Parmi les cinq patients transplantés avec les cœurs artificiels de Carmat depuis 2013, tous morts depuis, trois ont été opérés à Paris. La société retire sa demande de reprise des essais en France.
Cinq opérations, cinq décès. Après la mort d’un cinquième patient équipé de son cœur artificiel, Carmat, qui avait volontairement suspendu ses tests à la mi-octobre, retire sa demande de reprise des essais déposée le 15 novembre dernier.
Dans la tourmente : son cœur artificiel permanent, destiné aux malades qui ne peuvent pas être greffés. Créé par Alain Carpentier, l’appareil de 900 grammes vise à remédier au manque de greffons disponibles pour les victimes d'insuffisance cardiaque terminale.
Les décès, entre un et huit mois après l’opération
Trois des patients transplantés, tous morts depuis, ont été opérés dans des hôpitaux parisiens.- Le premier patient, opéré à l’hôpital européen Georges-Pompidou en décembre 2013, représente la première greffe du cœur artificiel Carmat. L’homme - souffrant d'une insuffisance cardiaque terminale - meurt en mars 2014, 75 jours après l'implantation. La cause : l'arrêt de sa prothèse, une micro-fuite ayant perturbé "l'électronique de pilotage des moteurs" selon Carmat.
- Le deuxième homme opéré à Paris, toujours à l’hôpital George-Pompidou, décède en décembre 2015, soit huit mois et dix jours après l’implantation du cœur Carmat en avril. Le patient meurt d'un arrêt respiratoire, dû à une insuffisance rhénale chronique. La prothèse fonctionnait toujours, selon la société.
- La troisième transplantation dans un hôpital de la capitale, à la Pitié-Salpêtrière en décembre 2015, conclut l'étude clinique de « faisabilité » : une phase de test qui visait la survie d’au moins deux des quatre premiers patients opérés, 30 jours après l'implantation. Trois semaines plus tard, l’homme meurt « de complications médicales non liées à la prothèse », selon une déclaration de l’hôpital reprise par Carmat.
Pourquoi Carmat retire la demande de reprise de ses essais ? Stéphane Piat, directeur général, déplore les lourdeurs qui pénaliseraient l'innovation médicale en France, dans Le Parisien : "Les demandes de documents sont trop importantes par rapport au problème identifié (...). Si l'attente des autorités est le risque zéro, beaucoup vont être déçus, en premier lieu les patients qui attendent d'être implantés."
Engagé dans un bras de fer avec l'Agence de sécurité du médicament (ANSM), la société envisage de poursuivre ses recherches aux États-Unis.