Plus de 20 % des actifs en Île-de-France sont des travailleurs immigrés. Ils occupent massivement des emplois "difficiles" mais "essentiels" dans le BTP ou les services aux particuliers, selon une dernière étude statistique de l'Insee.
1,25 million d'immigrés travaillaient dans la région en 2018, soit plus d'un actif sur cinq, selon une étude de l'INSEE parue jeudi. En proportion, c'est bien plus que le taux d'emploi de cette population dans d'autres régions, qui oscille entre 4 % en Bretagne ou en Normandie et 12 % en Corse.
"L'Île-de-France occupe une place particulière en matière d'emploi des travailleurs immigrés, ne serait-ce qu'en termes de volumes, puisqu'ils représentent 22 % de la population active de la région", soit deux fois plus que dans le reste de la France métropolitaine, résume pour l'AFP Mustapha Touahir, chef du service régional de l'Institut national de la statistique et des études économiques.
Une grande proportion en Seine-Saint-Denis
Ces travailleurs, qui se concentrent surtout en Seine-Saint-Denis, département le plus pauvre de métropole, sont pour moitiés originaires d'Afrique, essentiellement d'Algérie, du Maroc, d'Afrique centrale et subsaharienne, détaille l'Insee.
Ils sont "sur-représentés dans les emplois peu qualifiés, très difficiles, mais indispensables au bon fonctionnement d'un territoire", observe Mustapha Touahir.
Selon l'étude, plus de six aides à domicile, aides ménagères ou employés de maison sur dix étaient immigrés, en 2018. Ces derniers représentaient également près de deux-tiers de la main d'oeuvre totale des ouvriers du gros œuvre du bâtiment et des travaux publics.
Un cuisinier francilien sur deux était immigré et plus de quatre sur dix exerçaient comme agents de gardiennage et de sécurité (47 %), agents d'entretien (45 %) ou assistantes maternelles (43 %).
Des métiers "essentiels" en tension
Les travailleurs immigrés occupent des métiers qui se caractérisent "par des conditions de travail plus contraignantes que la moyenne", en termes d'efforts physiques, de tâches répétitives ou d'horaires et pour lesquels "les employeurs sont confrontés à des difficultés de recrutement", relève l'institut statistique.
"La tension de recrutement est source d'enjeux d'autant plus forts qu'il s'agit là, pour partie, de métiers-clés, dits essentiels (...). Certains ont même été en première ligne lors de la crise sanitaire, période pendant laquelle 76% des agents de propreté étaient immigrés", souligne encore l'Insee.
À l'inverse, cette main d'œuvre est largement sous-représentée parmi les cadres ou professions intermédiaires administratives (9%).
Des situations de déclassement
En Île-de-France, près de 40.000 travailleurs immigrés, détenteurs d'un diplôme attestant d'au moins cinq années d'études supérieures, occupent un emploi d'ouvrier ou d'employé selon l'Insee. Et seuls 56 % des immigrés détenteurs d'une licence accèdent aux professions intermédiaires ou supérieures. Pour les non-immigrés, ce taux est de 80 %
Avec AFP