Des locataires du bailleur Valophis dénoncent "une hausse de charges injustifiée", pour des logements "mal entretenus et insalubres". Un combat soutenu par la mairie de Trappes dans les Yvelines.
"Il y a des problèmes d’humidité, les ascenseurs ne fonctionnent presque jamais, les portes sont cassées et on cohabite même avec des rats et des cafards. C’est inhumain." Voilà le portrait que dresse Ramata Traoré des immeubles de son quartier, tout près du square Maurice Thorez à Trappes.
Elle habite ici depuis 2009. Et selon cette vice-présidente d’un collectif de locataires (CLVT), ces problèmes ne sont pas nouveaux et concernent de nombreux autres bâtiments de la commune, tous gérés par le même bailleur social, Valophis.
Avec son association, ils ont essayé de contacter le groupe, plusieurs courriers ont été envoyés, restés sans réponse. "On n’en dort plus la nuit, on se sent lésés, pas écoutés, méprisés", raconte-t-elle. "On a la sensation d’être volés parce qu’on paye, mais rien n’est fait pour améliorer nos conditions de vie qui sont difficiles."
Des factures d'eau deux fois plus élevées
A cela vient s’ajouter une forte hausse de charges. Leurs factures d’eau chaude vont passer du simple au double l’an prochain, de 11 euros le mètre cube à plus de 22 euros. Des montants qui cristallisent la colère des habitants.
On veut comprendre pourquoi c’est si cher. Tout ce qu'on demande, c'est d’être respectés et de vivre dans des logements décents
Ramata Traoré
Face à cette situation, le collectif a décidé d’aller manifester devant le siège de Valophis le 17 décembre prochain, alors que se tiendra l’assemblée générale du groupe. La municipalité de Trappes soutient cette initiative et affrétera des bus afin de permettre à tous les locataires mécontents de s’exprimer.
C’est après avoir reçu des messages dizaine de Trappistes exprimant leur désarroi que la commune a souhaité agir. "Nous n’avons pas de soucis avec les autres bailleurs de la ville. Avec Valophis en revanche, on trouve systématiquement porte close. Ce bailleur procrastine et remet toujours à plus tard les investissements. Ils ont un comportement indigne de leur nature sociale", selon Ali Rabeh, maire de Trappes (Génération.s).
L’élu dénonce notamment un défaut d’entretien global, qui pourrait expliquer aussi cette augmentation de charges. "Valophis n’optimise pas le système, rien n’a été fait sur l’isolation, sur l’entretien des chaudières… La dernière fois qu’ils ont investi pour leurs logements, c’était en 2011." Et le maire de préciser : "nous irons jusqu’aux tribunaux s’il le faut pour faire valoir les droits des locataires en contentieux juridique. Nous avons un nombre de dossiers d’insalubrité important qui pourrait le justifier."
2 600 logements concernés
Pour un autre collectif de locataires, cette manifestation serait prématurée. Abdeldjebbar Djia est trésorier de l’association de défense des locataires (ADLT) et représentant élu au sein du conseil d’administration de Valophis. "Nous échangeons depuis 12 ans avec Valophis, ce n’est pas notre ami mais ce n’est pas notre ennemi non plus", raconte-t-il. "Oui, il y a des soucis d’insalubrités, il y a eu peu de rénovations. C’est difficile pour les locataires et améliorer leur quotidien reste notre cheval de bataille. Mais malheureusement, le temps du bailleur n’est pas le temps du locataire."
Abdeldjebbar Djia épluche actuellement les cahiers de charges, à la recherche d’éventuelles anomalies. "Si le bailleur a mal compté, il devra rembourser les locataires. S’il a mal négocié ses contrats, il devra participer à la facture", selon le trésorier de l’association. "Mais pour l’instant, aucun élément n’indique de fautes." L’ADLT souhaiterait que la ville voit ce bailleur comme un partenaire, "pour des négociations futures avec la région, le département ou même l’État pour demander plus de subventions à l’avenir par exemple."
De son côté, le groupe Valophis, qui gère 2 600 logements à Trappes via sa filiale Sarepa, se défend de tout manquement. "On a réalisé beaucoup de travaux depuis 2004. Nous sommes scrutés, les factures, la façon dont on travaille, tout est régulièrement contrôlé par des organismes de l’habitat et nous n’avons jamais été mis en cause" relate Farid Bouali, directeur général de Valophis.
Quant à la hausse importante des factures d’eau chaude, il l’explique par la hausse nationale des coûts de l’énergie et l’inflation. "Dans ces appartements, l’eau est chauffée grâce à du gaz. Il n’aura échappé à personne que cette énergie a fortement augmenté ces deux dernières années. Cela a donc pris des proportions importantes".
Le directeur général dénonce par ailleurs "une opération de communication de la part de la mairie" de Trappes. "C’est la première fois que l’on voit une ville monter des locataires contre un bailleur. Il existe deux associations de locataires élus, qui siègent au sein de notre conseil d’administration et nous leur répondons toujours en temps et en heure", conclut-il. Le bailleur promet par ailleurs à ses locataires d’étaler les régularisations de charges tout au long de l’année 2025.