Coronavirus : l'inquiétude des professeurs et des parents d'élèves avant la rentrée scolaire

Méthodes d'apprentissage, professeurs potentiellement malades, remplaçants en faible nombre ou gestion des cantines scolaires : les sujets d'inquiétudes sont nombreux avant la rentrée scolaire.

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Après deux mois sans voir ses élèves, Françoise Onic ne sait pas trop comment elle va les accueillir. Car cette rentrée, masquée, sera sans nul doute bien différente des précédentes.

Cette enseignante dans une école maternelle du XIe arrondissement de Paris explique tout d'abord qu'il a été décidé que seul un des deux parents pourrait accompagner leurs enfants. Mais le sujet du masque est celui qui la préoccupe le plus. "C'est très triste de recevoir les enfants avec un masque. C'est très particulier, cela a un côté un peu anxiogène", explique-t-elle.

Lire une histoire avec un masque, c'est presque impossible. Car analyser un regard, déjà que c'est dur pour les adultes, ce n'est pas possible à leur âge.

Françoise Onic, enseignante

Au quotidien, la communication avec ces jeunes enfants pourrait être perturbée. "L'échange et le partage sont les objectifs de la maternelle. On travaille sur l'articulation, les syllabes, je ne sais pas comment on va faire. Lire une histoire avec un masque, c'est presque impossible. Car analyser un regard, déjà que c'est dur pour les adultes, ce n'est pas possible à leur âge", pense Françoise Onic.

Elle préconise ainsi le port d'une visière transparente, mais pour l'instant, cela n'a pas été accepté par le ministère de l'Éducation nationale. Seul soulagement pour elle : "au moins, les enfants pourront partager leurs jouets".  

Les écoles, des foyers de contamination ?

Pour la Fédération des Conseils de Parents d'Élèves (FCPE) de Paris, la principale inquiétude est de voir les cas de personnes atteintes du Covid-19 se multiplier. "Nous pensons que des professeurs vont être contaminés et tomber malade. Notre inquiétude porte sur le nombre de remplaçants, que ce soit pour les professeurs ou le personnel administratif", indique Ghislaine Morvan-Dubois, vice-présidente de l'organisation.

Si un tel cas se produit, ce sont les chefs d'établissement qui pourront décider des mesures à prendre. Le rectorat privilégierait une fermeture des classes concernées. "Nous demandons de la transparence lorsqu'un cas est connu. Au moment de l'épidémie, nous avons eu quelques cas de retard pour fermer les classes alors que nous avions des remontées de cas d'élèves ou de professeurs contaminés", se remémore-t-elle.

D'autre part, certains parents seraient réticents pour envoyer leurs enfants en cours. "Surtout des parents fragiles qui ont peur d'être contaminés à leur tour", précise la responsable de la FCPE.

L'épineux sujet de la cantine

Autre point problématique, celui de la cantine scolaire. Selon Ghislaine Morvan-Dubois, "c'est un gros point de discussion. Elle est à la fois indispensable, on l'a vu aux mois d'avril, mai et juin. Des enfants avaient faim parce que la cantine n'était plus accessible et c'était dramatique de ne pas pouvoir offrir un repas par jour aux enfants dans certains cas. Mais d'un autre côté, certaines sont bondées. Les élèves mangent, enlèvent le masque et c'est un moment de discussion pour eux."

La situation peut être inégalitaire selon les établissements à Paris avec 160 000 élèves répartis dans 762 écoles dans le premier degré et le même nombre d'élèves partagés entre 349 établissements scolaires dans le second degré.

"Dans la plupart des collèges, il y a deux ou trois services déjà. Il y a la queue pour prendre un plateau, les élèves sont entassés les uns sur les autres", déplore-t-elle. Surtout, à Paris encore plus qu'ailleurs, les locaux ne sont pas extensibles. Instaurer une distance suffisante entre les tables risque bien de donner des sueurs froides aux personnels éducatifs.
 
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