Nicolas Dupont-Aignan, candidat Debout la France avec 4,7% des voix au 1er tour de la présidentielle, a annoncé vendredi qu'il "soutenait" Marine Le Pen pour le second tour. Les politiques sont unamimes pour condamner ce choix.
"Je soutiendrai Marine Le Pen, je ferai campagne même avec elle sur un projet de gouvernement élargi" a affirmé le député-maire de Yerres (Essonne).
"J'aurais pu faire comme beaucoup de personnalités politiques, me laver les mains au second tour, l'intérêt personnel c'est de faire ça, l'intérêt de mon parti aussi, qui n'a jamais donné de consigne de vote. Mais je pense que la France est à la croisée des chemins", a-t-il poursuivi.
"Notre pays (...) a vécu cinq ans terribles avec François Hollande, et je pense que Macron est un François Hollande puissance dix, fabriqué par des intérêts financiers, médiatiques..." s'est-il inquiété.
Depuis la rentrée, le député avait fait de M. Macron son adversaire principal. Il a rencontré Mme Le Pen à Paris dans l'après-midi.
"Nous avons beaucoup discuté cette semaine ... Nous avons signé un accord de gouvernement avec une évolution de son programme, des éclaircissements, des ajouts de mon projet présidentiel" a-t-il poursuivi.
"J'ai consulté à deux reprises mon Conseil national, il m'a donné mandat de faire aboutir cette négociation", a aussi dit M. Dupont-Aignan après deux réunions lundi et vendredi.
Immédiatement après cette annonce, Dominique Jamet, vice-président de Debout la France, a annoncé à l'AFP qu'il quittait le mouvement, tout comme sur Twitter Eric Anceau, jusque-là responsable du projet.
Je renonce ce jour à toutes mes fonctions au sein de @DLF_Officiel
— Eric Anceau (@Eric_Anceau) 28 avril 2017
Immense honte
Emmanuel Macron"Depuis ce soir, Nicolas Dupont-Aignan est clair. Il manifeste, sans doute les finances d'une campagne présidentielle aidant, la nécessité de s'adosser à un autre parti. Il recompose cette partie là de la droite"
François Bayrou, soutien d'Emmanuel Macron, la réaction a été cinglante.
"Dupont-Aignan: qu'on ose se dire gaulliste en faisant un tel choix, immense honte !", a-t-il tweeté.
Dupont-Aignan : qu'on ose se dire gaulliste en faisant un tel choix, immense honte !
— François Bayrou (@bayrou) 28 avril 2017
Nathalie Kosciusko-Morizet
"Le sous-marin du FN vient de faire surface", a accusé l'ancienne ministre LR
Dupont-Aignan a affaibli la droite au 1er tour pour aider Marine le Pen. Le sous-marin du FN vient de faire surface.https://t.co/IuvF6oExX1
— N. Kosciusko-Morizet (@nk_m) 28 avril 2017
Dominique Bussereau
"Un vrai collabo", a abondé l'ancien ministre LR .
Valérie PécresseSoi disant gaulliste mais en réalité pétainiste @dupontaignan doit être battu aux législatives et dans sa commune Vrai collabo.
— Dominique Bussereau (@Dbussereau) 28 avril 2017
"'l'honneur perdu de Nicolas Dupont Aignan"
L'honneur perdu de Nicolas Dupont-Aignan... https://t.co/XZpeX2XqqS
— Valérie Pécresse (@vpecresse) 28 avril 2017
SOS Racisme a condamné dans un communiqué diffusé dans la nuit de vendredi à samedi un ralliement qui marque "la fin d'un lent naufrage" pour Nicolas Dupont-Aignan.
"C'est ainsi que celui qui se posait non sans immodestie comme un héritier du général de Gaulle vient finalement de rejoindre les héritiers politiques du maréchal Pétain", conclut l'association antiraciste.
Dans un communiqué, les élus et militants socialistes et écologistes Yerrois, pointent du doigt "depuis des années le durcissement de son discours à l’égard des étrangers, du repli sur soi, du retour au nationalisme et au protectionnisme. En réalité, son ralliement au Front National à l’aube du second tour des Présidentielles ne nous étonne pas. Il conforte notre honte d’avoir un maire qui à force de flirter avec les idées les plus réactionnaires et les plus nauséabondes a fini par s’écarter définitivement des valeurs d’humanité qui devraient guider les pensées et les actes des responsables politiques républicains, qu’ils soient de gauche, du centre ou de droite.
Lui qui se revendique en fils spirituel du Général de Gaulle… Imagine-t-on le général de Gaulle donner les pleins pouvoirs au maréchal Pétain ?"
Comme de nombreux dirigeants frontistes, Marine Le Pen a en revanche vu dans cette décision un "magnifique choix de la France".
Une déclaration commune est annoncée samedi matin à Paris.
"Mme Le Pen n'est pas d'extrême droite pour moi", a affirmé M. Dupont-Aignan, qui rejetait jusque-là une alliance à cause de "l'extrémisme" qu'il prêtait au FN.
En 2012, il le jugeait "incompatible" avec lui.
"Il y a eu des propos qui ont évolué, c'est bien, mais l'arrière-boutique de Marine Le Pen ne correspond pas à la vitrine et son programme n'est pas sérieux", disait-il encore mi-février.
Cet accord a été annoncé le jour où le parti d'extrême droite changeait de président par intérim car Jean-François Jalkh, désigné en début de semaine, a été accusé d'avoir tenu des propos négationnistes, qu'il a démentis.
Cet accord, "c'est pas une affaire d'argent", a assuré vendredi M. Dupont-Aignan, interrogé sur une prise en charge par le FN de ses frais de campagne. "Mon parti sera allié à Marine Le Pen... Partout, il y aura des candidats "Debout la France" face à des candidats FN, les Français conserveront le choix entre deux patriotismes", a encore dit l'ancien candidat.
M. Dupont-Aignan avait indiqué à l'AFP en 2014 qu'il souhaitait être pour le FN "ce que François Mitterrand a été pour le Parti communiste, le ramener dans l'arc républicain".
Après l'adoption d'un Programme commun notamment entre le PS et le PCF, M. Mitterrand avait été élu président de la République en 1981.