La cour d'assises spéciale a condamné le Libano-Canadien Hassan Diab, unique accusé de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic à Paris le 3 octobre 1980, à la réclusion criminelle à perpétuité. Quatre personnes avaient trouvé la mort et des dizaines de personnes blessées.
Coupable. 43 ans après les faits, la cour a suivi les réquisitions du Parquet national antiterroriste (Pnat) qui a demandé ce jeudi la peine maximale, la seule "envisageable" à l'encontre de l'universitaire de 69 ans, estimant qu'il était, "sans aucun doute possible", l'auteur de cet attentat antisémite.
Après trois semaines de débats et près de huit heures de délibéré, la cour d'assises spéciale de Paris a tranché entre les deux seules options possibles dans ce procès si singulier.
"L'accusé est-il coupable ?". "Oui", a répondu la cour, qui a condamné l'universitaire Libano-Canadien de 69 ans à la peine maximale et décerné un mandat d'arrêt à son encontre.
La décision a été accueillie dans un grand silence dans la salle d'audience où s'étaient pressées quelques parties civiles, qui avaient réclamé que "justice passe" après quatre décennies d'attente. Dès la fin du délibéré, des victimes se sont longuement serrées dans les bras.
Sans surprise non plus, tant l'audience a été marquée par deux thèses antagonistes, la défense avait plaidé l'acquittement, demandant aux cinq magistrats professionnels d'"éviter une erreur judiciaire".
Une photo au cœur de l'accusation
Défense et accusation auront surtout bataillé autour d'une photographie, celle de piètre qualité du passeport d'Hassan Diab, au cœur de l'accusation. Ce passeport comportant, à des dates entourant l'attentat, des tampons d'entrée et de sortie d'Espagne, pays d'où serait parti le commando selon les renseignements, avait été saisi en 1981 à Rome sur un membre présumé du FPLP-OS.
La cour a considéré que cette "pièce centrale" prouvait l'appartenance de Hassan Diab à cette organisation et que "des éléments matériels accréditent le renseignement" le désignant comme le poseur de la bombe.
Elle a par conséquent écarté les "alibis" présentés par le Libano-Canadien, qui a toujours assuré qu'il ne pouvait être en France au moment des faits puisqu'il passait ses examens à l'université de Beyrouth. Les explications "variables" et "peu crédibles" de Hassan Diab sur ce passeport "prétendument perdu" n'ont pas emporté la conviction de la cour, a souligné son président, Christophe Petiteau.
La défense a rétorqué, en vain, qu'"aucun élément matériel, aucune preuve" ne permettait d'attester de la présence de l'ancien étudiant de sociologie à Paris lors de l'attentat.
Avec AFP