L'interdiction de se déplacer à plus de 100 km de son lieu d'habitation permet à certains professionnels de tirer leur épingle du jeu. De nombreux Parisiens et Franciliens à la recherche d'espace réservent des gîtes dans la région.
Quand la directrice des gîtes de Seine-et-Marne regarde les chiffres des réservations dans le département, elle retrouve le sourire. Après des mois difficiles, 80% des établissements sont déjà loués, sachant que la majeure partie des 20% qui restent sont fermés.
"Ce sont des chiffres inédits. En général, cela dépend des dates, de la météo. Cette saison, on est gâté. Et les gens ont envie de sortir, d'avoir ce sentiment de liberté", affirme Catherine Boussi-Astier.
Ce sentiment, Albertine l'attend depuis des semaines, elle qui était confinée dans un appartement des Hauts-de-Seine. Elle consulte régulièrement les sites d'annonces de maisons à louer dans la région pour passer un moment en famille. Peu lui importe où, le seul critère est une piscine.
"Comme on ne peut pas aller à la mer, on veut pouvoir se baigner. Cela permet aussi de se rendre compte qu'il y a de très belles maisons en Île-de-France, dans des coins tout aussi verts qu'ailleurs", raconte-t-elle.
Besoin d'espaces et de nature
La directrice des gîtes de Seine-et-Marne fait le même constat : "Pour avoir échangé avec mes collègues de la grande couronne, les gens ne cherchent pas à aller trop loin, tout ce qu'ils veulent c'est un gîte".Selon elle, deux types de touristes sont particulièrement à l'affut de ces réservations. D'abord, des groupes de jeunes qui ne se sont pas vus depuis longtemps, et d'autres qui ont ressenti le besoin d'avoir de l'espace. En Seine-et-Marne, selon Catherine Boussi-Astier, ces clients viennent pallier ceux qui venaient auparavant de la région PACA ou du Nord de la France.
Catherine Sergent, présidente de l'association Dormir en Vallée de Chevreuse (Yvelines), a elle aussi vu ce boom des réservations. "Ce sont surtout des Parisiens qui appellent et qui nous disent 'on a besoin de vert, est-ce que vous avez des vélos ? Où êtes-vous par rapport à la forêt ?'".
"Le Parisien ne vient pas normalement"
Cet engouement ne profite pas à tout le monde. "Avec la nature, et l'espace surtout, on tire notre épingle du jeu. Les clients n'ont pas envie de se retrouver dans des hôtels car il y a trop de personnels. La petite structure, du gîte ou de la chambre d'hôtes, cela leur va très bien", avance celle qui est aussi propriétaire de chambres d'hôtes.Si ce phénomène permet à certains professionnels du tourisme de redresser la tête, pas question de se réjouir trop vite. "Financièrement, on est dans le rouge. Je ne loue que trois chambres sur quatre pour ne pas avoir trop de monde. Cela nous rassure, comme pour les personnes qui viennent", indique-t-elle.
Catherine Sergent espère ainsi fidéliser une nouvelle clientèle. "Le Parisien, il ne part pas en vacances ou en week-end dans la vallée de Chevreuse d'habitude. C'est très positif, on peut montrer notre région !" Une clientèle qui dans les mois à venir pourrait être cruciale pour la survie de ces structures.