En cette veille de déconfinement, une association de solidarité internationale basée dans les Yvelines a donné un millier de masques lavables et des centaines de livres.
"Oh, ils sont beaux !" Leila, mère de 3 enfants, est ravie des deux masques en tissu lavable qu’elle vient de recevoir gratuitement au Val Fourré. Juste après elle, c’est Rouguy, 23 ans, qui se réjouit. "Après 2 mois de chômage partiel, je reprends enfin le travail lundi, dans une boutique de Poissy", explique la jeune femme, sourire au visage et masques à la main. "Je pourrai prendre les transports à Mantes-la-Jolie sans risquer une amende de 135 euros parce que je ne porte pas de masque. C’est sympa !"
1 000 masques distribués en 2 heures
Ce samedi 9 mai, au pied des cités, le cœur du Val Fourré fourmille de badauds en pleine discussion et d’habitants en file indienne devant les magasins d’alimentation. A quelques heures de la rupture du jeûne du Ramadan, l'endroit est stratégique pour distribuer des masques à ceux qui n’en ont pas.En 2 heures, les bénévoles de l’association CASE (Culture, Art, Santé et Environnement) ont distribué sans relâche près de 1 000 masques lavables, cousus avec du tissu africain. "Comme les bénévoles sont souvent originaires du Sénégal ou d’Afrique sub-saharienne, je me suis dit qu’ils feraient de jolis modèles avec ces tissus destinés à faire des boubous et qu’ils seraient fiers de les donner", explique Pierre Rousseau masque blanc attaché sous ses grands yeux bleu ciel. Le président et fondateur de l'association, propose aussi quelques masques unis, blancs ou beiges, "aux normes AFNOR!" (Association française de normalisation qui indique comment réaliser des masques respectant des critères de protection), précise le jeune retraité.
A 63 ans, l’homme qui a monté cette opération solidaire, est un passionné d’Afrique. Pierre Rousseau a vécu 10 ans au Sénégal. Forcément, une partie de lui est resté là-bas. Depuis, cet habitant de Villennes-sur-Seine (78) à la chevelure aussi blanche que désordonnée aide, comme il peut, tous ceux qui ont un lien avec son pays de cœur. Après avoir monté l’association CASE et envoyé des dizaines de milliers de livres (essentiellement scolaires) au Sénégal, il a voulu contribuer à sa manière à la lutte contre le coronavirus." De rien Madame, c’est mon devoir ! "
"Mon objectif, est d’inciter les gens à porter des masques pour protéger les autres", explique-t-il d’une voie légèrement étouffée par le filtre du tissu. Une femme voilée, masques à la main, le remercie. "Je vous en prie Madame, c’est mon devoir". Un devoir ? "Oui, je pense que c’est un devoir d’être solidaire avec son prochain, de se demander de quoi il aurait besoin."
Quelques jours après le début du confinement, cet ancien directeur commercial est allé chercher des couturiers d’Afrique Sub-saharienne dans les foyers Sonacotra des Yvelines. Il leur a fourni des machines à coudre, du tissu, du fil et des élastiques pour mener à bien son projet. Il ne sait pas combien il a déboursé, ce qui lui importe c’est le résultat.
Pas si compliqué de coudre un masque !
Amadou Dembélé a rencontré Pierre Rousseau il y a seulement dix jours. Dans sa petite chambre du foyer Soundiata du Val Fourré, ce Mauritanien a cousu des dizaines de masques qu’il a distribué au départ dans son foyer, à ceux qui n’ont rien. En voyant la file ininterrompue devant le stand, il se réjouit de pouvoir équiper gratuitement d’autres habitants de la ville. "Je suis heureux d’aider les gens à ne pas se contaminer entre eux". Et coudre un masque finalement, n’est pas si compliqué. "On prend un carré de 20 cm, on le plie avec un fer à repasser puis on froisse les côtés pour coudre l’élastique", explique Amadou Dembélé. En 20 minutes, c’est fait !Le but de Pierre Rousseau c'est bien cela, être une petite goutte au milieu d’un océan d’entraide. "Beaucoup de personnes ont une machine à coudre inutilisée. Si elles ne peuvent pas s’en servir, faute de temps ou de connaissance, elles peuvent la confier à quelqu’un qui saura coudre des masques. Car finalement, c’est sans doute l’une des meilleures protections."
Et comme si donner des masques ne suffisait pas, Pierre Rousseau est venu avec des centaines de livres qu’il ne peut pas envoyer au Sénégal en raison du confinement. Chaque habitant pouvait donc repartir avec quelques livres. "Une super idée, insiste Maridet l’écharpe enroulée autour du visage en attendant de laver à 60°C son nouveau masque, car la lecture, c’est la liberté !"
L’aventure ne s’arrête pas là. La dizaine de bénévoles continue la couture, en raccourcissant son tissu et ses élastiques pour un public enfant. Car les masques chirurgicaux proposés par beaucoup de mairie sont prévus pour les adultes. De nouvelles distributions dans les quartiers populaires seront alors proposées.
Pour en savoir plus : https://www.casefr.org/