Ce dimanche 28 juin les électeurs de 239 communes votaient en Ile-de-France. A la sortie des urnes, les écologistes remportent cinq mairies dans la région, une percée qui dénote un changement de cap.
Jusqu’à présent seule la ville d’Arcueil était dirigée par un maire avec étiquette Europe Ecologie Les Verts en Ile-de-France. A l’issue du second tour de ce 28 juin, quatre communes sont venues se rajouter à la liste. Au total cinq villes enregistrent une victoire nette dans la région : Andrésy, Arcueil, Colombes, Savigny-sur-Orge et Villiers-sur-Orge. A Chaville (Hauts-de-Seine) c’est l’alliance entre l’écologiste David Ernest et le maire sortant Jean-Jacques Guillet qui s’est soldée par une victoire. Enfin à Paris, l’union entre Anne Hidalgo et le vert David Belliard a permis à la maire sortante un report de voix de plus de 10%.
Si en Ile-de-France on ne peut parler de véritable raz-de-marée, l’avancée d’EELV dans la région s’inscrit dans un contexte national où il y a eu une véritable vague verte. "C'est au-delà de nos espérances, commente Eva Sas la porte-parole d’EELV. Ces résultats traduisent un besoin d'écologie qui irradie la société française. En Ile-de-France, les habitants sont confontés à plusieurs problèmes tels que la pollution, les nuisances sonores et aériennes, du coup la question de l'écologie prend tout son sens. Les électeurs adhèrent de plus en plus à notre vision de la ville, qui a le mérite d'être courageuse et cohérente. Nous prônons une ville végétalisée, dans laquelle on privilégie la mobilité douce et active. Si des candidats de gauche intègrent ces points dans leurs programmes, cela reste des projets noyés au milieu d'autres. EELV met l'écologie au cœur de son engagement".
Arcueil refait confiance à Christian Métairie
A Arcueil, Christian Métairie est parvenu à garder la municipalité avec une avance confortable de 51,16% face à son concurrent Benoit Joseph Onambele, le candidat soutenu par LREM et Modem (48,83%).Le maire sortant avait axé sa campagne sur le cadre de vie, en promettant d’arrêter de « consommer des espaces non construits ». La transition écologique était au cœur de son projet pour les six prochaines années. Sur les transports, Christian Métairie affirme que ses choix suivraient la hiérarchie suivante : piétons, transports en commun puis véhicules individuels. Enfin en ce qui concerne les finances locales, Christian Métairie a promis une stabilité de la fiscalité et un endettement maîtrisé tout en expliquant que les prochains exercices allaient être difficiles avec la baisse de la dotation globale de fonctionnement et la suppression de la taxe d’habitation. Des engagements qui ont convaincu une majorité d’Arcueillais.
Le Val-de-Marne compte une autre ville qui a fait le choix de l'écologie : Andrésy. La commune de 13 000 habitants a plebiscité Lionel Wastl (44,97 %) devant la candidate divers droite Virginie Muneret (40,28 %) et Denis Faist qui a obtenu 14,73 %. "Les électeurs ont récompensé l'expérience, la cohérence et le volontarisme de nos candidats, face à des baronies de droite qui avaient parfois démérité", décrypte le parti.
Victoire historique à Colombes
Ainsi dans les Hauts-de-Seine, la liste d’union EELV/PCF/PS/G.s. menée par Patrick Chaimovitch a réussi le double exploit de faire rebasculer la ville de Colombes à gauche et de battre la maire sortante Nicole Goueta (LR). A 82 ans elle briguait un troisième mandat. L'écologiste a obtenu 53,20% des suffrages, 1253 votes de plus que la candidate LR. Face à une foule en liesse Patrick Chaimovitch a été porté par ses supporters.Ce soir belle victoire de la gauche à #Colombes - bravo à eux d'avoir redonné l'espoir à toute une jeunesse et à toute une ville ! pic.twitter.com/xBIKAkcGti
— BERNIER Christophe (@BernierChri) June 28, 2020
Des scènes dignes d’une victoire de coupe du monde. En contraste avec l’atmosphère austère du côté de Nicole Goueta, qui a affirmé qu’elle ne siègerait pas au prochain conseil municipale.
EELV conquiert deux communes dans l’Essonne
Enfin Savigny-sur-Orge et Villiers-sur-Orge ont tous deux basculé du côté vert. Arrivé en tête lors du premier tour Jean-Marc Defrémont (EELV) a transformé l’essai dimanche soir en obtenant 33,92% des suffrages. Il pousse vers la sortie Eric Mehlhorn (LR) qui a récolté 26,28% des voix. A 12 km de là, à Villiers-sur-Orge, Gilles Fraysse (EELV) a remporté une victoire écrasante face à François Dhondt avec 24 points d’avance sur son adversaire."Les électeurs ont bien compris que le geste citoyen ne suffit pas, qu'il faut l'inclure dans une politique collective plus globale. C'est notre mission. Maintenant nous devons prouver l'apport de l'écologie dans la vie des français", anticipe Eva Sas.
Si l'avancée des écologistes est certaine pour la sociologue et spécialiste de l'écologie politique Vanessa Jérome, les résultats sont globalement "en deçà des attentes au vu de tout ce qui s'est passé avant la crise sanitaire". La politologue reconnaît qu'en France "il n'y a jamais eu autant de listes EELV, ni autant de têtes de liste EELV, mais dans la plupart des cas c'est l'union des gauches qui a gagné": "Dans un contexte d'urgence climatique, avec une génération climat fortement mobilisée, un confinement qui a été extrêmement rude en Ile-de-France et le lien avéré entre la crise climatique et la crise sanitaire, on aurait pu s'attendre à une plus forte vague écologiste. Ce que le covid a révélé c'est qu'il y a des enjeux sociaux - avec des besoins certains en terme de services publics - et des enjeux environnementaux. Mais dans cet ordre là, c'est-à-dire d'abord le social et ensuite l'urgence climatique".
Comme Eva Sas, Vanessa Jérome s'accorde pour dire que la prochaine étape sera de prouver que les écologistes sont en mesure de gouverner: "il faut regarder quelle sera la composition des conseils municipaux parce qu'il est certain que la présence écologiste sera importante. Le but ce n'est pas de gagner pour gagner, mais de montrer qu'on est capable de gouverner au sein d'alliances parfois à géométrie variable, qu'on peut porter des politiques écologistes".
Après les européennes et les municipales, scrutin après scrutin, le mouvement écologiste continue à tracer sa route. Prochaine échéance électorale les régionales l’an prochain, puis la présidentielle en 2022.