Tous les musées ont fermé leurs portes. Avec le confinement, la plupart des grands musées ont mis en place des solutions pour que le public puisse effectuer une visite... derrière leur écran. La Cité des sciences et de l’industrie a décidé d'innover.
Grâce aux visites virtuelles, la culture s’explore à distance. De Montmartre au musée du Louvre, en passant par le Grand Palais ou l'opéra Garnier, les musées se dévoilent par le digital. Comme tous ces établissements culturels, la Cité des sciences et de l'industrie veut garder le lien avec ses visiteurs et propose des alternatives aux déambulations classiques.
"L’annonce du premier confinement nous a sidérés", explique François Quéré, le directeur de la communication chez Universcience (un organisme qui regroupe le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l'industrie).
"A la Cité des sciences et de l’industrie, nous sommes avant tout un lieu qui accueille les visiteurs, in situ. Ce premier confinement ainsi que le suivant nous a obligé à réfléchir à l’évolution de notre offre", confie-t-il. "Nous avons planché sur la meilleure manière d’inviter les visiteurs à pouvoir continuer de découvrir l’exposition "Jean", et nous avons fait le choix de mettre en place une version virtuelle et interactive spécialement imaginée pour une visite à distance" explique t-on du côté du musée.
Depuis le mois de décembre, la Cité accueille une exposition consacrée à un vêtement cult des gardes robes, le jean. Durant une heure le conférencier conduit les visiteurs tout au long de l’exposition. A l’aide de vidéos, il explique l’histoire de ce tissu emblématique, ainsi que toutes les techniques de fabrication. Il incite, ainsi, le spectateur à réfléchir aux conditions de production et aux répercussions environnementales de la fabrication de cette toile.
Des réservations sur Internet, le prix fixé à huit euros
"Nous voulions un niveau d’interactivité qui soit élevé. Nous souhaitions rester dans le direct, mais éviter la déambulation dans l'exposition, une solution qui ne nous convenait pas" poursuit François Quéré. "Aujourd’hui la visite virtuelle "Jean", peut accueillir un maximum de 20 personnes. Un nombre pas trop élevé afin que les visiteurs puissent poser leurs questions, évidemment par le tchat mais aussi en prenant la parole en visio-conférence. Des médiateurs scientifiques sont présents, en direct, afin de répondre aux questions des internautes".
Cette expérimentation a des aspects positifs pour la Cité. "Même si le confinement a rendu la visite différente, elle nous permet de nous adresser à d’autres typologies de public. Un des principaux intérêts, est d’avoir des visiteurs de tout âge et qui viennent de toutes les régions", conclue François Quéré.
Pour assister à la visite, il faut réserver sur internet. Le prix est fixé à 8 euros. Les visiteurs virtuels sont plutôt séduits. A l'image de Jean-Claude Delaunay pour qui s'était une expérience inédite. "J’avais envie de voir cette exposition pour deux raisons : nous avions vu il y a quelques temps un reportage sur Arte sur les impacts de la mondialisation et particulièrement sur le cycle du jean. Et en écoutant, une émission sur France Inter, le 18 décembre qui avait elle aussi comme thème de jean nous avons entendu que l’on pouvait s’inscrire à la visite virtuelle de la Cité des science, alors avec ma femme nous avons décidé de nous inscrire", explique-t-il.
Des visiteurs séduits
"Une visite virtuelle, c’était une première pour nous", raconte ce retraité qui vit en Bretagne. "Nous avons trouvé que le format était intéressant, l’expo dure une heure, et pour nous le timing était bon, il ne faut pas que ce soit trop long".
"Nous avons trouvé qu'il y avait un bon équilibre entre les propos de l’animateur qui présente l’exposition et les images". "Ensuite ce qui nous a plu, c'est qu'à la fin de l’expo, on peut poser des questions aux médiateurs scientifiques" (qui travaillent avec le commissaire d’exposition pour toute la partie scientifique de la conception de l'exposition, ndlr). "Ça permet d’avoir des réponses très précises et c’est quelque chose qui est un vrai plus, une interaction que l’on n’a pas habituellement lorsqu’on se rend sur place" reconnaît-il.
"Ce genre d’expo devrait être diffusé auprès des jeunes" poursuit-il. "Dans les écoles par exemple, c'est bien de sensibiliser les enfants à cette thématique, qu’ils prennent conscience de l’impact de nos achats sur l’environnement et je pense que l’exemple du Jean, peut les accrocher."
La visite virtuelle, c'est comme une mise en bouche",
"Le format de la visite virtuelle est intéressant mais ça ne remplace pas la visite en vrai" continue Jean-Claude. "Ce qui manque le plus, c'est qu'on ne peut pas s’arrêter sur une vitrine qui nous intéresse particulièrement et surtout on ne peut rien toucher !". "Par exemple, dans l’exposition on aperçoit un tissu-thèque, ou plusieurs type de toile de Jean sont présentées et là on a vraiment envie de les toucher"."Je pense que lorsque l’exposition sera accessible (elle dure jusqu’en 2022), on viendra la voir. La visite virtuelle c’est comme une mise en bouche mais elle ne remplace pas une vraie visite" reconnaît le jeune retraité.