L'avenir du site du fort de Vaujours, ancien site expérimental du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA), désaffecté depuis 1997, s'est invité dans la campagne électorale pour les municipales, sur fond de soupçons de contamination radioactive.
A Vaujours, commune du Nord de la Seine-Saint-Denis, limitrophe de la Seine-et-Marne et du Val-d'Oise, comme dans les communes environnantes elles aussi concernées, personne n'est surpris. Car l'affaire n'est pas nouvelle. Le fort de Vaujours, vestige des forts édifiés pour la Défense de Paris à la fin du 19ème siècle, a été utilisé de 1955 à 1997 par le Commissariat à l'Energie Atomique, le CEA, comme site d'expérimentation et de mise au point de détonateurs d'armes atomiques. A ce titre, évidemment, des matières radioactives sont passées sur le site pendant de nombreuses années.
A partir de 1997, le site a été désaffecté, l'armée a quitté les lieux. En 2010, une grande partie du site a été racheté par la société BPB Placo, une grosse société qui fabrique le "Placoplâtre", mais surtout exploite déjà, dans le secteur, plusieurs carrières de gypse, abondant dans la région et matériau de base pour la fabrication du plâtre. BPB Placo a en projet de faire une carrère des 35 hectares ainsi achetés pour en extraire du gypse. Bien sûr, après études et travaux de nettoyage du site. Des études, explorations et nettoyage qui ont déja commencé.
Mais le site inquiète les riverains depuis longtemps : que sont devenus les résidus et déchets radioactifs après le départ du CEA. Le site a-t-il été convenablement nettoyé? Beaucoup en doutent. Et au premier rang d'entre eux un collectif d'associations locales baptisé "Sauvons la Dhuis" (la Dhuis est une rivière locale qui fait partie du bassin de la Seine). Ces associations réclament depuis longtemps davantage de transparence du dossier du fort de Vaujours. Elles entendent faire toute la lumière sur l'état de pollution (ou non) du site. Et depuis quelques jours, le collectif fait circuler en ligne une pétition qui réclame "la vérité sur la radioactivité et les pollutions du fort de Vaujours". La pétition a déja recueilli 60 000 signatures. Le collectif dénonce un taux qu'il affirme anormalement élevé de cancers dans la zone.
Reportage Alexandra Marie et Mathieu Caillaud