Deux personnes sont mortes à vélo à Paris depuis début 2024. Pour les associations de cyclistes, c'est déjà trop. Elles tirent la sonnette d'alarme et se rassemblent ce vendredi pour faire part de leur inquiétude.
En janvier dernier, Sophiane, une cycliste parisienne est décédée après avoir été renversée et écrasée par un camion dans le 8ème arrondissement de la capitale. Ce vendredi l'association Mieux se Déplacer à Bicyclette (MDB) lui rend hommage en installant symboliquement un vélo blanc sur le lieu de l'accident mortel.
Pour Alexis Frémeaux, président de Mieux se Déplacer à Bicyclette (MDB), cette manifestation représente un signal d'alerte pour sensibiliser aux dangers qu'encourent les cyclistes à Paris. "Il y a déjà eu deux morts à vélo cette année et nous sommes tout juste au début du deuxième trimestre. Il y en avait eu deux durant toute l'année dernière", avance-t-il en citant les chiffres de la Préfecture de Police de la capitale.
De multiples sources de danger
Selon lui, les accidents mortels à vélo dans la capitale arrivent souvent de la même manière. "Les cyclistes se font renverser puis écrasés par des camions qui vont dans la direction inverse de celle du vélo. À l'image de ce qui s'est passé en janvier dernier", détaille-t-il.
Il estime que les chocs avec des voitures plus légères sont très rarement mortels. De manière plus générale, Alexis Frémeaux note que les sources dangers sont multiples à Paris pour les cyclistes. "Des accidents se produisent souvent lorsque les cyclistes se trouvent au même niveau que les véhicules, car les conducteurs manquent alors de visibilité."
De son côté, l'association Paris en Selle note que des accidents peuvent survenir lorsque des automobilistes ouvrent leur portière au moment du passage d'un cycliste. "Comme les zones dangereuses tels que les intersections, ce sont des données avec lesquelles nous devons composer tous les jours", regrette Yves le Jan, membre du conseil d'administration de l'association de cyclistes. Il indique d'ailleurs que les axes les plus accidentogènes de la capitale sont ceux où les cyclistes croisent les véhicules motorisés sans protection comme les portes pour entrer dans la capitale ou les boulevards des Maréchaux.
Selon l'association Mieux se Déplacer en Byciclette, les femmes sont plus victimes d'accidents à vélo à Paris que les hommes. "C'est paradoxal car elles sont plus respectueuses du Code de la Route. Par exemple, elles ont tendance à démarrer en même temps au feu vert que les poids lourds. C'est ce qu'il faut faire mais cela réduit la visibilité des conducteurs et augmente les probabilités d'accident", d'après Alexis Frémeaux.
"Plus il y a de cyclistes, plus on est en sécurité"
Si toutes ces sources de danger persistent dans la capitale, les associations se disent tout de même encouragées par le fait que "les mentalités changent de plus en plus et les cyclistes sont davantage en sécurité que les années précédentes", explique Yves le Jan.
Pour Alexis Frémeaux, ce sentiment de sécurité s'explique par "le nombre de plus en plus important de cyclistes dans Paris. "On appelle la sécurité par le nombre. Les automobilistes s'habituent à notre présence et adaptent leur comportement, il y a donc moins d'accidents."
Les derniers chiffres de la Base de Données Annuelles des Accidents Corporels de la Circulation Routière (BAAC) montrent que le nombre d'accidents à vélo ayant fait un blessé ou un mort est en baisse. À Paris, il y a eu 1039 victimes en 2021 contre 1026 en 2022, dernière année comptabilisée.
"Encore des efforts à faire en termes de prévention"
Les associations de cyclistes estiment que des efforts doivent encore être déployés en termes de prévention. "Il faut plus d'aménagements spécifiques aux vélos dans les endroits dangereux", demande le président de MDB.
Son association avait proposé en 2018 une loi devant l'Assemblée Nationale demandant l'installation de caméras pour détecter les angles morts des poids lourds. Celle-ci a été rejetée. "Il y a des vignettes sur les camions mais ce n'est pas suffisant", juge de son côté Yves le Jan. Ce membre de Paris en Selle attend "avec impatience un bilan annuel avec 0 morts à vélo à Paris comme cela peut être le cas dans certaines villes du nord de l'Europe."
Le rassemblement en hommage à la cycliste décédée aura lieu ce vendredi à 18 heures. Le rendez-vous est donné à l'angle de l'avenue Franklin D Rosevelt et du cours la Reine.