Crack à Paris : "On est revenu au point de départ". Les toxicomanes de retour dans les rues du Nord-Est parisien

Le 5 octobre dernier, le camp de consommateurs de crack du square de Forçeval a été démantelé. Depuis un mois, les habitants du nord-est parisien alertent sur le retour des toxicomanes vers d'anciens points de deal notamment dans le XIXe arr..

"Depuis l'évacuation de Forceval, les toxicomanes sont de retour en masse." Pour Frédéric Francelle, habitant du 19e arrondissement et porte parole du Collectif 19, le constat est clair. Les consommateurs de cracks sont revenus dans les rues de cet arrondissement de l'Est parisien et notamment sur les bords du canal de l'Ourcq.

"Aujourd'hui, ils errent dans les rues de l'arrondissement. Ils s’agrègent ou se dispersent au gré du vent et surtout des passages de voitures de police. Dès que l'on voit apparaître une voiture de police quai de Seine, on aperçoit les toxicomanes qui s'éparpillent avec précipitation !", s'exclame-t-il.

Et de poursuivre : "C’est donc un retour au point de départ mais en pire. Comme il y a 10 ou 15 ans, avant la "Colline du crack", avant les jardins d'Éole, avant Stalingrad quand ils étaient éparpillés dans les rues et qu'ils s’enfuyaient à chaque passage policier."

De nombreuses réactions sur les réseaux sociaux

 

D'autres associations de riverains alertent également sur le retour des toxicomanes par le biais des réseaux sociaux. Le collectif Stop Crack Eole s'insurge. Sur Twitter, ses membres interpellent le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, en demandant "quand allez-vous intervenir ?". Ils estiment avoir déjà "trop subi". Les toxicomanes avaient été évacués des jardins d'Eole une première fois en 2021 et déplacé porte de la Villette. Selon eux, le trafic a repris 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 depuis quelques semaines.

 

Même son de cloche pour les habitants proches de la place Stalingrad. Dans une vidéo amateur relayée par le compte "Au cœur de l'enfer de Stalingrad", un internaute filme un groupe de plusieurs dizaines de "crackers" qui ont réinvesti les environs du quai de Seine dans le XIXe arr..

 

Les riverains aussi se plaignent du retour des consommateurs depuis quelques semaines. Sur Twitter, les témoignages affluent de la part d'habitants excédés. Certains dénoncent le retour "du triangle du crack". D'autres demandent aux responsables politiques d'agir en conséquence.

Enfin, certains regrettent que "rien ne semble avoir changé" dans la prise en charge de crackers. Un avis partagé par Frédéric Francelle : "Le souci c'est que le campement a été évacué, mais il n'y a eu aucune solution pour essayer de les sortir de la rue, les accompagner vers l'arrêt de la consommation. Ils continuent de consommer mais discrètement pour ne pas se faire embarquer par la police", note-t-il.

 

"Les consommateurs sont éparpillés et plus difficiles à retrouver"

Cette évacuation a également eu un impact sur le travail des centres médico-sociaux qui s'occupent de recenser et soigner les consommateurs. Il est plus compliqué depuis un mois. "Ils sont éparpillés dans plusieurs endroits du Nord-Est parisien, les maraudes en retrouvent près du métro ou encore sous des ponts", souligne Christine Pecquart, addictologue membre de l'association Charonne Oppelia qui opère de nombreux centres de désintoxication en région parisienne.

Elle explique que l'association a de "grandes difficultés à retrouver les consommateurs". Selon elle, cette dynamique est habituelle après une évacuation. "Les déplacements des consommateurs sont soumis aux actions policières depuis trente ans", fait-elle remarquer. 

Elle déplore que ce démantèlement ait été décidé sans concertation auprès de structures médico-sociales. "En réfléchissant ensemble, on pourrait mieux canaliser les choses. Cela pourrait se faire en créant des lieux adaptés aux consommateurs actifs à travers un accès aux soins facilité et des lieux de consommation." 

Depuis le 5 octobre, la spécialiste remarque que son centre n'a pas connu une hausse importante de la fréquentation. Le jour du démantèlement, Charonne Oppelia avait signé une tribune avec d'autres associations pour alerter sur la situtaion actuelle.

 Celle-ci exhortait déjà les pouvoirs publics de s'emparer "des solutions sociales et sanitaires" pour venir en aide aux consommateurs.   

 

   

     

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