Affelnet : l'inquiètude des parents des futurs lycéens face à un projet de nouvelle carte scolaire

La réforme des procédures d’affectation dans les lycées parisiens qui doit entrer en vigueur à la rentrée prochaine est dans le collimateur des parents d'élèves. Ils dénoncent le manque de mixité sociale. Les pétitions contre cette réforme se multiplient. 

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"Mon fils scolarisé en troisième cette année dans un collège du 19e arrondissement n’aura le choix qu’entre cinq lycées de secteur contre une dizaine avant la réforme", explique Pascal. "Il a de bons résultats scolaires. Il envisageait d’aller dans un lycée très côté du centre de Paris. Ce sera quasiment impossible avec la réforme", craint-il.

Le Rectorat de Paris n’a pas encore communiqué officiellement mais déjà la réforme d’Affelnet, le logiciel d’attribution des lycées, est sous le feu des critiques. "Nous avons beaucoup de remontées de parents inquiets notamment dans les arrondissements populaires de la capitale", atteste Séverine Brissonnet, présidente de l'Union locale du 19e arrondissement de la FCPE.

Suppression des 4 districts au profit de lycées de secteur

Affelnet a été mis en place il y a une dizaine d’années. Notes, statut de boursier, lieu du collège donnaient un certain nombre de points et une affectation dans un établissement de son district. Jusqu'à présent, la capitale était divisée en quatre grands secteurs géographiques et les futurs lycéens avaient le choix entre une dizaine d'établissements d'enseignement général et technologique.

Avec la réforme, les affectations se feront toujours selon un nombre de points attribués mais selon trois nouveaux critères : la localisation du collège d'origine en priorité, les résultats scolaires et l'Indice de positionnement social (IPS) du collège qui remplace la prise en compte du cursus scolaire en REP ou REP Plus.

Pour avoir un maximum de points et être prioritaires, les élèves devront choisir un établissement dans un secteur : 

  • Le secteur 1 : cinq lycées dans un rayon de 25 minutes de leur ancien collège, apportant le maximum de points et dans lequel le futur lycéen sera prioritaire.
  • Le secteur 2 : lycées dans rayon entre 25 et 40 minutes apportant un peu moins de points.
  • Le secteur 3 : lycées dans tout Paris. Un choix qui ne rapportera que peu de points.

Un bonus géographique discriminant

Ces nouveaux critères et notamment le bonus géographique passent mal auprès des parents d'élèves notamment dans les quartiers populaires. Les parents d'élèves voient dans cette nouvelle version d'Affelnet un outil de ségrégation scolaire et sociale et certaines unions locales de la FCPE de l'Est parisien demandent le report de cette réforme.

Ce qui nous inquiète, c’est l’assignation à son secteur et la ségrégation spatiale.

Séverine Brissonnet, Présidente Comité locale FCPE 19e arrondissement

"Les points liés à la géographie, le lieu du collège, ne pourront jamais rattraper les autres bonus. Même en faisant la somme de tous les autres points, c'est à dire les résultats scolaires et l'Indice de positionnement social, on ne rattrapera pas les points liés aux critères géographiques", dénonce Séverine Brissonnet, Présidente Comité locale FCPE 19e arrondissement, qui regrette également le manque d'informations du Rectorat. "Ce projet n'est pas juste, trop précipité, trop tardif , mal expliqué. Le rectorat ne peut pas prévenir en mars pour une application en juin", ajoute-t-elle.

Favoriser la mixité scolaire et sociale

Claire Mazeron, Directrice académique, chargée des lycées défend le nouveau mode de calcul de points d'Affelnet. "Nous avons voulu répondre à des familles qui ne comprenaient pas pourquoi ils ne pouvaient pas envoyer leur enfant au lycée juste en face de chez eux. Le poids des résultats scolaires était auparavant prépondérant dans les règles d'affectation créant ainsi des lycées de niveau", explique-t-elle.

Ce qui a motivé la réforme est de favoriser la proximité pour les familles qui le souhaitent tout en ouvrant le champ des possibles dans tout Paris.

Claire Mazeron, Directrice académique chargée des lycées

Le Rectorat de Paris réfute la critique de ségrégation sociale. "Le deuxième objectif est de favoriser la mixité sociale. Il y a également une prime qui est donnée aux gens qui ont fait le choix des collèges publics de secteur et qui ne sont pas allés dans le privé. L'IPS, l’indice de positionnement social est un indicateur des comportements culturels et sociaux des CSP, -(Catégories Socio-Professionnelles, ndlr). Chaque collège a donc un IPS moyen si le collège a un mauvais IPS, plus bas que celui de la moyenne nationale, il aura des points plus importants", détaille Claire Mazeron.

"Nous favorisons également la mixité scolaire. Avec cette réforme, des élèves de niveau intermédiaire pourront aller dans dans de bons lycées. Des têtes de classe pourront se retrouver dans des lycées intermédiaires. Nous souhaitons mieux répartir les élèves. Jusqu’à présent les bons collégiens allaient dans les bons lycées et les élèves fragiles dans des lycées moins bien classés. La réforme va enclencher une mécanique et cela va équilibrer les niveaux", étaye-t-elle. Et de poursuivre : "néanmoins la possibilité d’être affecté dans un lycée attractif sera bien plus forte qu'avant, car le taux de pression sur les bons lycées sera moindre. Les meilleurs élèves des 50 collèges de la carte scolaire d'avant la réforme ne vont plus candidater sur un même établissement".

Alors qu'une pétition contre la réforme d'Affelnet est en ligne, la carte des lycées et des secteurs d'affectation sera rendue publique par le Rectorat de Paris à la rentrée du mois de mars.

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