Le groupe Bolloré a déposé plainte contre X à Paris, soupçonnant un possible espionnage industriel, après avoir découvert le comportement suspect de deux allemands qui s'affairaient de trop près sur des bornes Autolib
Les deux techniciens ont été interpellés le 5 septembre dernier, alors qu'ils s'affairaient sur une station, rue Jouffroy d'Abbans, dans le XVIIe arrondissement de Paris.
Placés en garde à vue à la Brigade d'enquêtes sur les fraudes aux technologies de l'information (Befti), le service de la police judiciaire parisienne spécialisé dans la délinquance informatique, les deux hommes ont été relâchés vendredi,
sans faire l'objet de poursuites pour l'heure.
Mais cela fait plusieurs semaines que la direction d'Autolib' s'inquiète de ces deux curieux. Le 21 août, des "ambassadeurs", ces salariés chargés de surveiller le parc et d'aider les usagers, repèrent une BMW immatriculée en Allemagne garée sur un emplacement Autolib', dans une station du XIIIe arrondissement. Deux hommes s'activent sur la borne. Quand une explication leur est demandée, les curieux semblent gênés, répondent dans un français très hésitant qu'ils travaillent pour le compte d'un constructeur allemand en ne citant pas la bonne marque. Mais les "ambassadeurs", intrigués, relèvent le numéro d'immatriculation et alertent leur hiérarchie.
En analysant les données enregistrées dans la borne, les techniciens d'Autolib' découvrent qu'ils ont utilisé des badges d'abonnés, souscrits depuis avril au nom de P3 Group. Les "ambassadeurs" sont mis en alerte. Dès le lendemain, le 22 août, les deux techniciens sont de nouveau repérés. Mais ils ne laissent pas à Autolib' le temps d'agir.
Les enquêteurs de Bolloré sont plus rapides et plus discrets le 5 septembre, rue Jouffroy-d'Abbans. La police est prévenue et interpelle ces deux hommes alors qu'ils sont sur la borne. Les deux hommes expliquent alors travailler pour P3 Group (Société allemande d'ingénierie automobile sous-traitant pour BMW). Sauf que BMW assure que ce jour-là, contrairement aux fois précédentes, il n'avait "ni conduit, ni mandaté aucun test".
Montré du doigt, BMW conteste tout espionnage. Selon le constructeur allemand, ces deux techniciens, participaient à une opération de "tests de routine, à travers l'Europe, pour vérifier la compatibilité des recharges accessibles sur la voie publique" dans le cadre du lancement de son véhicule I3.
« On ne sait pas, pour le moment, quelles informations ils ont pu récolter ou quelles technologies ils ont utilisées », a dit un porte-parole d'Autolib', Jules Varin. «Tout ce qu'on peut dire c'est que Bolloré a de l'avance sur plusieurs technologies sur lesquelles nous avons investi beaucoup d'argent, dont la batterie et des systèmes de géolocalisation ». Selon lui, « même s'il faut une clé spéciale, des informations peuvent être accessibles à partir des bornes ».