300 avocats, 1765 parties civiles… Le procès des attentats de novembre 2015 s’annonce hors-norme. Pour accueillir les audiences, le palais de justice sur l’Île de la Cité est en train d’être largement réaménagé.
Le procès des attentats de novembre 2015, qui s’ouvrira près de six ans après les faits, s’annonce hors-norme. Annoncé initialement en janvier 2021, le début des audiences a en effet été reporté à septembre prochain en raison de la pandémie. Outre 300 avocats, et des dizaines de journalistes accrédités, 1765 parties civiles sont attendues pour y assister.
Et alors que le procès des attentats de janvier 2015 s'était exceptionnellement déroulé au tribunal judiciaire de Paris situé porte de Clichy, celui des attentats de novembre 2015 se déroulera au contraire dans le palais de justice situé sur l’Île de la Cité (qui accueille toujours la cour d'assises, la cour d'appel et la cour de cassation). Les lieux sont ainsi en train d'être largement réaménagés.
Sur place, des travaux – pilotés par l’agence publique pour l’immobilier de la justice (APIJ) – ont été lancés en janvier 2020, puis interrompus de mars à mai 2020 en raison de la crise sanitaire. Le chantier, mené en concertation avec le ministère de la Culture, le palais étant classé monument historique, doit être livré en mai prochain.
Le but : construire la plus grande salle d’audience éphémère de France. Un investissement très important selon la Chancellerie : cette salle "Grands Procès" de 750 mètres carrés (15 mètres de large, 45 mètres de long) a été construite au cœur du palais, en surplomb de la conciergerie. Un espace temporaire, dont la structure sera entièrement démontable, et qui pourrait accueillir d’autres procès anti-terroristes de grande ampleur à l’avenir.
Une aile entière du palais de justice mobilisée
Parmi les 20 accusés, 11 seront présents lors des audiences. Ils seront placés dans un box sécurisé et aménagé. Parmi eux, figurera Salah Abdeslam, seul rescapé des commandos.
Quatorze salles réhabilitées et rénovées seront aussi mobilisées tout au long du procès. Six d'entre elles seront utilisées en permanence, les autres le seront en fonction du flux. Ces salles permettront d'accueillir 2000 personnes, en plus des 500 places de la salle "Grands Procès".
Un dispositif de prise de vue et de prise de son est prévu pour permettre à l'ensemble des personnes de suivre l’audience au sein de la grande salle éphémère. Des écrans seront aussi installés dans les autres salles afin de retransmettre le procès, de façon sécurisée. Si la question n’est pas encore tranchée, le procès devrait faire l’objet d’un enregistrement historique, comme celui des attentats de janvier 2015 (le dispositif s’inscrit dans le code du Patrimoine).
Pour l'ensemble du chantier, le budget s’élève à 7,5 millions d’euros. Un système de circulation sécurisée en surface sera mis en place pour les accusés, les parties civiles, les avocats et les journalistes ; de quoi mobiliser entièrement l'aile droite du palais de justice. Le dispositif précis prévu par le ministère de l’Intérieur et la préfecture de police de Paris ne sera pas dévoilé pour des raisons de sécurité.
Six mois d'audience
Pour rappel, les attentats du 13-Novembre, perpétrés à Paris et Saint-Denis, ont fait un total de 131 victimes. A Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), trois terroristes se sont fait exploser aux abords du Stade de France au cours du match de football France-Allemagne, tuant un homme de 63 ans : la première victime des attaques. Le Carillon, Le Petit Cambodge, A la bonne bière, Casa Nostra, La Belle équipe… Les attaques menées à la Kalachnikov aux abords des terrasses parisiennes des Xe et XIe arrondissements ont, elles, fait 39 morts.
Au Bataclan, le commando terroriste, qui a lancé son assaut au cours d’un concert des Eagles of Death Metal, a tué 90 personnes. Les différentes attaques ont provoqué des centaines de blessés.
En novembre dernier, les cérémonies d'hommage s’étaient déroulées dans un contexte contraint par la crise sanitaire. Seuls les officiels avaient pu participer aux commémorations, filmées et retransmises sur les réseaux sociaux.
Pour ce qui est du procès, les audiences devraient s’étaler sur six mois.