Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête après les plaintes de deux hommes contre le maire d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) André Santini pour agression sexuelle et harcèlement sexuel et moral. Des accusations que l'élu UDI conteste.
Les deux plaintes ont été déposées vendredi par deux employés de la mairie : un ancien chef de cabinet de M. Santini et un ancien huissier. Agés de 24 et 31 ans, ils accusent l'élu, âgé de bientôt 82 ans, de faits présumés couvrant plusieurs années. L'enquête a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), a précisé mardi le parquet, sollicité par l'AFP, qui n'a pas "qualifié les faits à ce stade".
André Santini, pilier historique de la droite en Ile-de-France, conteste les faits, selon son avocat Me Marc Bellanger, qui précisait vendredi n'avoir pas encore eu connaissance du détail des accusations.
Recontacté mardi par l'AFP, Me Bellanger n'a pas souhaité faire de commentaire, n'étant "pas informé" du début des investigations. "La rapidité avec laquelle l'enquête a été ouverte est à la mesure de la gravité des faits dénoncés mais aussi de l'intensité des éléments probatoires. Chacun peut mesurer le courage dont les deux plaignants font preuve", a réagi pour sa part l'avocate des deux plaignants, Me Christelle Mazza.
"Système de prédation"
Ancien secrétaire d'Etat à la fonction publique (2007-2009) et ex-député, André Santini (1988-2017) est maire UDI d'Issy-les-Moulineaux, une ville de près de 70 000 habitants du sud-ouest parisien, depuis 1980. Il est également vice-président du Grand Paris et patron du Syndicat des eaux d'Ile-de-France depuis 1983.
Le premier plaignant, un ancien huissier de 24 ans, affirme avoir été victime entre 2020 et 2022 d'"attouchements" et dénonce une "organisation du travail extrêmement oppressante et déstabilisante" à la mairie, selon sa plainte. Il affirme que M. Santini a mis en place un "véritable système de prédation". En avril 2022, "c'est parti en vrille", explique-t-il : l'élu a "tenté de l'embrasser" à deux reprises et "d'approcher sa main vers son sexe" après un déjeuner.
Le deuxième, ancien huissier (2011-2020) et ex-chef de cabinet (2020-2022), âgé de 31 ans, accuse notamment le maire d'avoir "sauté" sur lui dans un ascenseur et d'avoir tenté de l'"embrasser en le caressant". Il assure aussi que M. Santini procédait "régulièrement" à "des attouchements sur la jambe, le bas des fesses et le bas du sexe". Seul avec lui dans le bureau, il lui "caressait sa jambe pour remonter vers le bas de son dos ou son sexe", selon la plainte, "ces agissements avaient toujours lieu en huis-clos".
"Je connais M. Santini depuis dix-sept ans, on n'a jamais eu aucune plainte déposée contre lui sur les comportements qu'on lui impute", avait indiqué vendredi son avocat Me Bellanger. "Je pense qu'il s'agit d'une campagne de vengeance de ces agents vis-à-vis du maire, avec qui il y a un contentieux. Ils ne sont pas contents de leur situation administrative et ont déposé plainte", avait-il ajouté. Les deux plaignants ont été écartés par le maire en mai, officiellement pour "rupture des liens de confiance nécessaires à notre collaboration".