Ouvert, il y a un peu plus de trois mois dans le centre de la capitale, cet atelier-café boutique se consacre à la réparation d’objets du quotidien. Son objectif : promouvoir une consommation éco-responsable.
Beaucoup de passants s’arrêtent devant le 73 rue Beaubourg (IIIe arrondissement de Paris), pour regarder Gilles Vacheret devant son atelier de bricolage, en train de réparer des appareils électriques, et petits électroménagers. C'est ce qui a donné l'envie à cette riveraine de franchir la porte des Etablis. Elle a apporté sa lampe qui est en panne depuis plusieurs mois. Juliette l'accueille, et voit avec Gilles, si l’objet est réparable ou pas.
Rassurée, la cliente reviendra dans quelques jours pour récupérer son luminaire réparé. "Je trouve ça super cet endroit. Plusieurs fois, je suis passée devant et je voyais ce monsieur travailler dans son atelier. Mais j’ai cru comprendre qu’il y avait aussi d’autres choses qui se vendaient dans la boutique" demande-t-elle, intriguée.
Effectivement, le lieu n’est pas uniquement une conciergerie, où sont réceptionnés les objets à réparer. L’endroit surprend d'ailleurs, lorsqu'on y rentre pour la première fois. À l’intérieur, un espace est dédié à la vente de vêtements de marques écoresponsables, de bijoux de créateurs et autres céramiques, et un autre espace accueille un café, où les produits sont tous sourcés et les pâtisseries faites maison par Corinne Ngotat.
Partager les savoir-faire
Ce concept-store a été créé par Corinne Ngotat et Juliette Karpa, un binôme déterminé à rendre service aux clients désireux de conserver des objets auxquels ils sont attachés, tout en privilégiant le circuit court et le contact convivial d’un service de proximité.
"Nous voulions déjà rompre la solitude des techniciens qui travaillent la plupart du temps seuls dans un atelier, et nous voulions aussi que ce projet nous permette, Corinne et moi, de pouvoir poursuivre nos savoir-faire", explique Juliette Karpa co-fondatrice des Etablis. Juliette a été responsable de la communication et du marketing dans le secteur de l'humanitaire. Elle veut démontrer, aujourd’hui, que l’économie peut reposer sur des principes vertueux et répondre aux besoins de consommation. Corinne a été responsable du développement puis directrice commerciale d’enseignes de prêt-à-porter. En évoluant dans cet environnement, elle comprend qu’il est urgent de changer certains de nos comportements.
"Le café a immédiatement été pensé pour faire de ce lieu un lieu d'échanges et où artisan et client pouvaient discuter et sortir un peu de l'isolement des artisans qu'on avait identifié dans leurs métiers. On a une cliente hétéroclite qui peut venir pour réparer un objet, boire un café, acheter un pull ou un bijou, voir faire les 3 choses en même temps", dit Juliette, en souriant.
Une démarche éco-responsable
Zoé est ravie, elle vient d’apprendre que son sèche-cheveux peut être réparé. Elle a découvert l’endroit sur Internet et le site l'a menée jusqu'ici. Gilles lui explique pourquoi son sèche-cheveux s’arrête soudainement. "En fait, quand l’appareil est en surchauffe, il s’arrête par sécurité. Il va falloir l’ouvrir et voir s’il n’y a pas des cheveux coincés à l’intérieur", explique-t-il.
Si la réparation n'excède pas 30 % du produit, le réparer relève du bons sens
Gilles Vacheret, technicien-réparateur pour Les Etablis, Paris.
Zoé est ravie, elle vient d’apprendre que son sèche-cheveux peut être réparé. Elle a découvert l’endroit sur Internet et le site l'a menée jusqu'ici. Gilles lui explique pourquoi son sèche-cheveux s’arrête soudainement. "En fait, quand l’appareil est en surchauffe, il s’arrête par sécurité. Il va falloir l’ouvrir et voir s’il n’y a pas des cheveux coincés à l’intérieur", explique-t-il.
La démarche se veut aussi vertueuse. "Nous ne prônons rien de particulier, à part proposer de consommer mieux", explique simplement Juliette Karpa et Corinne Ngotat. L'idée de ce concept de réparation est née à la suite de mésaventures avec une roue de valise !
"Elle était cassée et j'ai mis plus de deux mois à trouver un réparateur de malles. Il m'a changé ma roue en dix minutes pour 20 euros", raconte Juliette, heureuse de pouvoir offrir une longévité à sa valise. C'est en racontant son périple autour d'elle qu'elle s'aperçoit qu'automatiquement les personnes rachètent plutôt qu'ils ne réparent par méconnaissance. La conciergerie s'est révélée indispensable pour le duo.
Des artisans de tout corps de métiers
Elles ont sélectionné les meilleurs techniciens et artisans de tout corps de métier, reconnus pour leur savoir-faire pour répondre à toutes les demandes : deux réparateurs d'appareils électriques et électroniques sont présents sur place, et elles ont fédéré plus d'une vingtaine d'artisans spécialisés dans le cuir, le textile, les bijoux, le matériel photo ... "En France, le savoir-faire est extraordinaire. Mais il n’est pas toujours identifiable pour le client qui ignore où s’adresser, parfois, pour faire réparer un objet, surtout quand il n’est plus sous garantie", explique Juliette.
L’entreprise veut aussi valoriser ces métiers de l’artisanat. "On réceptionne, ici, les objets de nos clients, que nous nous chargeons de livrer chez les artisans. On travaille avec des artisans qui sont situés à Paris et en région parisienne, mais on n’exclut pas, non plus, de travailler avec des artisans en province, si ce savoir-faire, ne se trouve pas en Île-de-France", annonce Juliette Karpa.
Pour Zoé, c’est parfait. "J’ai longtemps cherché avant de trouver, et je ne lâcherai plus cette adresse. Je trouve dommage qu’on jette plutôt que de faire réparer. En plus, tout augmente, je trouve plus intelligent de faire des économies", suggère la jeune femme.
Lauréat du budget participatif de la mairie de Paris et de celui d’Île-de-France en 2021, le projet des Établis s’inscrit dans les principes d’une consommation vertueuse. Sur plus de 2000 propositions déposées, seules 217 ont été retenues par la Ville dont 13 finalement votées par les Parisiens pour la zone Paris-centre (1er, 2e,3e, 4e arrondissement). Le succès est au rendez-vous. Réparer pour offrir un second souffle séduit. Les objets variés ne cessent de remplir l'atelier.