"Salle de shoot" : on vous explique le casse-tête de la ville de Marseille pour trouver un local en 7 actes

Une initiative portée par la Ville de Marseille à partir de 1995, trois locaux trouvés par les associations et les municipalités successives, et pourtant le projet reste au point mort. France 3 Provence-Alpes vous explique en sept actes la difficulté pour la Ville de trouver une structure adaptée.

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Depuis 1995, le projet d'ouverture d'une "salle de shoot", appelée également "halte soins addictions" (HSA), est à l'étude par les différentes municipalités de Marseille. Suite à une pétition mise en ligne le 12 septembre pour l'ouverture d'un local à destination des consommateurs de drogues à Notre-Dame de la Garde, le débat est relancé mi-octobre par les élus et acteurs locaux porteurs du projet. France 3 Provence-Alpes revient en sept actes sur le projet d'ouverture d'une "salle de shoot" à Marseille.

Acte 1 : un rapport favorable pour l'ouverture d'une salle de shoot en 2012

En juin 2012, le projet se concrétise. Un comité d'experts marseillais rend un rapport favorable sur l'ouverture de salles de consommation de drogue dans trois quartiers de la ville : la gare Saint-Charles, Sainte-Marguerite et dans les quartiers nord. 

L'objectif est de proposer des lieux où les 5 000 toxicomanes recensés dans la cité phocéenne pourront se "shooter" sous contrôle médical pour limiter les risques de transmission de maladies et réduire l'insécurité dans les rues. Cette initiative, la première en France, finit par être avortée.

Acte 2 : le projet relancé à l'hôpital de La Conception en 2018

Après l'ouverture de "salles de consommation à moindre risque" (SCMR) à Strasbourg et Paris en 2016, Marseille réfléchit à nouveau à ouvrir une structure en 2018. L'initiative est portée par le gouvernement qui décide en juillet de modifier les conditions d'ouverture. Désormais, la durée minimum d'ouverture d'un lieu dédié aux toxicomanes passe de trois à un an. Jean-Claude Gaudin se dit alors à nouveau favorable "à condition que l’Assistance publique Hôpitaux de Marseille accueille la structure", précise Patrick Padovani, son adjoint à la santé.

La mairie réfléchit donc à un lieu d'accueil et sélectionne un local de l'hôpital de la Conception, situé dans le 5ᵉ arrondissement de Marseille. Il doit ouvrir avant l'été 2019. Les riverains et élus de la droite se mobilisent contre cette ouverture. "L'expérience de Paris ou Strasbourg a démontré que les conséquences sont désastreuses pour l'environnement immédiat de ces lieux où la délinquance liée à la toxicomanie explose", argumente sur X (anciennement Twiter) la présidente du Département et de la Métropole, Martine Vassal. Le projet est finalement abandonné par Jean-Claude Gaudin.

Acte 3 : le Printemps marseillais remet le sujet sur la table en 2023

Dans son programme, le Printemps marseillais porte à nouveau l'initiative. Les discussions concernant le lieu d'installation n'accueillent toujours pas un consensus. L'association Asud Mars Say Yeah, œuvrant pour la réduction des risques liés à l'usage de la drogue et la prévention, envisage l'ouverture d'une structure à la gare Saint-Charles dans le 1ᵉʳ arrondissement. La maire de secteur, Sophie Camard, s'y oppose pour des raisons logistiques selon elle.

Acte 4 : un nouveau lieu trouvé au 110 boulevard de la Libération

L'association Asud Mars say yeah jette son dévolu sur un nouveau lieu au 110 boulevard de la Libération, dans le 4ᵉ arrondissement. La mairie l'annonce le 13 octobre 2023. Appelé désormais halte soins addictions (HSA), le local est une ancienne école d'ingénieurs. Mais cette annonce suscite à nouveau l'inquiétude et la mobilisation des riverains et élus de droite. Au même moment, les problèmes de consommations de drogue en pleine rue s'amplifient, une crèche dans le 1e arrondissement est contrainte de fermer partiellement début octobre à cause des problèmes de sécurité liés au trafic de drogue. L'Université d'Aix-Marseille ferme temporairement, à son tour, son site à Colbert ce même mois, "faute de pouvoir assurer leur sécurité", annonce son président, Eric Berton.

Acte 5 : abandon du projet après un avis défavorable de l'État 

Les services de l'État émettent un avis défavorable au projet du 110 boulevard de la Libération, trop de points ne correspondent pas au cahier des charges. Suite à un comité de pilotage réuni le 17 janvier, avec la Ville et les représentants du ministère de la Santé et de l'Intérieur. "Le lieu proposé ne faisait pas suffisamment consensus pour que l’expérimentation puisse se faire dans les meilleures conditions, précise Christophe Mirmand, préfet des Bouches-du-Rhône, jeudi 18 janvier. Il a été pris acte de cette opposition pour proposer non pas de remettre en cause le principe même de la halte soins addictions, mais de poursuivre la réflexion sur ses modalités de fonctionnement et sur son implantation. C’est un travail qui va se poursuivre dans les mois à venir pour concilier les enjeux de santé et de sécurité." Le projet est donc finalement abandonné.

Acte 6 : une fausse pétition relance le débat

Le 12 septembre dernier, un faux collectif se réclamant ,"catholiques et pratiquants à Notre-Dame de la Garde" met en ligne une pétition pour ouvrir une HSA au pied de la Bonne Mère. Celle-ci recueille plus d'une centaine de signatures. Seulement, le diocèse de Marseille affirme n'avoir jamais été au courant de l'idée et réfute toute possibilité d'ouverture.

Les réactions sont vives du côté de la gauche et de l'extrême droite. Hassen Hammou, porte-parole d'Europe écologie les verts (EELV) explique à France 3 Provence-Alpes ne pas être à l'origine de l'initiative, mais souligne, "être satisfait que le débat soit remis sur le devant de la scène". L'extrême droite réagit et lance une contre-pétition pour que la basilique reste un lieu de culte et qu'il est nécessaire de "respecter les dimensions religieuses, culturelles et touristiques".

Acte 7 : un nouveau lieu à prévoir dans le futur ?

Michèle Rubirola, première adjointe à la mairie de Marseille et travaillant sur les questions de santé publique, nous confirme à son tour ne pas être mêlée à cette initiative. Elle aussi est satisfaite que le débat soit relancé, en raison de la paupérisation et de l'augmentation de consommateurs en ville. L'élue précise aussi que la municipalité et les acteurs locaux, porteurs du projet d'une salle de consommation, réfléchissent à un nouveau local dans le centre-ville dans le futur.

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