Une clinique psychiatrique des Hauts-de-Seine a été condamnée à 200.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Nanterre pour homicide involontaire, à la suite du suicide d'une de ses patientes en 2004, souffrant de dépression nerveuse.
Le responsable de la Maison de santé du Château, située à Garches, a de son côté été relaxé. Philippe Cléry-Melin dirige le groupe Sinoué, l'un des plus importants acteurs privés de la santé mentale et propriétaire de l'établissement. La clinique a été condamnée en raison de l'existence, dans l'un de ses bâtiments, d'une cage d'escalier "béante", c'est-à-dire non protégée, du haut de laquelle la victime s'est jetée le 22 juin 2004.
Agée de 75 ans, cette patiente souffrait "d'un syndrome dépressif et de crises d'angoisses" et avait été admise à la clinique du Château deux semaines auparavant, quelques jours après une tentative de suicide. "L'organisation des services de psychiatrie est orientée vers la prévention des gestes suicidaires à travers la surveillance, mais aussi l'architecture des locaux. L'existence d'une cage d'escalier béante est en principe écartée dans ce type de service", avait souligné un expert lors de l'enquête.
Cette cage d'escalier était à l'époque protégée d'un garde-corps, haut de 95 cm seulement. Depuis les faits, une vitre de protection a été installée. A l'audience, Philippe Cléry-Melin a défendu son établissement, une clinique "de grande renommée et à la clientèle internationale". "Il n'y avait jamais eu jusque-là de précipitation dans cet escalier", a-t-il rappelé, alors que la clinique a été fondée en 1930. "On peut mettre toutes les vitres qu'on veut, il y a des gens qui, quand la volonté suicidaire est là, sont capables de trouver une énergie insoupçonnée", avait de son côté affirmé l'avocat des prévenus, Me Emmanuel Marsigny, pour qui il est très difficile de prévenir le risque de suicide.
La clinique a en outre été condamnée à verser des dommages et intérêts s'élevant de 5.000 à 30.000 euros pour chacune des parties civiles, pour un montant total de 65.000 euros.
Cette même clinique avait déjà connu un suicide, au retentissement médiatique certain, lorsque l'actrice et réalisatrice Christine Pascal s'était défenestrée en 1996. Son mari avait obtenu la condamnation de son médecin pour défaut de diagnostic, un mois avant que la victime ne se jette du haut de la cage d'escalier.