Vendée Globe#3 : Virtual Regatta, le tour du monde derrière son écran

A 3 jours du départ de la course, ils sont déjà plus de 170 000 inscrits à piaffer d’impatience. Leurs bateaux sont fin prêts. Tout comme les 33 skippers du Vendée Globe, les joueurs s’élanceront dimanche pour leur tour du monde virtuel. La concurrence s’annonce rude sur Virtual Regatta !

Traverser le golfe de Gascogne, se laisser glisser avec les Alizés portugais, éviter le piège du Pot au noir, affronter les 40ièmes rugissants, bien négocier les trains de dépression des mers du sud, franchir les 3 caps, de Bonne Espérance, Leeuwin, le Cap Horn et enfin prendre les bonnes options pour attaquer la remontée de l’Atlantique Sud.

Voici ce qui attend les 33 skippers du Vendée Globe, mais aussi les centaines de milliers de joueurs inscrits à Virtual Regatta, un jeu en ligne de simulation de courses à la voile gratuit créé en 2006 par Philippe Guigné, un ancien skipper.

"Beaucoup de gens se passionnent pour les régates mais ne naviguent pas forcement. En France, il y a une culture de la course au large, unique au monde. C’est sans doute l’héritage de marins comme Eric Tabarly. Je me suis dit, c'est possible, qu’il y avait un moyen de fabriquer un jeu donnant la sensation de faire des courses offshore et jouable par tous. Il y avait déjà eu des expériences de jeu sur minitel", explique Philippe Guigné, le créateur du jeu Virtual Regatta et à la tête de cette entreprise francilienne. 

Le principe de ce jeu de stratégie est simple. Faire la course en temps réel dans les mêmes conditions météo que les "vrais" marins. Choisir les bons angles, les bons réglages de voile et les bonnes routes pour boucler son tour du monde virtuel en un temps record. Chaque joueur arme son propre bateau en achetant s’il le souhaite, des options qui le rendent plus performant : foils, winch pro, alertes météo…

Un jeu pour tous

 

Je ne voulais pas d’un jeu réservé aux "voileux "

Philippe Guigné, créateur de Virtual Regatta


Le jeu reconnu par la Fédération mondiale de voile et partenaire des principales transat, s’adresse aux fans de jeu comme aux néophytes, aux marins ou aux non marins. "Je ne voulais pas d’un jeu réservé aux « voileux ». Le miracle ça serait que les marins, les grands skippers jouent en même temps que la fameuse madame Michu qui n’a jamais fait de bateau. Le miracle a eu lieu ! Le jeu s’adresse à tout le monde à tous les âges",  explique Philippe Guigné. Pour son créateur, le jeu a même des vertus pédagogiques : "c’est un outil qui permet d’apprendre et de progresser en voile", nous explique-t-il. "Il est même devenu un outil d’apprentissage dans certains clubs nautiques !", poursuit-il.
 

C'est un peu ma petite madeleine que je retrouve tous les 4 ans

 Antoine, joueur


"Je ne suis pas un gamer, je ne joue pas aux jeux vidéo mais Virtual Regatta, c’est un peu ma petite madeleine que je retrouve tous les 4 ans. Je ne fais pas toutes les courses mais le Vendée Globe, c’est un rendez-vous incontournable. J’attends la date du départ avec impatience", témoigne Antoine. "Ce qui me plaît c’est le côté nautique, je fais du bateau depuis que je suis tout petit. Bon d’accord je ne me fais pas beaucoup mouiller en restant derrière mon écran et ne mets pas de ciré ! Mais je retrouve un environnement que j’aime".

