Le Canard enchaîné de ce mercredi 7 mars révèle la première arnaque depuis la mise en place de sociétés privées pour contrôler le stationnement à Paris, il y a deux mois. L'une des sociétés attributaires du marché déclarait à la mairie de Paris des milliers de contrôles en réalité bidon.
Certaines "Cassandre", très hostiles au principe d'une privatisation, l'avaient annoncé comme inéluctable. Mais il a suffi de deux mois pour qu'une première affaire monte à la surface.
Le Canard enchaîné révèle l'histoire, ce mercredi 7 mars : des salariés de l'une des sociétés détentrice de ce marché, Streeteo, ont confié au Canard comment la société leur distribuait de longues listes de numéros de plaques d'immatriculation, choisies au hasard dans des listes de véhicules stationnant ou ayant stationné un jour dans Paris.
Des listes de verbalisations bidon
Selon ces révélations, la tâche confiée à ces salariés, travaillant dans un bureau et non pas dans les rues de Paris, était de reprendre ces listes, numéro par numéro et d'affecter à chaque numéro un motif officiel qui expliquait que le numéro avait bien été contrôlé mais qu'il y avait une raison opposable pour laquelle finalement le véhicule ne serait pas verbalisé. Par exemple parce qu'il s'agissait du véhicule d'une "personne à mobilité réduite" ou parce qu'il y avait quelqu'un au volant de la voiture en stationnement.Le motif pour lequel la dispense de paiement devait apparaître était bien évidemment de cacher le mensonge. Il fallait bien sûr éviter que les automobilistes ne reçoivent une amende contestable. Sinon, le mensonge serait rapidement apparu.
L'objectif de la société Streeteo était de "prouver" qu'elle remplissait son contrat et le chaier des charges, et notamment la clause prévoyant qu'elle procéde à 50 000 contrôles quotidiens !
Dans un premier temps, le nombre anormalement élevé de "personnes à mobilité réduite" apparaissant dans ces listes a alerté la mairie de Paris. Mais Streeteo a donné des consignes à ses employés pour qu'ils aient moins recours à ce motif. Alors, il y a quelques jours, un salarié a diffusé publiquement une vidéo où il raconte la fraude. Cette fois, la mairie a réagi plus vivement en convoquant les dirigeants de Streeteo.
La mairie hausse le ton
La mairie exige donc désormais de pouvoir contrôler tous les agents de Streeteo, de les localiser, histoire de s'assurer qu'ils sont bien dans les rues et pas dans un bureau, occupés à falsifier des listes !
Et surtout, la mairie a lancé un sévère avertissement à Streeteo : "Au moindre nouveau problème, la mairie mettra fin au contrat". Et pour achever de convaincre le prestataire (sur un contrat à 6 millions d'euros ), la mairie a commencé par infliger une pénalité de 60 000 euros à Streeteo. De quoi faire réfléchir !