La galère du RER B : quelles réponses aux dysfonctionnements ? L'association Plus de trains réagit

Retards à répétitions, interconnexion, engorgements dans le tunnel entre Châtelet et gare du Nord... Un rapport indépendant pointe les dysfonctionnements du RER B et propose des pistes d'amélioration. France 3 Île-de-France a posé trois questions à Arnaud Bertrand, président de l'association d'usagers Plus de trains.

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Yves Ramette, ancien directeur général de la RATP puis de SNCF Réseau Île-de-France a présenté ce mardi un état des lieux du fonctionnement du RER B, deuxième ligne la plus fréquentée d'Europe, à la demande d'Île-de-France Mobilités.

14 propositions ont été formulées concernant la ponctualité ou la gouvernance entre la RATP et la SNCF, c'est à dire, un centre de commandement unique pour les lignes B et D.
Autre mesures présentées, l'augmentation du parc de rames disponibles, en rénovant à minima le matériel roulant existant, et en améliorant l'efficacité d'un des deux sites de maintenance.

L'association d'usagers des transports en commun Plus de Trains réagit.

Quel est votre point de vue sur ce rapport ?

Arnaud Bertrand : Ça va dans le bon sens. Le constat est simple, c'est une ligne compliquée. Pour pleins de raisons mais surtout parce que trop d'acteurs s'y mélangent. Le RER B est géré au sud par la RATP, au nord par la SNCF, par Transilien… Et cela pose énormément de freins politiques et techniques. Le rapport le montre très bien et cela se voit dans les nombreuses propositions d'améliorations qui impliquent une meilleure coordination.

Yves Ramette pointe très bien qu'opérationnellement, cette multiplicité d'acteurs ne fonctionne pas. C'est un travail très professionnel, très technique. Mais en tant qu'usagers, nous voudrions les remuer.

A cela, nous, nous voulons juste répondre : pourquoi ne pas mettre tout ça dans les mains d'un même acteur ? C'est ce qui a été fait pour le RER A qui roulait à peu près aussi mal il y a 15 ans que le RER B aujourd'hui. Il a pu être remis sur pied grâce à un engagement dans la durée, notamment car il y a un décideur ultra majoritaire, la RATP. Sur le RER B, la prise de décision est aujourd'hui trop morcelée et ce sont les voyageurs qui le subissent. 

 

Le rapport propose 14 axes d'amélioration. Y a-t-il une proposition qui, d'après vous, sort du lot ?

AB : Il y en a une, en tout cas, qui est courageuse. Elle concerne le CDG Express. Nous alertons depuis la présentation du projet sur le fait qu'il va partager des voies avec le RER B et qu'il faut absolument clarifier très vite lequel des deux sera prioritaire. Entre un RER qui transportera 1 500 personnes et une navette de 150 places, la réponse est claire pour nous. Mais l'est-elle pour ceux qui vont la commercialiser, à 25€ le ticket contre 4€ en moyenne sur le RER ?

Dans son rapport, Yves Ramette écrit qu'il faut "garantir l'utilisation de la voie directe à la mise en service du CDG Express via la priorisation du RER B en situations perturbées". Nous sommes satisfaits qu'il mette en avant ce problème, qui est un vrai choix politique. Enfin, un acteur montre que l'enjeu va bel et bien se poser lorsqu'une voie sera interrompue et qu'il faudra décider qui passe le premier.

Son œil d'expert a bien décelé un débat bien camouflé depuis longtemps. Il faut lever les doutes sur ce sujet.

 

L'audit annonce qu'il permettra une progression d'un point de ponctualité si ces axes d'améliorations sont respectés. Pour vous, la promesse est-elle suffisante ?

AB : Quand on voit l'état du RER B, 1 point de ponctualité par an cela signifie que s'ils y arrivent, les gens verront vraiment des résultats dans 7 ans. Quand on est autour de 85% de ponctualité, ce n'est pas un point qui va améliorer la vie des voyageurs. Nous le voyons bien sur la ligne A et les lignes de Transilien de Saint-Lazare, c'est autour de 92 ou 93% que les usagers ne râlent plus ou peu. Par contre, c'est toujours mieux que rien.

Amorcer ces constats, mettre des solutions en œuvre, c'est une bonne chose. Nous, nous demandons une fusion d'entité pour gérer la gouvernance de cette ligne. Si cela se fait, il faudra du temps. Alors, en attendant, ces solutions peuvent être utiles, tout comme les rénovations d'infrastructure et du matériel le sont.

Ces derniers temps, les panneaux d'informations voyageurs sur les quais ont été rénovés sur la ligne. Mais la RATP l'a fait dans son coin, et la SNCF dans le sien. Ce ne sont même pas les mêmes ! C'est symbolique mais aussi symptomatique. Il faut absolument une gouvernance commune.

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