

Le Sénat a voté à l'unanimité certains des amendements proposés par les maires de "l'appel du 14 novembre". Les élus des communes touchées de plein fouet par la crise sanitaire, sociale et économique attendent maintenant le soutien des députés.

 

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