La région Île-de-France peut-elle sauver Alstom à Belfort ?

Le site d'Alstom Belfort, une ville dans la ville
Dans une interview radio, Alain Vidalies, ministre des Transports, sous-entend que c'est à la région Île-de-France de "sauver" le site Alstom de Belfort grâce à des commandes de nouveaux RER. Sauf que ce n'est pas la région qui décide du constructeur... et que ça ne concerne pas le site de Belfort.

Dans une interview radio, Alain Vidalies, ministre des Transports, sous-entend que c'est à la région Île-de-France de "sauver" le site Alstom de Belfort grâce à des commandes de nouveaux RER. Sauf que ce n'est pas la région qui décide du constructeur... et que ça ne concerne pas le site de Belfort.

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La région Île-de-France peut-elle sauver le site d'Alstom à Belfort par des commandes de trains RER ?

Duel Vidalies vs Beaudet

Tel est le sens de l'appel lancé par le ministre des Transports, Alain Vidalies, mardi. Il s'agit de l'appel d'offres de 3,5 milliards d'euros lancé par le STIF. "Si la réponse devait être en tout ou partie favorable à Alstom, on peut penser qu'une partie, au moins pour l'ingeniering, pourrait être affectée à Belfort. C'est le message qui est envoyé aujourd'hui par le gouvernement, à la fois à Asltom et à ceux qui décident du marché, en l'occurrence l'Île-de-France", explique le ministre

Il évoque également, le rôle que pourrait jouer la RATP en commandant des petites machines pour effectuer des travaux.

Ce matin, sur Europe 1, Stéphane Beaudet, vice-président en charge des transports à la région lui a répondu. "Alain Vidalies doit réviser ses fiches", a déclaré le maire de Courcouronne, rappelant que le site de Belfort ne produit que du fret et pas du transport voyageur et que c'est à la SNCF, donc l'Etat actionnaire, de décider de porter l'appel d'offres. "Il n'y a rien de pire que de se mêler d'un contrat en cours", estime Stéphane Beaudet qui juge le ministre en mode "communication pré-présidentielle". 

Belfort, ville du  TGV

Notre confrère de France 3 Franche-Comté Jérémy Chevreuil confirme les propos de Stéphane Beaudet. "Le site de Belfort produit du fret et les motrices TGV. Les difficultés du site proviennent avant tout des baisses de commandes de l'Etat sur le fret et le TGV", explique-t-il. Jérémy Chevreuil qui rappelle le symbole que représente le TGV dans la ville. La première motrice, qui date de 1972, trône fièrement aux abords de l'autoroute qui conduit à la ville. Tout le dossier Alstom est à suivre sur le site de France 3 Franche-Comté qui y consacrera une émission spéciale, samedi 17 septembre à 18 heures.

Des contrats ont été passés récemment entre le STIF et le consortium Alstom-Bombardier. Il s'agit entre autres de 10 trains type MIO9 pour la ligne A du RER (février 2015) ou de 12 nouvelles rames de métro type MF01 (octobre 2014).  A chaque fois, comme le site internet d'Alstom le précise, la production se fait sur le site de Valenciennes avec le concours de cinq autres sites (Le Petit-Quevilly, Ornans, Le Creusot, Tarbes et Villeurbanne). A aucun moment, il n'est question de Belfort. Quant au tramway, la production est assurée sur le site de La Rochelle. 

Sauf à ce qu'Alstom réorganise totalement sa répartition territoriale de production, les commandes présentes et à venir de la région Île-de-France ne concernent pas le site de Belfort. En tout cela représente 7,1 milliards d'euros pour 830 rames de RER, métro ou tram.

La SNCF lance l'appel d'offres

Retour sur les contrats à venir. La somme de 3,5 milliards d'euros évoquée par Alain Vidalies correspond à l'appel d'offres pour 240 rames de RER nouvelles générations à destination des lignes D et E. Pour une telle somme, l'appel d'offres est lancé au niveau européen. Si c'est le STIF qui a rédigé le cahier des charges (nombre de sièges passagers, grandeur des toilettes, etc. etc.), c'est la SNCF, donc l'Etat son actionnaire, qui attribuera le marché et désignera la vainqueur.  

Stricto sensu, l'Île-de-France ne décide donc pas du marché. "Personne ne peut savoir qui va remporter l'appel d'offres", explique Jonathan Kienzlen, le spécialiste transports du groupe PS, qui regrette "que les administrateurs du STIF ou les élus n'aient pas été associés aux critères". L'élu du Val-de-Marne rappelle que ce contrat a été engagé sous l'ère de Jean-Paul Huchon, prédécesseur de Valérie Pécresse

La maladresse de Vidalies

C'est le troisième appel d'offres lancé sur ce dossier. Les deux précédents ont été déclarés infructueux. Officiellement, au vu de l'extrême complexité technique du dossier. Officieusement, parce qu'Alstom ne l'aurait pas emporté. Pour nombre d'observateurs, l'appel d'Alain Vidalies à une forme de "patriotisme économique" est extrêmement maladroit concernant un appel d'offres soumis aux lois européennes d'une concurrence libre et non faussée. 

"Le gouvernement est en train de fragiliser Alstom et la SNCF en donnant des injonctions sur un dossier en cours", juge l'écologiste Pierre Serne, ancien vice-président en charge des transports à la région Île-de-France. CAF, le concurrent espagnol d'Alstom, aurait déjà toutes les cartes en main pour contester en justice une éventuelle décision favorable à l'entreprise française.

Pécresse ironise

Ce matin, invitée de BFM, Valérie Pécresse préfère répondre sur le terrain politique, en dénonçant les baisses des dotations de l'Etat aux collectivités. "C'est ironique mais l'Etat aujourd'hui appelle au secours les régions après leur avoir coupé les vivres. L'Etat passe son temps à dire qu'on ne sert à rien, qu'on doit faire des économies et à nous enlever les moyens financiers pour agir", déclare la président de la région. 

Elle est rejointe par le groupe communiste de la région Île-de-France qui publie un communiqué. "La SNCF doit arrêter de tergiverser et passer cette commande au plus vite. Elle doit choisir des entreprises capables d’assurer des rythmes de livraison élevés, soit 70 rames RER par an. Cela sera bon pour les usagers, qui en bénéficieront plus vite, et bon pour l’industrie du matériel ferroviaire qui aura du travail", est-il écrit..

"Mais évidemment, le STIF et les opérateurs doivent avoir les moyens d’acheter ces matériels utiles. L’Etat se doit d’accorder enfin les moyens financiers nécessaires au STIF pour ne pas que ces acquisitions se répercutent dans des hausses vertigineuses de prix pour les usagers", poursuit le texte des élus Front de gauche.
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