La mère de Clarissa Jean-Philippe, policière municipale tuée à Montrouge par Amedy Coulibaly le 8 janvier 2015, a témoigné au procès des attentats de janvier 2015. Marie-Louisa Jean-Philippe est à la recherche de la vérité pour pouvoir faire son deuil.
Encore aujourd'hui, la mère de Clarissa Jean-Philippe, Marie-Louisa, est toujours à la recherche de la vérité. "Depuis cinq ans, j'attends pour savoir ce qu'il s'est passé. Je veux la vérité. Pourquoi ont-ils tué ma fille ? Qu'avait-elle avoir là-dedans ? Pourquoi elle est morte ?", s'interroge-t-elle.
Ces questions qui hantent son esprit, elle espère enfin pouvoir y apporter des réponses alors que le tribunal de Paris se penche sur la mort de la jeune policière municipale tuée à Montrouge le 8 janvier 2015.
Au procès, Marie-Louisa Jean-Philippe s'avance à la barre et raconte qui était sa fille, ses souvenirs, ses ambitions. "Enfant, elle m’a dit qu’elle voulait être policière parce qu’on était tout petits et qu’elle voulait que l’on soit plus grands."
Arrivée à 19 ans en métropole, elle a commencé par être agent de sûreté à l'hôpital Henri Mondor à Créteil (Val-de-Marne). Clarissa Jean-Philippe voulait entrer dans la police nationale. On l’appelait "la petite gazelle" car elle faisait de l’athlétisme. "J’ai perdu ma fille au moment où elle pouvait vivre. Elle était trop jeune", poursuit sa mère.
Le président rappelle que l’auteur même de l’assassinat, c’est Amedy Coulibaly. Et qu’il est mort. Marie-Louisa Jean-Philippe : "Oui mais y a des complices. Pour moi, la personne qui a donné l’arme, c’est elle qui est la plus coupable."
"Ne t'en fais pas, ça va aller"
C'est ensuite au tour de son ancien collègue d'être appelée à la barre. Il décrit ce moment de l'attaque. "J’entends deux coups de feu. Je vois mon collègue du service technique se battre avec cet homme. La seule chose que j’ai sur moi, c’est un Tonfa (une matraque, ndlr) et une bombe lacrymogène. Je le poursuis mais j’ai rien autour du ceinturon..."
"Et puis je pense à ma Clarissa et je fais demi-tour pour revenir vers elle. Je lui dis : 'ne t’en fais pas, ça va aller. On a appelé les secours, ça va aller.' Ma chef qui était là m’a dit de refaire la circulation. Et après j’ai été pris en charge", continue-t-il.
Un récit insupportable, trop douloureux pour la mère de Clarissa qui a dû sortir de la salle.
Ne pas oublier
Il est 7h passées ce jeudi lorsque Clarissa Jean-Philippe est appelée sur un accident de la circulation au 91 avenue Pierre-Brossolette. À 8h04, elle est touchée mortellement par une balle de kalachnikov. Cette Martiniquaise, âgée de 26 ans, était sur le point de finir son stage et d'être titularisée.À l'époque, François Hollande, lui rendra hommage : "Elle aimait la France. Elle voulait servir, elle est impatiente, elle est rayonnante, elle est ardente, elle a hâte de mettre en pratique les connaissances qu'elle a apprises à l'école".
À Sainte-Marie, sa ville natale, des milliers d'anonymes s'étaient réunis en sa mémoire. Les villes de Malakoff et Montrouge, séparées par l'avenue Pierre-Brossolette, ont chacune inauguré une plaque en son souvenir.
"J'ai fait un cri, le monde entier l'a peut-être entendu"
"Un de ses collègues m'avait appelé, mais je n'ai pas pu répondre parce que j'étais encore couchée. Vers 6h, je me suis réveillée et on m'a dit : 'on a tué une Samaritaine à Montrouge'. Tout de suite j'ai pensé à ma fille. J'ai fait un cri, le monde entier l'a peut-être entendu, puis après plus rien."Comment vivre avec cette douleur et qu'attendre du procès ? "La colère, c'est dedans, ça ne sort pas. Pour l'instant je ne peux pas. Il faut savoir pourquoi, tant que je ne sais pas, je serai malheureuse", explique Marie-Louisa, avant de lâcher : "Pour tuer dans le dos comme cela, c'était quelqu'un de très lâche."
Amedy Coulibaly ainsi que les frères Kouachi sont morts. Au total quatorze personnes sont jugées par la cour d'assise spéciale (trois sont absentes). Elles sont soupçonnées, à des degrés divers, d'avoir été complices et d'avoir apporté un soutien logistique aux auteurs des attentats.