À Belsunce, des habitants se plaignent de l'état de grandes dégradations d'un immeuble détenu par le bailleur social Adoma. Ils sont notamment gênés par la présence d'usagers de drogues dans la cage d'escalier de la résidence.
"C'est un véritable enfer". Cela fait dix ans qu'*Adam réside dans un immeuble détenu par le bailleur social Adoma situé à Belsunce dans le 1er arrondissement de Marseille. Pendant tout ce temps, Adam s'estimait heureux de vivre dans l'hyper-centre de la ville. Depuis, l'homme a déchanté. Depuis un an, cet habitant des lieux constate une nette dégradation de la cage d'escalier de son immeuble.
Un état insalubre des communs
Excréments, seringues, préservatifs usagés, cigarettes, détritus… Des vidéos et photos consultées par France 3 Provence-Alpes font état d'un bâtiment dans un état important de délabrement.
Régulièrement, Adam déclare avoir été témoin de scènes de prises de drogues dures en plein dans la cage d'escalier : "Ils se piquent et peuvent devenir agressifs lorsqu'ils sont surpris par un des résidents".
"J'ai été menacé avec un couteau"
La cause de cette dégradation ? La porte d'entrée de l'immeuble qui est régulièrement défectueuse, ce qui facilite les passages au sein de la résidence. Adam reproche au bailleur social de ne pas effectuer les réparations nécessaires pour la porte : "Le bailleur est bien intervenu, mais ce n'est pas suffisant. Il faut accompagner la porte pour la fermeture et la bloquer quelques secondes pour s'assurer qu'elle soit bien fermée, tout le monde n'a pas cette patience", déclare-t-il.
Cette porte ouverte permet toutes les exactions au sein de la résidence. Ainsi, Adam témoigne de la présence de personnes ayant "des rapports sexuels au sein de son immeuble" et d'un état de saleté constant : "Cela va faire un an que la femme de ménage n'est pas venue", rapporte-t-il.
Désormais, l'habitant craint pour son intégrité physique et mentale. Il déclare avoir été agressé par des usagers de drogues : "L'un d'entre eux m'a déjà menacé physiquement avec un couteau. On m'a déjà brandi un cutter. Je ferme la porte de chez moi et je ne suis pas tranquille".
Cette situation pesante le pousse à fuir son domicile. Il se rend régulièrement chez un ami pour trouver un peu de repos. Ce dernier l'accompagne chez lui pour qu'il puisse rentrer en sécurité : "Entre la drogue, la violence et la saleté, ces conditions de vie sont justes insupportables", témoigne son ami.
La mairie de secteur au courant
Adam déclare avoir signalé sa situation auprès de son bailleur sans que l'état du bâtiment ne change réellement hormis des réparations mineures sur la porte d'entrée.
Il a également déposé une plainte auprès de la police. Il estime la démarche vaine : "ça ne servait à rien, la police est à 100 mètres, je ne comprends pourquoi ils ne viennent pas faire des rondes ?", s'interroge Adam.
Le bailleur confirme être au courant de la situation et avoir "effectué des travaux sur la porte". Des éléments de confirmation sont en cours de transmission.
La mairie du 1ᵉʳ et 7ᵉ arrondissement a également été mise au courant de la situation de la résidence. Un signalement a été effectué auprès du bailleur et l'état du bâtiment a été évoqué lors d'un groupe de partenariat opérationnel entre différents acteurs à l'instar de la métropole ou de la police, rapporte une source de la mairie du 1ᵉʳ et 7ᵉ arrondissement.
D'autres plaintes dans le quartier
La situation d'Adam n'est pas un cas isolé dans le centre-ville de Marseille. *Sarah, mère de trois enfants, est propriétaire d'un appartement dans une résidence près de la gare Saint-Charles. Elle déclare vivre un calvaire, notamment à cause des usagers de drogue : "Ils s'installent devant l'entrée de garage avec des matelas et des cartons et ils consomment des drogues dures".
D'après Sarah, les consommateurs ont été chassés des lieux une fois par la police. Une accalmie qui durera le temps de l'été : "Ils sont de retour, soupire Sarah. Désormais, on va devoir se cotiser pour faire avancer le portail qui permet d'accéder au garage", rapporte-t-elle. Des plaintes ont été déposées régulièrement auprès des services de police.
Quid de la salle de shoot ?
Les plaintes répétées autour des usagers de drogues dans cette zone de Marseille relancent le débat sur l'emplacement d'une salle de consommation à moindre risque. Adam est formel à ce sujet : "Je préférerais mille fois qu'ils aient une salle même au sein du bâtiment plutôt qu'ils soient en plein milieu de la cage d'escalier".
"Je comprends qu'ils soient dans un grand état de précarité et de dénuement, mais on ne peut pas vivre dans le danger non plus", poursuit-il.
En 2023, Marsactu révélait le refus de la mairie de secteur d'installation une salle de consommation à moindre risque. Dans un droit de réponse donné à Marsactu, la maire des 1/7;, Sophie Camard précise avoir été informée à l’été 2022 d’une potentielle implantation de la salle de shoot en bas des escaliers de la gare Saint-Charles. Elle motivait alors le refus par l'emplacement de la potentielle salle qui était “en cours de classement patrimonial, en pleine requalification et en plein projet de nouvelle gare Saint-Charles, avec de très grandes contraintes de confort et de sécurisation à cet endroit”.
Contactée par France 3 Provence-Alpes, la mairie déclare aller dans le sens d'un plus grand accompagnement des usagers dans le secteur : "On a acté d'un partenariat avec le centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues pour faire plus de médiation. Nous avons également contacté l'Agence régionale de santé pour que ces acteurs puissent obtenir des moyens supplémentaires".
*Les prénoms ont été modifiés à la demande des interlocuteurs