Son voilier se nomme Time for Oceans. Stéphane Le Diraison, le skipper de Boulogne-Billancourt au départ du Vendée Globe, milite pour la préservation des océans.
Les chiffres sont là pour nous rappeler la pollution des océans.
• 80% des déchets présents dans les océans viennent de la terre.
• 8 millions de tonnes de déchets plastiques sont déversés dans les océans chaque année.
• 100 000 mammifères marins et plus d’un million d’oiseaux marins meurent chaque année à cause des déchets.
"Les océans produisent plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons. Ils absorbent 25% des gaz à effet de serre. Ils sont au cœur des régulations climatiques", explique Stéphane Le Diraison qui s'élancera dimanche pour son deuxième Vendée Globe. "Il est nécessaire de les préserver".
Les marins, premiers témoins de la pollution des mers
Skipper professionnel, cet ancien ingénieur responsable des énergies marines chez Bureau Veritas a décidé de s’engager pour la préservation des océans. Il s’en est fait le porte-parole à la barre de son voilier Time For Oceans. En tant que navigateur, il est le premier témoin de la pollution maritime."En 2016, pendant la dernière édition du Vendée Globe, je me suis rendu compte que la fonte des glaces était un sujet extrêmement préoccupant. On en entend parler mais quand on est directement confronté au problème, ce n’est pas la même chose", explique-t-il.
"En 10 ans, j’ai vu beaucoup d’évolutions et sans aller très loin. J’ai croisé un iceberg à la latitude de Lisbonne, de l’autre côté de l’Atlantique en plein mois de juillet. En mer Méditerranée, il est impossible de naviguer sans croiser régulièrement des pollutions diverses : des bidons, des bâches, des sacs etc. J’ai aussi vu des pollutions chimiques dans le golfe du Mexique. Des containers remplis de produits électroniques ou chimiques dans la Manche et qui s’échouent sur nos plages. Ce genre d’indicateurs m’a donné envie de devenir un ambassadeur auprès du public, de témoigner de ce que je vois".
Le message de Time For Oceans
En 2017, Stéphane Le Diraison crée le projet Time For Océans, animé par la conviction que les entreprises, les citoyens ou les collectivités doivent changer leurs modèles en intégrant la protection de l’environnement. "La préservation des océans est une action multi-acteurs qui engage les institutions, les collectivités, les entreprises et les citoyens. Chacun peut se mobiliser à son niveau. Des solutions existent". Un message qu'il ne cesse de marteler. Le skipper intervient dans les écoles, participe à des campagnes de sensibilisation, noue des partenariats avec la communauté scientifique. Et utilise la médiatisation des grandes courses au large comme la Route du Rhum ou le Vendée Globe pour alerter le grand public.
Son bateau n’échappe pas à la mission qu’il s’est donnée. L'ancien ingénieur sait que la construction et le recyclage des voiliers pollue."Mon approche au niveau environnemental est de résonner sur l’emprunte carbone et les déchets. Dès le chantier du voilier, j’ai réfléchi à réduire son impact environnemental en intégrant par exemple des fibres de lin", détaille Stéphane Le Diraison.Quand je suis en mer, j’aime beaucoup voir mon bateau tel un petit morceau de continent, sur lequel je suis en autarcie. Je gère mon énergie, ma consommation d’eau, mes déchets.
"Sur la course, mon bateau fonctionne avec des énergies vertes, panneaux solaires, éoliennes, hydrogénarateurs. J’ai mené une très grosse réflexion sur les emballages, sur la gestion des déchets, la gestion de l’eau. Pour ma consommation en eau, je désale l’eau de mer. Pour désaler, il faut de l’énergie, et cette énergie je la produis grâce à des hydro-générateurs, donc des énergies renouvelables, et qui fonctionnent parce que le bateau avance avec des voiles. Et comme tout ceci donne des débits plus faibles que ce que l’on a à terre, alors je dois apprendre à vivre avec 6 litres d’eau par jour. C’est toute une boucle !", s'exclame-t-il.
"C’est la même chose pour l’énergie : sur mon bateau, l’énergie, je la produis, donc je ne peux pas la gaspiller. Cela fait prendre la mesure de tout ce qui est précieux. Tout comme la gestion des déchets, qui se prépare bien en amont, puisque tout ce que j’amène sur le bateau, je dois le garder pendant trois mois donc pas question d’avoir des emballages à profusion, des déchets gras que je laisserais trainer. Il faut qu’il y ait le moins d’emballage possible, et c’est aussi des choses qui peuvent être partagées avec le public", témoigne -t-il.
Convention avec l'Unesco
Stéphane Le Diraison, comme d'autres navigateurs engagés sur la course, a signé une convention avec l'Unesco et la classe Imoca. Son bateau a été équipé d'instruments de mesures de la témpérature des eaux en surface et de la pression atmosphérique. "Chaque balise, d'environ deux mètres de hauteur dérive librement en fonction des courants. Elle plonge à quelques mètres avant de remonter lentement à la surface en faisant ses mesures le long de la colonne d'eau. Elle reste à la surface une dizaine d'heures, transmet ses mesures via satellite, et replonge pour le cycle suivant. Les données sont en accès libre et peuvent être consultées par tout le monde, sans restriction", dit-t-il."Time for Oceans n’a pas la prétention de sauver le monde mais il peut apporter sa contribution à une prise de conscience sur la nécessité d’agir", répète convaincu Stéphane Le Diraison. Il souhaiterait que le monde de la voile s’approprie plus largement le sujet de l'environnement et qu'un jour, les critères environnementaux participent pourquoi pas, au classement général des skippers lors des courses au large.
Demain dimanche 8 novembre, les 33 skippers vont quitter le port des Sables-d-Olonne. Le départ est donné à 13 heures 02 et sera retransmis en direct sur France 3 à partir de 12h55.
Lundi 9 novembre notre page sportive du 12/13 présentée par Christian Mirabaud sera consacrée à la neuvième édition du Vendée Globe.