Le Sénat va être renouvelé pour moitié, au suffrage indirect. Explications sur ce scrutin.
Gérard Larcher à la rencontre des grands électeurs
La campagne s'accélère pour le président sortant Gérard Larcher. Cet élu des Yvelines a rencontré hier soir les grands électeurs du Val de Marne. Gérard Larcher demande à la droite francilienne de se rassembler car les divisions internes pourraient bien faire perdre le sénat à l'UMP.
Le 25 septembre prochain, les grands électeurs sont appelés à voter pour élire 170 sénateurs, soit la moitié du Sénat. Tous les départements d'Ile-de-France sont concernés par cette élection partielle. 53 sièges sont à pourvoir dans cette région.
Voici le dossier de notre rédaction pour comprendre ce scrutin
Fillon à la rescousse (par Daïc Audouit)
Le Premier ministre a réitéré son soutien à la liste conduite par C. Jouanno aux sénatoriales à Paris.
A l'occasion d'une réunion au siège de L'UMP devant des grands électeurs parisiens, mardi 15 septembre, François Fillon en appelé au rassemblement et à l'unité derrière la Ministre des sports. Au-delà de la majorité au Sénat, l'enjeu est pour lui d'affirmer son autorité dans la perspective d'une éventuelle venue sur Paris pour les municipales de 2014.
Kamikazes
Avant vendredi, date de clotûre d'inscription des listes sénatoriales, la pression monte pour persuader Pierre Charon de se retirer, à défaut de l'isoler de ses soutiens.
François Fillon et Jean-François Copé à une même tribune, malgré leurs inimitiés : en genéral, cela signifie que la situation est grave. L'appareil de l'UMP met tout son poids dans la bataille.
A Paris, peut-être plus qu'ailleurs, comme le reconnait François Fillon. "Paris concerne le reste de la France et doit ainsi faire figure d'exemple en matière d'unité et de rassemblement" (citation d'un participant à l'AFP). Mais au-delà des discours, la réunion d'hier soir était l'occasion de se compter. Et de poursuivre l'intox sur le jeu des ralliements et des défections.
Et dans le camp Jouanno, on se félicitait hier. "Dans l'assisance, j'ai repéré une demi-douzaine de grands électeurs étiquetés Charon. J'ai aussi vu un conseiller de Paris, du soutien duquel se targue également Pierre Charon. Il a beaucoup applaudi au discours du Premier ministre", témoigne un partisan de Jouanno. Et d'égréner la liste des défections : Jean-François Legaret , maire du 1er, il y a deux semaines, François Lebel, maire du VIII ème dimanche. Comme le résume un autre soutien de Jouanno : "Charon est désormais un homme seul avec une équipe de kamikazes derrière lui".
Et selon ces deux témoins, la phrase inélégante de Charon sur Jouanno la semaine dernière ( "elle sera élue qu'elle soit sur un tatamis ou dans un lit" ) a beaucoup nui à son image auprès de grandes électrices.
Pression.
Comment réagissent les kamikazes ? Dès hier, Pierre Charon s'étonnait, faussement naïf, que le Premier ministre s'implique dans la campagne.
Mais il s'attendait aux pressions, en déposant la semaine dernière sa candidature en préfecture. Prudemment, il n'avait pas voulu rendre publics les noms inscrits sur cette liste afin que les personnes ne subissent pas de menaces.
Néanmoins,il semblerait que la liste ait fuitée auprès des tenants de la liste Jouanno. Et qu'ils jettent en pâture les noms lors de réunions auprès des militants UMP de la capitale. " On savait qu'on allait avoir droit au rouleau compresseur. Toute la République est contre nous. C'est qu'on doit déranger. Notre combat est juste" témoigne un partisan de Pierre Charon.
Pas question d'abandonner pour celui-ci. Toute la journée est consacrée à la vérification des documents administratifs liés à la liste. Profession de foi, métiers, adresses et renseignements sur les candidats. Il ne faut pas risquer l'invalidation à cause d'erreurs bêtes.
"C'est bien la preuve que nous sommes décidés à y aller. Bien sûr qu'il y avait des militants à nous avec Fillon. Mais c'était pour mieux nous faire remonter l'information". Bref, jusqu'à vendredi, c'est une grande partie de poker menteur.
Qu'en pense Gérard Larcher ?
Le Président du Sénat observe avec un léger agacement l'affaire. Il sait qu'à Paris, l'enjeu dépasse celui des sénatoriales. Il s'agit de l'autorité de Fillon sur la capitale. Chantal Jouanno est la candidate choisie par le Premier ministre. Celle avec qui il espère faire un ticket en 2014 pour les élections municipales dans la capitale.
Larcher aimerait bien que l'on ne confonde pas tout. "L'Ile-de-France et Paris feraient bien de prendre exemple sur ce qui ce passe dans les autres départements. Quand il y a plusieurs listes, ça peut être enrichissant quand cela correspond à une histoire électorale, à une tradition" - sous-entendu : ce n'est pas le cas à Paris - "Les égos sont respectables mais moi je suis pour l'alter" résume-t-il.
Gérard Larcher reconnait que la multiplication des listes "rend le résultat incertain" même s'il reste confiant sur le fait de garder une majorité au Sénat.
Il demande néanmoins toujours à Pierre Charon de se retirer. Pour des raisons mathématiques et pas de personne. Le président du Sénat s'inquiète qu'avec les récentes défections d'élus, Pierre Charon ne soit plus assuré d'obtenir un siège et qu'il permette à la gauche d'en gagner un.
Argument contesté par les partisans de Charon . "Vu les pressions, nos partisans ne le proclament pas sur la place publique. Mais isoloir peut rimer avec défouloir. Il faut que les hauts responsables de l' UMP comprennent que notre liste va ramener des voix qui ne se porteront jamais sur la liste de Chantal Jouanno" expliquent-ils.