Comme Antoine, pour cette neuvième édition du Vendée Globe, ils seront des milliers à naviguer virtuellement. Et pas des moindres. Les mordus sont déjà là. Notamment l’Australien Matt Johnson, le détenteur du record de l’épreuve en 72 jours, 2 heures, 23 minutes et 10 secondes.  "Il y a également un petit jeune, qui se nomme Loïck Peyron !", sourit Philippe Guigné : "Il a fait 3 fois le Vendée Globe et là, il s’engage pour sa quatrième course en solitaire, mais cette fois-ci derrière son écran. "
 

Je dois être un des rares marins à avoir pris le départ du Vendée Globe réellement et à l’avoir terminé virtuellement

 Loïck Peyron, skipper professionnel


Dimanche prochain, Loïck Peyron, navigateur au palmarès impressionnant, vainqueur entre autre, de la Route du Rhum et détenteur jusqu’en 2017, du Trophée Jules Verne se jettera dans la course, à la barre de son voilier virtuel, qui porte les couleurs de Polarys, son sponsor et de l’association OSE. L'association NeurofibromatOSEs et Recklinghausen lutte contre la neurofibromatose, une maladie génétique rare qui touche le système nerveux.

"Oui je prends la mer dimanche pour un énième départ du Vendée Globe mais… virtuel. A défaut de faire la course en vrai ! Le virtuel a cela de bon, c’est moins humide ! Pas d’embruns, pas de boule au ventre et c’est bien pour cela que je joue sinon ça me rappellerait trop le bureau ! ", plaisante Loïck Peyron.  

"Je dois être un des rares marins à avoir pris le départ du Vendée Globe réellement et à l’avoir terminé virtuellement", raconte t-il. "Lors de l’édition 2008, j’ai pris le départ de la course sur Gitana Eighty, faisant partie des favoris. J’ai été en tête durant les 3 premières semaines et j’ai démâté au large des îles Kerguelen. Je suis rentré en France et là frustré d’une défaite réelle, j’ai continué virtuellement. Repartant au large, là où j’avais démâté. J’ai fini la course derrière mon écran.", confie-t-il.

Chaque joueur a sa propre manière de jouer. Pas obligé d'être constamment connecté enfin... presque. "J’ai souscrit au pack toutes options", explique Antoine. "Quitte à faire la course pendant 3 mois autant bien la faire. Je vais me connecter 4 fois par jour à coup de 3 à 4 minutes pour suivre mon bateau et faire les réglages, établir des petites stratégies météo. Et puis c'est aussi une course dans la course ! Je joue en famille, mon père et des amis. On est 4,5 inscrits et on va suivre la course des copains, faire des paris entre nous. S’envoyer des messages, des petites piques, tiens tu aurais dû virer la nuit dernière ! J’espère juste une chose, que l’application ne va pas bugger comme lors du précedent Vendée Globe. Trop de monde s'était connecté le jour du départ", souligne-t-il.

Conseils pour gagner

Alors, pour gagner, que faut-il faire ? "Il n’y a pas de règles. Il y a beaucoup de manières de jouer. Certains se connectent toutes les heures, d’autres se connectent très peu. On peut aussi acheter un système de routage pour aider à prendre de bonnes directions !", souffle le patron de Virtual Regatta. "Surtout  il faut analyser la météo avec beaucoup d' anticipation, celle que l’on va avoir, non pas dans les 6 heures à venir mais dans les 48 ou 72 heures. Cela permet de rejoindre telle ou telle zone. C’est du bon sens dans le fond", confie l’ancien skipper professionnel Philippe Guigné.

Pour Loïck Peyron, l'important est de ne pas rater son départ. "Il faut être bien réglé dès le départ, avoir la bonne trajectoire, avoir le bon angle par rapport au vent. Et ne pas hésiter à rallonger sa route en fonction de la météo dans les 6 ou 7 jours à venir. C’est très exactement le même boulot que feront les vrais skippers sur leur bateau", explique-t-il. Tout en reconnaissant qu' il y a de vrais pros du jeu et qu'il est difficile de se mesurer à eux.

L'inscription à Virtual Regatta est gratuite, seules les options sont payantes. A retrouvez sur le site du Vendée Globe et l'onglet Virtual Regatta. Départ dimanche à 13 heures 02.

Retrouvez demain sur le site web, le navigateur Fabrice Amedeo. Il embarque sur son voilier, Newrest-Art&Fenêtres, des capteurs océanographiques.
 
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