L'épidémie de Covid progresse en Île-de-France depuis quelques semaines. Alors que tous les indicateurs montrent une résurgence du virus dans la région, l'infectiologue Benjamin Davido nous explique les raisons de cette hausse du nombre de cas.
La région parisienne connaît depuis quelques jours une hausse significative des cas de Covid. En effet, tous les départements franciliens, à part la Seine-Saint-Denis, affichent des taux d'incidence supérieur à 500 cas détectés pour 100 000 habitants. C'est à Paris que ce chiffre est le plus important, puisqu'il atteint 761. Des données qui indiquent une résurgence de l'épidémie après plusieurs semaines d'accalmie.
Cette reprise coïncide avec la tendance nationale. Tous les indicateurs de la circulation de l'épidémie sont en hausse sur le territoire français. Cela inclut les taux d'incidence, de positivité ainsi que le taux de reproduction R du virus. Pour rappel, celui-ci indique la moyenne de personnes contaminées par un malade. Si la plupart des indicateurs sont à la hausse, la tension hospitalière reste basse dans la majorité des départements de la région, à l'exception de la Seine-et-Marne dans laquelle 44% de lits sont occupés par des patients Covid.
"L'immunité procurée par la troisième dose arrive à son terme"
Pour expliquer cette reprise épidémique, Benjamin Davido, infectiologue à l'Hôpital Poincaré de Garches dans les Hauts-de-Seine, souligne que "l'immunité procurée par la dose de rappel administrée en janvier arrive à son terme. De ce fait, les personnes vulnérables son plus facilement contaminées et risquent des formes graves". Il pointe également du doigt le fait que "l'on incite plus les gens à se faire tester. On compte environ 200 000 tests par jour actuellement alors que lors des vacances de Noël nous avoisinions le million de tests quotidiens. Paradoxalement, le nombre de tests positifs et de plus en plus important alors que les gens se testent de moins en moins".
"Développer une stratégie pérenne" de lutte contre le virus
En ce qui concerne la levée des restrictions sanitaires récentes comme la fin du port du masque dans les transports, Benjamin Davido déplore cette situation en expliquant que "cela convainc la population que le Covid n'existe plus alors que sa circulation reprend". Il appelle de ses vœux un port du masque "dans les endroits où la possibilité de transmission du virus est forte". Pour appuyer son propos il donne l'exemple suivant : "Les transports en commun comme le métro sont occupés par des populations plus jeunes qui sont souvent moins vulnérables aux formes graves, mais le fait de ne plus porter le masque accélère la circulation du virus."
Enfin, il indique que la reprise du virus est liée au fait que "l'on ne se protège plus et on manque de pédagogie pour expliquer à la population pourquoi il est important de faire des rappels vaccinaux réguliers". En ce sens, le spécialiste appelle à une vaccination régularisée contre le Covid sur le modèle de celle contre la grippe. "On pourrait vacciner contre le Covid chaque automne pour permettre le renouvellement régulier de l'immunité", suggère-t-il. "Il faut apprendre à vivre avec le virus pour développer une stratégie pérenne, globale et universelle pour lutter contre celui-ci", conclut Benjamin Davido.