Alors que le premier club de jeux ouvre ses portes à Paris, les "cercles de jeux" de l'après-guerre, eux, sont sur le déclin. Entre gros sous et rapports troubles avec le milieu, retour sur ces histoires...
Ils ont pratiquement tous fermé leurs portes. Aviation Club de France, Concorde, Gaillon, Eldo, Cercle Wagram... Le rideau est tombé sur tous ces tapis verts de la capitale. Le début de la fin de cette longue histoire qui remonte notamment à l'après-Seconde Guerre mondiale.
Pas de casino à Paris ?
Préserver Paris d'éventuels troubles à l'ordre public : c'est ce qui a motivé les autorités à bannir tout casino dans un rayon de 100 kilomètres autour de la capitale... A l'exception notable du casino d'Enghien, la ville d'eaux de l'agglomération parisienne. Mais cela n'a pas empêché des "cercles de jeu" de s'installer ou de prospérer à Paris. Sur autorisation accordée par le ministère de l'Intérieur.Dans ces "cercles de jeux", au nombre d'une quinzaine à Paris, on trouve alors des jeux de carte, d'autres jeux de banque comme le "multicolore", mais pas de machine à sous... Bref, pas de jeux de pur hasard.
Des associations loi 1901
Le régime de ces cercles était jusqu'à présent fixé par un décret de 1947 ! Particularité de ces cercles de jeux : il s'agit d'associations soumises à la loi de 1901. Pas de but lucratif donc... Et pas de soumission non plus aux règles de transparence qui s'imposent aux sociétés commerciales de droit commun.Des histoires troubles
Ce qui fait l'histoire de ces cercles, ce sont surtout les histoires sulfureuses qui ont entaché certains de ces établissements. 13 cercles de jeux ont ainsi fermé leurs portes depuis 2007, au gré des descentes de police. Parmi ces établissements à avoir baissé le rideau : le Cercle Wagram, dans le 17ème arrondissement, en 2011. A deux pas de la place de l'Etoile, cet établissement a financé le banditisme corse durant des années. C'est au Cercle Wagram que le gang de la Brise de mer a réglé ses comptes à l'occasion d'une guerre fratricide, donnant lieu à un procès en 2013.L'avenir passe par les "clubs de jeux"
A Paris, le premier club de jeux ouvre ses portes le 26 avril, rue Marbeuf, dans le 8ème arrondissement. Un projet à 10 millions d'euros porté par le groupe de casinos Tranchant. Dans cet établissement, pas de bandit manchot ni de roulette, mais des tables de poker, avec toutes ses déclinaisons possibles.Car depuis le 1er janvier 2018, un nouveau type d'établissement fait son apparition dans l'univers du jeu parisien. Toujours pas de casino à Paris. Mais des clubs de jeux, sociétés commerciales avec commissaire aux comptes... Un peu plus de transparence. Et sans doute plus de rentrées fiscales. Une expérimentation qui doit durer trois ans.
Dernier survivant de l'époque des cercles, le Clichy-Montmartre a vu sa fréquentation augmenter ces dernières années. Mais pour continuer d'exister, ce cercle de jeux devra se plier à la nouvelle réglementation, et muer en club de jeux.