Des agriculteurs se sont fait entendre dans les rues parisiennes ce vendredi, veille de l'ouverture de Salon de l'agriculture. Deux manifestations sont organisées. Ils entendent maintenir la pression sur le gouvernement, alors que le secteur connaît une crise profonde.
"Agriculteur, petit j'en rêvais, aujourd'hui j'en crève". En contrebas du dôme doré de l'hôtel des Invalides, à Paris, une trentaine de tracteurs de la Coordination rurale décorés de pancartes campent sur la place Vauban depuis 12h30 ce vendredi.
C'est le lieu d'arrivée d'un cortège parti ce matin vers 10h de l'avenue de Versailles, près de la porte Saint-Cloud : une action autorisée par la préfecture de police et organisée par le syndicat à la veille du Salon de l'agriculture.
Faire entendre leur colère
Dans l'après-midi, Marion Maréchal Le Pen, tête de liste du parti "Reconquête!" aux européennes, est venue à la rencontre des paysans. Les tracteurs ont traversé les rues de l'Ouest parisien pendant près de deux heures, dans un brouhaha de klaxons. Sur le chemin, des passants surpris par ce spectacle peu commun applaudissent et encouragent les agriculteurs.
Manifestation des #agriculteursencolere de la Coordination Rurale à la veille de l’ouverture du #SalonDeLAgriculture de #Paris.
— CLPRESS / Agence de presse (@CLPRESSFR) February 23, 2024
Tout le long du parcours, des passants accueillent chaleureusement les #agriculteurs. pic.twitter.com/FRBx4D4CS0
"Ça fait chaud au cœur", confie Damien Chatelain, agriculteur dans le Doubs. "De voir que, même à Paris, l'ensemble des gens sont avec nous. Nous aujourd'hui on était content de voir la Tour Eiffel, eux étaient contents de voir les tracteurs!", s'amuse-t-il.
"On cherche à faire des choses symboliques, des choses qui ont du sens", explique Célestin (qui n'a pas souhaité donner son nom de famille), 19 ans et en BTS production à Metz, au volant de son tracteur. "Avec toutes ces contraintes et toutes ces normes, la passion pour le métier ne suffit plus".
"On attend du gouvernement qu'il prenne la mesure du mécontentement", avance de son côté Jean-Luc Allain, agriculteur et président de la Coordination rurale dans la Somme. "Le but c'est d'assurer la souveraineté des gens, et pas que l'on importe en permanence des produits étrangers", assure-t-il.
"Maintenir la pression sur le gouvernement"
Barbecue, rillettes, baguette et vin rouge servis sous un grand barnum jaune... La mobilisation se poursuit avec un pique-nique sur la place Vauban lors duquel les passants sont invités à échanger avec les agriculteurs sur leur condition de vie et de travail.
"Nous on est au début de la chaîne, et eux, ils sont à l'autre bout. On n'est pas assez payé, et puis eux ils payent trop", estime Damien Chatelain. "On veut les sensibiliser sur le fait de consommer local et de consommer français, et regarder aussi la qualité des produits", ajoute Anthony Sage, également agriculteur dans le Doubs.
Le rassemblement se déroule dans le calme, en présence d'une vingtaine de camions de policier sur la place Vauban. Seule complication : un tracteur a malencontreusement enfoncé un trottoir à cause de son poids en se garant sur la place.
Les agriculteurs ont l'autorisation d'occuper les lieux jusqu'à 17h30, selon le syndicat. "On veut maintenir la pression sur le gouvernement pour qu'ils agissent : qu'ils mettent la pression sur les industriels et qu'ils mettent la pression sur les grandes surfaces. Nous ce que l'on veut c'est du revenu, c'est pas des aides", déclare Damien Chatelain.
La Coordination rurale négocie avec la préfecture pour la suite de ses actions, pendant le Salon.