Deux cortèges étaient autorisés ce samedi dont le principal, la Marche des libertés, a réuni des milliers de personnes entre la place de la République et la place de la Bastille.
Des milliers de personnes se sont rendues à ces rassemblements ce samedi 28 novembre. Des manifestations organisées contre la loi "sécurité globale" et le fameux article 24 qui prévoit de restreindre la possibilité de filmer les forces de l'ordre ainsi que l'utilisation de drones lors des manifestations.
Le cortège principal, la "Marche des libertés", a réuni le plus de monde. Des milliers de personnes ont défilé entre la place de la République et celle de la Bastille. Elle était organisée à l'appel du collectif "Stop! Loi sécurité globale", qui rassemble des syndicats de journalistes, des ONG, l'association de la presse judiciaire, la Ligue des droits de l'Homme (LDH) et d'autres associations.
Un second rassemblement de Gilets jaunes était également prévu place du Trocadéro.
La collectif a dénombré 200 000 manifestants à Paris (et 500 000 en France). Ils étaient 46 000 personnes selon les chiffres du ministère de l'Intérieur.
Des tensions place de la Bastille
En fin d'après-midi, au croisement du boulevard Beaumarchais et de la rue du pasteur Wagner, dans le XIe arrondissement parisien non loin de la place de la Bastille, plusieurs manifestants vêtus de noir ont renversé une camionnette, utilisé des palissades et autres objets dans un chantier pour faire des barricades, jeté des projectiles sur les forces de l'ordre.A proximité, plusieurs éléments de mobilier urbain étaient en feu provoquant une odeur âcre. Une banque et un magasin de moto ont été vandalisés. Une succurcale de la Banque de France située sur la place de la Bastille a été en partie incendiée.Banque de France ? pic.twitter.com/L8JCfOuv6t
— Emily (@Emily_Lykos) November 28, 2020
Une image en contraste avec l'autre bout de la manifestation, place de la République qui restait, elle, noire de monde mais dans une ambiance très calme, avec de la musique.
Attestation obligatoire
Pour s'y rendre, les forces de l'ordre pourront contrôler votre attestation de déplacement dérogatoire. La Ligue des droits de l'Homme met à disposition une attestation spéciale. Elle diffuse également un guide pratique présentant les droits en manifestation pendant cette période d'urgence sanitaire et les précautions à prendre en cas de soupçon de contrôle abusif (photographier son attestation ou téléphoner à un tiers et laisser l’appel se dérouler).Le site du ministère de l'Intérieur précise que :
"Si la manifestation revendicative autorisée présente un motif professionnel, le motif 'déplacement professionnel' doit être renseigné (motif 1°)
Si la manifestation revendicative autorisée présente un autre motif, le motif 'familial impérieux' ou 'd’intérêt général' doit être renseigné (motif 4° ou 8°)"
Plusieurs stations de métros fermées
Comme lors de nombreuses manifestations à Paris, les stations aux abords du parcours seront fermées à partir de 12 heures ou 15 heures. Des lignes de bus pourront également dévier de leur trajet ou s'arrêter.Manifestation d'abord interdite
De nombreuses organisations ont appelé à rejoindre ces cortèges, en particulier cette Marche des libertés. Cette dernière avait d'abord été interdite par la préfecture de police de Paris invoquant "l'épidémie de covid-19" qui "affecte particulièrement le territoire de Paris et ceux des départements de la petite couronne" ainsi que des motifs de protection face à la menace terroriste n'autorisant qu'un rassemblement statique place de la République.Mais cette décision a finalement été cassée par le tribunal administratif de Paris qui a autorisé le déroulement de cette manifestation.
Une manifestation qui se déroulera dans un contexte particulièrement tendu où le comportement des forces de l'ordre sera scruté. L'évacuation brutale d'un camp de migrants à Paris lundi soir et la révélation jeudi du passage à tabac d'un producteur de musique noir par quatre policiers ont suscité l'indignation et électrisé le débat.
Dans ce contexte tendu, Emmanuel Macron a dénoncé l'"agression inacceptable" du producteur Michel Zecler et des "images qui nous font honte" dans un texte publié sur sa page Facebook. Il a demandé de nouveau au gouvernement de lui faire rapidement des propositions "pour lutter plus efficacement contre toutes les discriminations".Parmi les appels à manifester, le comité Adama qui avait réussi à mobiliser plus de 20 000 personnes en juin contre les violences policières. "Aujourd'hui, il faut se battre pour que les violences policières cesses. S'il n'y a pas de violences policières, nous n'avons pas besoin de filmer", a expliqué Assa Traoré, sœur d'Adama, dans une vidéo sur le même réseau social.
Une centaine d'élus de région parisienne ont aussi annoncé leur présence place de la République, en écharpe tricolore, et leur volonté d'être "vigilants" face à d'éventuels dérapages des forces de l'ordre.