Une résidence de la Ville de Paris vient de gagner deux étages. Dans son plan local d'urbanisme bioclimatique, voté mercredi, la mairie souhaite développer la surélévation des immeubles, construire sur les toits pour répondre à la demande de logements sans sacrifier les espaces verts ou non-construits.
Collé à la petite ceinture dans le 20e arr., une résidence sociale de la Ville de Paris a grandi de deux étages. Ce bâtiment du bailleur social Habitat social français, filiale de la régie immobilière de la Ville de Paris, a gagné en hauteur. De 3, il est passé à 5 étages.
Seize logements allant du studio au trois pièces ont été construits sur le toit, en même temps que la réalisation de travaux d'isolation thermique de la façade de l'immeuble datant de 1980. Le tout pour un montant de 5,7 millions d'euros.
Surélever les bâtiments pour construire des appartements
Dans son plan local d'urbanisme, voté ce mercredi 20 novembre, la mairie de Paris se fixe pour objectif de créer 1.000 logements par an en surélevant les bâtiments existants. L'enjeu est de taille pour la ville de Paris, où se loger relève du casse-tête, et où les espaces verts sont limités.
Principal avantage de cette technique : elle n'utilise pas de terrains non-construits, utiles en tant qu'espaces verts pour limiter les îlots de chaleur.
Des travaux coûteux et complexes
Les travaux sont complexes et onéreux, explique au micro de France 3 Paris Île-de-France Alexis Joly, président de la société SNERCT Construction, qui a réalisé les travaux. "La surélévation coûte deux fois plus cher, car il faut renforcer le bâtiment existant et parce que nous sommes en site occupé. Il va falloir prendre soins des gens qui habitent en dessous, on va avoir toute une complexité propre à la surélévation qui induit des coups que l'on ne peut pas réduire."
"Les murs n'étaient pas assez solides pour supporter le poids de deux étages supplémentaires, donc on a renforcé toutes les poutres du sous-sol avec des plaques et des tiges de carbone", détaille Valentin Mention, architecte au cabinet Atelier Choiseul. Dans d'autres cas, "il faut parfois renforcer les fondations", ce qui implique de "casser la dalle" de béton à la base du bâtiment, poursuit-il.
Pour construire sur le toit, il a aussi fallu le mettre à nu, retirer toutes les couches d'isolants, ce qui a favorisé les infiltrations d'eau, au plein milieu de l'hiver 2023-24, qui a été pluvieux. "On a proposé aux locataires du dernier étage d'être relogés, on a fourni des casques anti-bruit, on s'est engagé à réparer les dégâts et on a été présent tout au long des travaux pour écouter les habitants", détaille à l'AFP, Marie-Camille Auger, directrice de la maîtrise d'ouvrage chez HSF.
La complexité technique de tels travaux, la gestion des habitants et le coût élevé rebutent nombre de constructeurs et bailleurs pour le moment. L'adjoint à la mairie de Paris chargé du logement, Jacques Baudrier, souligne que rajouter des étages est moins rentable en dehors de Paris, où les prix du foncier sont moins élevés et les terrains moins rares.
Après dix ans d'expérience de surélévations au sein du parc social, la solution "fait ses preuves" pour Jacques Baudrier. Les surélévations vont décoller "dans trois ou quatre ans", espère-t-il.