VIDEO. Le nouveau PLU, plan local d'urbanisme bioclimatique, débattu et adopté au Conseil de Paris

Un nouveau plan local d'urbanisme (PLU) a été soumis au vote du Conseil de Paris ce lundi. L'occasion pour les élus de la majorité et de l'opposition d'échanger sur leurs nombreuses divergences, alors que ce plan doit déterminer la stratégie de la Ville en matière de climat et de logements pour les vingt années à venir.

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"Un moment historique", "une étape cruciale" pour une "transformation de la ville"… Lorsqu’il s'agit du nouveau plan local d'urbanisme (PLU), Anne Hidalgo ne mâche pas ses mots.

Ce document d'urbanisme, qui "fixe et impose, sur la majeure partie du territoire parisien, les règles d'occupation et d'utilisation du sol", a été proposé au vote lors du Conseil de Paris qui s'est tenu ce lundi 5 juin. Alors que le dernier date de 2006, ce nouveau PLU se distingue par sa mention de "bioclimatique". Signe qu'il s'inscrit en réponse "aux défis qui sont les nôtres", c’est-à-dire de réduction de "l'impact de la crise climatique", a insisté la maire Anne Hidalgo.

À l'occasion des échanges qui se sont tenus lors du Conseil de Paris, deux sujets ont cristallisé le débat : la lutte contre le réchauffement climatique et la mise en œuvre d'une nouvelle politique en matière de logement. Deux enjeux au cœur des discussions actuelles, alors que les vagues de chaleur risquent de devenir la norme dans la capitale et que 2,4 millions de personnes sont en attente d'un logement social en France.

Rafraîchir Paris

Parmi les grandes mesures de ce PLU, la "dédensification" de Paris avec 40% de l'espace public qui devrait être "désimperméabilisé" d'ici 2050. Mais également la création de 300 hectares d'espaces verts à l'horizon 2040. Un objectif qui permettrait à la Ville de répondre aux normes de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui préconise, pour chaque habitant, de disposer d'au moins 10m2 d'espace vert. Pour lutter contre les îlots de chaleur urbains, le PLU prévoit également de végétaliser les toits et les façades parisiennes. Ou encore de la mise en place d'"espaces verts protégés".

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Le nouveau PLU, plan local d'urbanisme bioclimatique, débattu et adopté au Conseil de Paris ©France 3 PIDF

Un revirement de situation pour les élus de l'opposition qui dénoncent la politique de bétonisation engagée par la Ville depuis le dernier PLU. "Vous avez bétonné Paris depuis 2006, avec la promotion d'un projet anti-écologique [...]. Vous avez créé des îlots de chaleur comme sur la place de la République", s'est ainsi exprimée Maud Gatel, secrétaire générale et présidente du MoDem au Conseil de Paris.

Cette critique à l'égard du bilan écologique de la majorité est revenue à plusieurs reprises. L'opposition reproche le manque d'actions et de réalisme de certains plans comme le Plan Arbre, qualifié d'"échec" par Catherine Ibled (groupe Indépendant et Progressistes), qui prévoit la plantation de 170 000 arbres dans la capitale d'ici 2026, alors qu'actuellement aucune forêt urbaine promise en 2021 n'a encore vu le jour.

Favoriser la mixité en matière de logement

Côté logement, le PLU vise un objectif de 30% de logements sociaux d'ici 2030, afin de "garantir une meilleure mixité sociale". Une façon également de "remettre à disposition des logements et de lutter contre le développement des meublés touristiques qui se fait au détriment des habitants", a insisté l'édile de Paris. Ce nouveau texte prévoit également que tout immeuble de bureaux de plus de 5 000 m2 construit ou rénové consacre 10% de sa surface à la création de logements pour une meilleure "mixité fonctionnelle". Des mesures "contre-productives", selon l'élue LR Valérie Montandon, qui vont "décourager les propriétaires à faire les rénovations thermiques".

Les communistes, par la voix de Jacques Baudrier, mettent en avant "un PLU historique pour les équipements publics" avec 180 parcelles réservées à la santé, au sport, à la culture ou à la petite enfance.

Sur ce PLU, les Verts ont également fait savoir leur satisfaction après avoir obtenu une limitation des futurs immeubles à 37 mètres de hauteur, la "hauteur historique de 1977" à laquelle les socialistes ont ensuite dérogé jusqu'à 180 mètres avec le tribunal des Batignolles, une tour Duo et la tour Triangle actuellement en construction, a rappelé Emile Meunier. De nouvelles réglementations applaudies par Emile Meunier, conseiller écologiste de Paris et président de la commission Urbanisme et Logement : "Vous avez accepté de tourner la page de la densification, avec nouveau PLU, la nature devient le principe et la construction l'exception."

Mais ces mesures ont là encore été critiquées par l'opposition, qui dénonce la contradiction de ce plan entre une volonté affichée de végétaliser la ville, tout en augmentant la capacité du parc locatif. "Vous espérez atteindre un objectif de 30% de logements sociaux, mais où allez-vous pouvoir trouver tout cet espace quand dans le même temps vous annoncez dédensifier la ville?", s'est interrogée Catherine Ibled.

Pour Rachida Dati, maire du 7e arrondissement et membre du groupe "Changer Paris", ce PLU est à revoir. "Paris qui a fait rêver le monde est devenu une ville que l'on fuit", s'est-elle insurgée, alors que 120 000 Parisiens ont quitté la capitale depuis dix ans (Insee). En matière de logements, l'ancienne ministre de la Justice a dénoncé des préemptions jugées "excessives" de la municipalité et a appelé à accélérer les rénovations. Car avec ce nouveau PLU, environ 1 000 nouvelles réserves - des parcelles "pastillées" pour devenir des logements sociaux - ont été identifiées, avec un budget pour les préemptions qui doit doubler, passant de 200 à 400 millions d'euros. La hausse de la taxe foncière décidée fin 2022 permet de financer cette mesure.

Enfin, si la liste des bâtiments protégés par la mairie doit s'allonger de plus de 800 adresses, les surélévations resteront possibles dans les rues les plus larges. Rachida Dati a dénoncé les 1 500 surélévations permises par la gauche parisienne depuis l'adoption de l'actuel PLU en 2006, qui ont "contribué à la disparition des dents creuses et de notre patrimoine faubourien". Avec ces mesures, l'exécutif pourra "densifier davantage", redoute Jean-Pierre Lecoq (LR), alors que les 3,8 millions de m2 construits depuis vingt ans ont "saturé et minéralisé la ville", déplore Pierre-Yves Bournazel (Horizons).

En fin de soirée, le texte a finalement été adopté dans sa version initiale. Une victoire permise notamment par l'alliance faite au préalable au sein de la gauche, entre socialistes, communistes et écologistes. Une bonne nouvelle pour Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la Mairie de Paris en charge de l'urbanisme et de l'architecture, qui a qualifié ce PLU d'"acte fondamental" pour la transformation de Paris. Ce nouveau PLU n'interviendra dans sa version définitive que fin 2024 ou début 2025 à l'issue d'une enquête publique.

 

 

 

 

 

 

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