Il était entendu ce mardi après-midi par les députés devant la commission d'enquête. Patrick Strzoda, directeur de cabinet d'Emmanuel Macron, assume les sanctions prises à l'encontre d'Alexandre Benalla.
Il peut prétendre à le retraite le 6 octobre. Mais peut-être n'ira t'il pas jusque-là. Depuis l'audition de Gérard Collomb devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Patrick Strzoda semble plus que jamais fragilisé. Désigné comme un potentiel fusible dans l'affaire Benalla. Car pour le ministre de l'Intérieur, il était du ressort du cabinet du président de la République, et du préfet de police de Paris, "de recueillir les éléments permettant de justifier la transmission d'un signalement au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale (...) C'était à eux de prendre les sanctions et éventuellement d'informer les autorités judiciaires".
Une responsabilité que Patrick Strzoda a décidé d'assumer devant les députés ce mardi après-midi, lors d'une audition qui a duré près de 2h30. Esquivant aussi certaines questions relevant selon lui de l'instruction judiciaire ou des faits portant atteinte à la présidence. " Un mandat de non transparence" regretté par Eric Ciotti, puis d'autres députés.
Manifestation du 1er mai : "Je lui ai donné mon accord"
M.Strzoda affirme, que "deux ou trois jours avant le 1er mai", il avait bien été informé par M.Benalla de son invitation par la Préfecture de police à assister en tant qu'observateur à la manifestation. "Il m'a indiqué que l'invitation avait été faite par M.Simonin, chef d'état major de la DOPC. Je le connais il a une réputation d'un professionnel. J'en ai déduis que la hiérarchie était au courant. Ensuite, je lui ai donné mon accord car dans mon esprit, les missions d'observateur sont précises, dans un cadre précis. Je lui ai seulement rappelé qu'il ne devait pas participer aux opérations sur le terrain" C'était, selon M.Strzoda la première fois qu'Alexandre Benalla lui demandait son accord pour ce type d'événement. "Je mesure le trouble que le comportement de ce chargé de mission a pu susciter. Ce qui s'est passé, c'est le comportement individuel fautif d'un chargé de mission de l'Elysée pour lequel une instruction judiciaire a été ouverte et pour laquelle une sanction a immédiatement été prise," a-t'il déclaré.Sanctions : "C'est vraiment ma responsabilité et je l'assume"
Interrogé sur la nature des sanctions prises à l'encontre d'Alexandre Benalla, 15 jours de mise à pied, le directeur de cabinet du président de la République a affirmé avoir décidé seul "en mon âme et conscience. Je n'en ai jamais parlé avec le président de l'Etat qui était a 10 000 km. C'est vraiment ma responsabilité et je l'assume."
Pourquoi ne pas avoir eu recours à l'article 40 ? "J'ai considéré qu'à mon niveau je n'avais pas assez d'éléments pour justifier un recours à l'article 40", a déclaré M. Strzoda, soulignant qu'aucune plainte n'avait été déposée, aucune interruption temporaire de travail (ITT) et que les "autorités d'emploi" de M. Benalla ne l'avait pas évoqué. "Il m'appartenait la nature de la sanction. Le 2 mai, dans le soucis de prendre une sanction immédiate, j'ai pris une sanction de mise à pied et de rétrogradation. J'assume ma décision. C'est moi qui est proposé 15 jours et c'est moi qui ai proposé de notifier cette décision à Mr Benalla."
Le recrutement d'Alexandre Benalla : "quelqu'un de très apprécié"
M.Strzoda a affirmé que c'était lui qui avait recruté Alexandre Benalla dès le début de la mandature car il faisait partie de l'équipe de campagne. "Il avait des fonctions d'organisateurs ce qui m'a amené à le placer à la chefferie." Il ajoute que c'était "quelqu'un de très apprécié car très réactif et disponible". Le co-rapporteur Guillaume Larrivé demande alors au directeur de cabinet quel était le montant de la rémunération d'Alexandre Benalla. Patrick Strzoda entend "démentir de très nombreuses rumeurs". Il dément le salaire de 10 000 € par mois. "C'est faux !", s'écrie Patrick Strzoda. Il dément aussi le projet d'installation d'Alexandre Benalla dans un duplex de 300 m², sa nomination comme sous-préfet ou sa nomination à la tête d'un service de sécurité à l'Elysée. "C'est faux ! Je démens formellement". Patrick Stroda refuse cependant de donner davantage de détails car "on touche à l'organisation ...", répond-il. Mais il est coupé par les huées des députés de la commission d'enquête. Patrick Strzoda reprend ensuite : "Ces informations sont connues de la Cour des Comptes et la mission parlementaire de la commission des Finances". Le directeur de cabinet n'en dira pas plus.Le logement : "Ni avantages, ni privilèges"
Concernant le logement de M.Benalla quai Branly, accordé après sa mise à pied, M.Strzoda affirme que bénéficient de ces logement "les personnes qui ont des contraintes de disponibilité et un rythme de travail que le justifient. "Il n'y a ni privilèges, ni avantages." Pourtant, comme le relève Jean-Christophe Lagarde, aucun autre chargé de mission de l'Elysée n'en bénéficie. Et M.Benalla, a a été rétrogradé, avec des missions "recentrées vers des activités internes au palais". "Pourquoi un appartement à ce moment là, alors qu'il a changé de servitudes ? Pourquoi pendant un an, la servitude ne nécessite pas un appartement. Et pourquoi quand il ne l'accompagne plus (Emmanuel Macron), il l'obtient ?"Patrick Strzoda semble gêné. Et répond finalement que M.Benalla était toujours extrêmement sollicité.
Après une carrière de préfet qui était synonyme de réussite jusqu’à présent, le directeur du cabinet d’Emmanuel Macron a semblé malmené cet après-midi. Patrick Strzoda, jugé par ses pairs comme un homme droit et loyal, entend en tous cas assumer toute la charge de la faute.