L'Île-de-France est le premier désert médical du pays. Une réalité qui impacte énormément le système de soins et particulièrement les urgences des hôpitaux. Florie Castaingts est allée à la rencontre de deux chefs de service pour documenter le quotidien de ces professionnels et de leurs équipes.
À l'hôpitall de Montreuil, le docteur Hocine Saal est chef de service des urgences depuis 6 ans. Comme la moitié de la région, la commune est considérée comme un désert médical : "Aujourd'hui les services d'urgences sont le dernier rempart du système de soins", selon le médecin. Chaque année, le passage dans le service augmente en moyenne de 3% à 5% : "Si on ne s'adapte pas, ça sature, c'est la situation d'aujourd'hui".
Aujourd'hui, les urgences pallient au manque de médecins généralistes sans en avoir les moyens humains techniques. Une situation qui se répercute sur la qualité et les délais d'attente.
Pour faire face à l'augmentation du nombre de patients, le docteur Hocine Saal a repensé toute l'organisation du service et ce, dès l'entrée des urgences. Après la salle d'attente, chaque malade passe désormais devant une infirmière d'accueil et d'orientation qui évalue l'état de gravité des patients. Elle décide ensuite si, oui ou non, ils doivent aller aux urgences ou dans un autre service.
De plus en plus de patients pour des demandes de moins en moins urgentes
À l'hôpital d'Argenteuil, la docteure Catherine Le Gall est cheffe de service depuis 16 ans. Elle a adopté la même méthode de tri qu'à l'hôpital de Montreuil. Avec 75 000 patients adultes par an, ces urgences sont l'un des plus gros services de la région. En 2023, le service a connu une hausse inédite de 11% du nombre de patients. "L'intensité du travail aujourd'hui est peu acceptable", reconnaît la professionnelle.
La population vieillissant, les urgentistes font face à de moins en moins d'urgences vitales et de plus en plus de demandes médico-sociales, "or, il n'y a pas de service spécialisé pour ces malades" difficiles à intégrer dans le système d'accueil des urgences. "C'est une médecine que faisait la médecine générale mais les médecins généralistes sont de mois en moins nombreux, ils ne se déplacent plus au domicile", regrette Catherine Le Gall.
Pour remédier au manque de personnel, à Montreuil comme à Argenteuil, des médecins étrangers viennent grossir les rangs. Payés et traités comme des internes, ils sont "des bras de leviers considérables pour le fonctionnement des services", admet la docteure.
"Qui va sauver les urgences ?", un documentaire à retrouver jeudi dans La France en Vrai sur France 3 Paris Île-de-France ou en replay sur france.tv/idf