140 ans du Stade Français : un club de champions sur tous les terrains

Cette année, le Stade Français fête ses 140 ans. L'histoire de ce club remonte à la fin du 19e siècle. Si le rugby y occupe une place importante, d'autres disciplines ont également contribué à en faire une institution du sport francilien.

Lorsque l'on entre dans les locaux du Stade Français, on s'attend à entendre parler de rugby, à voir les murs remplis de photos de Fabien Galthié, Christophe Dominici et bien d'autres gloires de l'ovalie parisienne. Pourtant ce sont bien des ballons de basket dont on entend les dribbles au moment de pénétrer dans le stade Géo André situé à la limite du 16e arrondissement de Paris et de Boulogne-Billancourt dans les Hauts-de-Seine.

Plus loin, c'est une raquette de tennis en bois qui est exposée derrière une vitre dans le coin restauration. Enfin au moment d'entrer dans la salle des trophées, une grande fresque évoque en peinture un grand nombre de disciplines différentes. 

Si dans l'imaginaire collectif, le club est avant tout une équipe de rugby aux nombreux trophées, l'entité Stade Français représente bien plus que cela. C'est une association qui fête cette année ses 140 ans d'existence. "Un club omnisports qui regroupe 20 sections différentes en 2023", précise son président Philippe Beylier. Une institution du sport francilien que France 3 Paris Île-de-France vous raconte à travers les mots de ceux qui la connaissent le mieux.

À l’origine, une société de course à pied

En 1883, cinq étudiants se réunissent dans un café du 6e arrondissement. "Ils voulaient s'organiser ensemble pour faire du sport et s'entretenir physiquement", commente Gille Morin, président d'honneur de l'association et "mémoire" du club.

Dans le sillage du Havre Athletic Club, le Stade Français se développe sur le modèle anglo-saxon. Le bleu foncé dans ses couleurs est d'ailleurs une référence à l'université d'Oxford. "En opposition aux couleurs claires du Racing Club de Paris qui rendent hommage à Cambridge", note l'historien maison.

Découverte du rugby-football

Toujours en suivant l'exemple des clubs anglais, le Stade inaugure des sections dans plusieurs sports au cours des années 1880. "Autour de ces années-là, les sportifs étaient polyvalents et pratiquaient plusieurs disciplines en même temps. Le sport est devenu un véritable facteur d'émancipation chez les jeunes en France après la défaite de Sedan lors de la Guerre Franco-prussienne en 1870", détaille le président d'honneur. La gymnastique d'abord puis deux sports venus d'Outre-Manche : le rugby-football (l'ancêtre du rugby actuel) dont la première équipe est mise en place en 1888 et le tennis. À cette époque, le football en est encore à ses balbutiements. Le basket et les Jeux Olympiques modernes n'existent pas encore.

"Nos rugbymen jouent en 1892 la première finale de l'histoire du championnat de France. Seules les deux équipes y participaient à l'époque. Donc on a perdu mais nous avons quand même fini médaille d'argent", ironise le président actuel. Les années 1890 marquent également l'avènement en France du tennis. Un sport dans lequel le Stade Français est également précurseur. "Les premiers championnats du monde étaient organisés sur les terrains de la Faisanderie à Saint-Cloud, propriété de notre association", d'après Gille Morin.

C'est d'ailleurs à l'initiative du club qu'est créé le Stade Roland-Garros au milieu des années 1920. Par le biais du tennis le club œuvre aussi pour développer le sport féminin. Simone Mathieu, tenniswoman et Stadiste lutte dans les années 1930 pour faire changer les normes sociétales autour du sport. "Jusqu'alors les femmes devaient avoir les jambes et la tête couverte pour pratiquer un sport. Pour le tennis, elles étaient obligées de porter une robe longue et c'est loin d'être pratique pour jouer", observe d'un œil rieur Gille Morin.

"Laisser les jeunes choisir leur sport"

Au tournant du 20e siècle, cette vocation pluridisciplinaire se confirme avec la création d'équipes de basket, de cricket ou encore de volley. L'association affirme alors sa volonté de "laisser les jeunes choisir leur sport", selon Philippe Beylier. "Très tôt les dirigeants ont mis en place des ateliers multisports pour que les enfants puissent en essayer plusieurs et se faire une idée de ce qui leur plaît. Ces ateliers existent encore aujourd'hui pour les enfants de 5-6 ans qui nous rejoignent", explique le président.

Au-delà de l'aspect sportif, le président détaille ce qu'il appelle la "mission historique du Stade". "Il s'agit pour nous d'inculquer à nos jeunes membres des valeurs communes à tous les sports. La discipline, le respect de l'autre et de l'autorité ainsi que l'acceptation de la défaite". Sur ce dernier point, il note néanmoins que "la victoire est également importante. Ce serait mentir que de dire qu'on est là simplement pour participer", en fixant l'armoire pleine de trophées située à l'arrière d'une grande salle de réunion.

Des trophées dans de nombreux sports

À travers toute son histoire, le Stade Français a compilé des titres nationaux et internationaux dans toutes ses sections. "Au total, on a près de 1100 titres de champions de France tous sports confondus", énumère Philippe Beylier. Le Stade Français est par exemple le club le plus titré de l'histoire du hockey sur gazon avec 67 coupes de champion de France.

Outre les sports collectifs, les Stadistes s'illustrent aussi aux Jeux Olympiques. "Plusieurs de nos athlètes comme le coureur de demi-fond Alain Mimmoun ou le perchiste Jean Galfione ont ramené des médailles d'or. Sans oublier Marie-José Perrec et son record du monde du 400 mètres à Atlanta en 1996", indique Gille Morin. Enfin, le Stade Français brille également aux Olympiades d'hiver notamment grâce au couple formé par Pierre Brunet et Andrée Joly. Pionniers du patinage artistique en France. Ils avaient remporté la médaille d'or à deux reprises en 1928 et 1932.

"Faire perdurer l'héritage olympique"

Aujourd'hui, le Stade Français accueille 12 000 licenciés répartis sur vingt sports différents. La natation synchronisée et le badminton sont les derniers pour lesquelles des sections ont été ouvertes. Le club bénéficie aussi du soutien de plusieurs centaines de bénévoles. À l'orée des Jeux de Paris 2024, plusieurs athlètes préparent la nouvelle olympiade sous les couleurs du Stade. C'est le cas du paracycliste Rihad Tarsim. "Cela fait 10 ans que je m'entraîne au Stade Français et j'ai été accompagné pour adapter la pratique du vélo à mon handicap", confie-t-il.

Laissé paraplégique à la suite d'un accident, il nourrit deux objectifs en cas de qualification : "Représenter mon club de cœur et ramener l'or olympique qui manque à mon palmarès." Faire perdurer l'héritage olympique, c'est également un des objectifs pour Philippe Beylier. "On aura des espoirs de médailles dans plusieurs disciplines et ce serait une fierté de gagner chez nous", sourit le président. Une fierté donc et un joli clin d'œil à l'histoire.

En effet, le Stade Français et les Jeux Olympiques à Paris sont intimement liés. En 1924, lors des derniers Jeux dans la capitale, le rugbyman et athlète de saut en hauteur Géo André, figure emblématique de l'association à ses débuts, avait prononcé le serment olympique.

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