Le directeur de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris a annoncé la réouverture de 400 lits d'ici la fin de l'année, présentée comme le résultat d'une politique de recrutement menée depuis janvier dernier. Bonne nouvelle pour l'hôpital public ou simple effet d'annonce ? Les organisations professionnelles dénoncent une "opération de communication".
"Nous allons atteindre l'objectif que nous nous étions fixé, de recruter 400 infirmières de plus cette année que l'année dernière", a déclaré Nicolas Revel, directeur général de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris lors d'une conférence de presse.
Serait-ce les premiers effets du plan dévoilé en janvier 2023 pour améliorer les conditions de travail du personnel hospitalier ? Pour expliquer ce regain d'attractivité, l'AP-HP nous renvoie à l'une des 30 mesures proposées : l'établissement public s'est engagé à doubler l'offre de logement pour son personnel.
Ces recrutements ne pallieront pas les départs. Le turn-over à l'hôpital se poursuit.
Astrid Petit, sage-femme, représentante CGT-Santé
Un plan auquel Astrid Petit, sage-femme au service d'hospitalisation à domicile de l'AP-HP et représentante CGT-Santé ne croit pas. Elle dénonce une "grosse opération de communication" autour de ces nouvelles embauches. Pour elle, le constat est beaucoup moins encourageant : "Les jeunes recrues partent souvent au bout de deux ans. Que le directeur réussisse à garder le personnel et mène une vraie politique de revalorisation. Ces recrutements ne pallieront pas les départs. Le turn-over à l'hôpital se poursuit."
L'AP-HP peut encore mieux faire puisque selon son directeur général des métiers restent en tension comme les manipulateurs radio, les infirmières de bloc ou encore les sages-femmes.
Des réouvertures de lits dans 13 hôpitaux franciliens
Selon la direction, ces recrutements vont essentiellement permettre la réouverture de lits : 300 dans les services de médecine, d'obstétrique et de chirurgie. Les cent autres seront réservés aux services de soins de suite et de psychiatrie. Mais serait-ce suffisant pour combler les manques de cette spécialité considérée comme le parent pauvre de la médecine en France depuis bien des années ? Selon les chiffres de l'AP-HP, le taux de lits fermés baisserait de 19% à 16,5%.
On propose de rouvrir des lits mais c'est en supprimant un poste d'infirmière
Pierre Schwob Tellier, infirmier de nuit et membre du collectif Inter-UrgencesFrance Info, le 21/09/2023
Pierre Schwob Tellier, infirmier de nuit et membre du collectif Inter-Urgences a déclaré sur France info "en chirurgie, on propose de rouvrir des lits mais c'est en supprimant un poste d'infirmière". Pour lui cela revient donc à avoir "davantage de patients avec moins de personnel". Dans certains services, "où il manque plus de la moitié des effectifs, on marche en grande partie avec les boîtes d'intérim et les vacataires".
Des propos confirmés par Astrid Petit, elle pointe également l'explosion des heures supplémentaires et la désorganisation des équipes avec des personnels "interchangeables, baladés de service en service". Selon elle, ces ouvertures de lits ne représentent pas grand-chose. L'AP-HP compte 18.000 lits répartis sur ses 37 établissements. Comme d'autres personnels, elle attend plutôt du directeur général "qu'il arrête le projet de fermeture des hôpitaux Beaujon et Bichat" qui provoquerait la suppression d'au moins 300 lits.
Les hôpitaux concernés par les réouvertures de lits / Source : AP-HP
Hauts-de-Seine
Hôpital Louis Mourier à Colombes : 11 lits service néonatologie
Hôpital Raymond Poincaré à Garches : 8 lits service neuro-vasculaire
Hôpital Ambroise Paré à Boulogne-Billancourt : 4 lits service de chirurgie vasculaire
Paris
Hôpital Tenon : 15 lits service des maladies infectieuses
Hôpital Lariboisière : 7 lits service de neurochirurgie
Hôpital Rothschild :15 lits service médecine physique et réadaptation
Val-de-Marne
Hôpital Bicêtre au Kremlin-Bicêtre : 29 lits service de médecine interne, 12 en neurologie
Hôpital Paul Brousse à Villejuif : 12 lits en soins de suite et réadaptation jeunes adultes
Hôpital Henri Mondor Créteil : 8 lits en service néphrologie
Hôpital Albert Chenevier à Créteil : 20 lits en psychiatrie
Seine-Saint-Denis
Hôpital Avicennes à Bobigny : 8 lits service chirurgie, 5 lits en chirurgie thoracique, 5 lits en chirurgie digestive, 5 lits service gériatrie aiguë, 10 lits en endocrinologie
Hôpital Réné Muret à Sevran : 6 lits en addictologies, 18 lits en gériatrie
Hôpital Jean Verdier à Bondy : 8 lits, service de médecine interne