A Nanterre, des échauffourées entre lycéens et policiers ont éclaté ce mardi près d'un lycée où des élèves protestaient contre la mutation d'un prof syndiqué et l'organisation scolaire. 14 jeunes ont été interpellés et placés en garde à vue mardi. Trois d'entre eux vont être convoqués devant le tribunal pour enfants.
Depuis la rentrée scolaire, le mouvement de contestation au lycée Joliot-Curie de Nanterre se tend. À la grève des enseignants et les rassemblements devant le lycée, en soutien à un professeur de mathématiques suspendu puis muté, s’est ajouté mardi, un blocus des élèves qui a dégénéré en affrontements entre lycéens et policiers déployés pour empêcher ce deuxième jour de blocage. 14 jeunes ont été interpellés et placés en garde à vue.
Une information confirmée par le parquet. Mardi, 14 jeunes dont 12 mineurs ont été placés en garde à vue pour attroupement armé et violences volontaires aggravées en marge d'une tentative de blocage d'un lycée de Nanterre où des élèves protestaient contre la mutation d'un enseignant syndicaliste. Les auditions de ces jeunes, dont des lycéens, et les investigations se poursuivent. L'enquête a été confiée au commissariat de Nanterre dans les Hauts-de-Seine, précise le parquet de Nanterre.
Mardi, vers 17 heures, les parents se sont regroupés devant le commissariat de la ville pour protester contre la violence policière.
Dans la soirée, la préfecture a condamné les "violences" et appelé à un "retour au calme" après que deux policiers ont été blessés et que les forces de l'ordre ont été la cible de jets de projectiles et de tirs de mortiers d'artifice, selon un communiqué.
Ce mercredi matin, une centaine de personnes, élèves et parents, se sont rassemblés devant le lycée Joliot-Curie. Les élèves ont pu reprendre les cours, certains parents se sont retrouvés devant le commissariat de Nanterre où étaient maintenus les élèves en garde à vue.
Ce mercredi soir, le parquet de Nanterre annonce que 3 jeunes vont être convoqués devant le tribunal pour enfants en audience de culpabilité pour y répondre de faits qualifiés de violences aggravées sur personne dépositaire de l'autorité publique et avec arme. Toutes les gardes-à-vue sont en voie d'être levées.
Incompréhension face à la répression policière
La communité éducative du lycée se dit choqué par la violence de l'intervention policière pour disperser les jeunes présents devant le lycée. "Gaz lacrymogènes et matraques", charge des forces de l'ordre "d'une violence inouïe" : les personnels du lycée Joliot-Curie se disent "choqués par la disproportion entre les moyens policiers déployés (mardi, ndlr) et la réalité d'un blocus pacifique d'adolescent-es", écrivent-ils dans un communiqué.
Cette violence est confirmée par Maxime Pouvereau , délégué CGT au lycée Joliot Curie, "Ce mardi matin, il y avait une présence policière beaucoup plus importante devant l'établissement que la veille." "Je ne sais pas exactement ce qui a poussé les policiers à sortir les matraques et les gaz lacrymogènes, mais c'est ce que nous avons pu observer." Il confirme aussi la présence de jeunes extérieurs qui auraient fait usage de tirs de mortier.
Même incompréhension pour cette mère d'élève : "Face à la violence du deuxième blocus, les parents sont très en colère", explique-t-elle. "Les lycéens ont été gazés et un grand nombre a été amené au commissariat, une maman a essayé d'avoir des nouvelles de son fils, impossible", déplore-t-elle.
Les lycéens interrogés devant le lycée ce mercredi matin, tiennent le même discours. Pour eux, le blocage initié par les élèves se déroulait dans le calme et la violence de la réaction des policiers les a pris de court. "Les lycéens étaient calmes et tout à coup, c'est parti en vrille", explique une élève qui participait au blocus. "Les policiers ont lancé des fumigènes et gazé des lycéens. On ne pouvait plus rentré chez nous, certains se sont retrouvés en sang", raconte-t-elle. Un autre élève, affirme, avoir vu un de ses camarades roué de coups par un policier.
L'aide aux devoirs supprimée
"La mutation forcée d'un professeur est un des facteurs de la crispation des élèves mais ce qui a déclenché ce mouvement de colère des lycéens est la suppression de l'aide aux devoirs", poursuit cette mère d'élève. Une analyse confirmée par Maxime Pouvereau qui relève plusieurs raisons à l’origine de la colère des lycéens : "Des cours de soutien annulés, la tenue vestimentaire des filles notamment l’abaya et la mutation forcée d'un professeur."
Dans un communiqué, la FCPE 92, appelle au "retour du dialogue entre tous". Elle demande que "la parole des élèves, notamment celle des élèves au CVL, le Conseil de la vie lycéenne, soit réellement prise en compte".