Alors que la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs du Grand Bassin parisien ont annoncé un "siège de la capitale pour une durée indéterminée" à partir de lundi après-midi, le ministre de l’Intérieur souhaite mettre en place un dispositif policier permettant "d’interdire toute entrée dans Paris". Il réunit une réunion interministérielle de crise ce dimanche.
Tandis que le mouvement de protestation agricole se poursuit, Gérald Darmanin a demandé dimanche aux responsables des forces de l'ordre de mettre en place "un dispositif défensif important afin d'empêcher tout blocage" par les agriculteurs du marché de Rungis, des aéroports franciliens et "d'interdire toute entrée dans Paris", indique le ministère de l'Intérieur.
Le ministre organise ainsi une réunion interministérielle de crise, ce dimanche à 18h. Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau doit y participer.
Les syndicats FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA) du Grand Bassin parisien ont notamment annoncé un "siège de la capitale pour une durée indéterminée" à partir de lundi à 14h. De son côté, la Coordination rurale (CR) du Lot-et-Garonne prévoit de "monter à Paris" à partir de lundi dans le but de bloquer le marché d'intérêt national de Rungis, dans le Val-de-Marne.
Pour empêcher ces actions, le ministre de l'Intérieur a notamment réuni place Beauvau les directeurs généraux de la police et de la gendarmerie, Frédéric Veaux et Christian Rodriguez, ainsi que le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, précise l'entourage de Gérald Darmanin.
Le ministre a par ailleurs renouvelé sa demande de "modération" de la part des forces de l'ordre à l'encontre des agriculteurs, qui ne devront intervenir "qu'en dernier recours et dans le seul cas où l'intégrité des personnes serait menacée ou les bâtiments/biens publics ou privés exposés à de graves dégradations", par exemple concernant des camions étrangers.
"Personne n'a intérêt à ce que ça dégénère"
Avant les actions prévues lundi, le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a appelé ce dimanche les agriculteurs au "calme et à la détermination", prévenant que leur mobilisation restait "totale" malgré les annonces du Premier ministre Gabriel Attal. Arnaud Rousseau a ainsi exhorté le gouvernement à "aller beaucoup plus loin" pour satisfaire les demandes de la profession.
Le président de la FNSEA a déclaré ne pas vouloir un drame comme celui de Pamiers, en Ariège, où une agricultrice et sa fille ont été tuées mardi sur un barrage. "Pas question qu'il y ait d'autres accidents", a-t-il souligné.
Mais Arnaud Rousseau a aussi prévenu que la séquence qui s'ouvre était celle d'une "semaine de tous les dangers, soit parce que le gouvernement ne nous entend pas, soit parce que la colère sera telle qu'ensuite chacun prendra ses responsabilités". "Notre objectif n'est pas la violence, ni d'aller à la provocation, si certains veulent le faire ils le feront en-dehors du cadre qui est le nôtre", a-t-il assuré.
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a, lui, évoqué ce dimanche une "tolérance zéro sur les violences et les dégradations", tout en disant douter qu'un blocage d'accès routiers à Paris serve les "intérêts des agriculteurs".
Face à la position du gouvernement, Arnaud Rousseau a réaffirmé celle de son syndicat. "Personne n'a intérêt à ce que ça dégénère. On est des gens responsables", mais "il n'y aura pas d'esprit de recul", a-t-il rétorqué.