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DOCUMENTAIRE. PNL, Booba, Sofiane, Kaaris : qui est l'empereur du rap parisien ?

Paname, le grand Paris du Rap

Le rap français se construit autour de territoires. Chaque rappeur représente sa ville, son département ou son quartier. Mais quelle est la véritable capitale du rap français et qui l'incarne le mieux ? Pour tenter de répondre à ces questions, retour sur l’histoire du rap, de la banlieue à Paris.

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Début 2000, le rap en Île-de-France, c'est surtout une scène totalement délaissée par les maisons de disque. Si on veut se faire connaître, on vend ses albums et ses t-shirt à Clignancourt et on poste les vidéos des freestyles sur MySpace. Début 2000, le public ne connaît que le rap street de NTM et le rap plus pop de Diam's mais fini l'âge d'or des années 90, le rap est tombé en désuétude. Les médias traditionnels boudent les rappeurs qui ne sont d'ailleurs plus très nombreux. 

"Sexion d'Assaut le 75 en personne"

C'est un ovni qui va faire passer le rap d'une industrie de bouts de ficelle à un marché de grande envergure. Et cet ovni s'appelle Sexion d'Assaut. Un groupe de Parisiens pas forcément bien vu des afficionados du rap plus hardcore qui venait alors de banlieue. "On n'était pas des voyous, on était des mecs des rues" rappelle Adama, l'un des membres du groupe. Des parigots qui vivent alors dans la même galère que celle décrite par les autres rappeurs mais brandissent le 75 comme un totem dans leurs couplets. Un rap parisien qui s’inspire du « ghetto chic » et offre à la Sexion un son unique sur fond de street mais accessible au public du centre-ville. 

durée de la vidéo : 00h01mn17s
Sexion d'Assaut - Booska P ©France 3 PIDF

Fif, co-fondateur de Booska-P, voit déjà un groupe de stars et l'avenir lui donne raison. En 2009, la Sexion sort son premier album. Ce qui devait alors être un meet-up avec quelques fans se transforme en bain de foule devant Beaubourg. À la FNAC de Châtelet, les cent copies de l'album partent en quelques minutes. Tout ça, sans l'aide d'un label ou des médias. Le crew a compris qu'il pouvait se vendre seul grâce à internet et au développement des réseaux sociaux. 

S'en suit un nouvel album et "Désolé". « C’était pas prévu » confie Adama, une semaine plus tard, le titre est disque d’or. La Sexion d'Assaut est propulsée sur une autre planète. Décrié par ses pairs pour son côté trop lisse, le groupe a permis au rap de s’imposer dans les charts et de trouver une porte d’entrée dans tous les foyers. Les médias traditionnels s’emparent du phénomène. Sexion d'Asaut remet Paris sur la carte du rap. 

"Toujours en équipe, on préfère être en car qu'être en Porsche"

En parallèle de l'apogée de Wati-B, c'est bien entouré qu'Alpha Wann débarque avec l'Entourage, le S-Crew et 1995 pour ramener le rap des anciens. Nekfeu, Sneazzy et tous leurs amis se réunissent quotidiennement sur un terrain vague de Ménilmontant. Là-bas, on pratique la culture de la punchline et du freestyle. Dans cette plaine, les rappeurs sont biberonnés au rap des 90's. Peu importe d'où tu viens tant que tu as les références. Ces gars-là sont partout, à tous les open-mic et remettent à eux-seuls les battles au goût du jour en créant le "Rap Contenders" dont le premier épisode devient tout de suite viral. 

durée de la vidéo : 00h02mn56s
Rap Contenders - Alpha Wann ©France 3 PIDF

Le David contre Goliath touche, au-delà même du public habituel. Le projet "Rap Contenders" ne va faire que grossir. Pour la première fois, des rappeurs ont le matériel nécessaire pour faire du son seuls. Pas besoin d'aller en studio ou d'attendre qu'un gros label vous repère. Il suffit d'une carte son, d'un micro, d'un ordinateur et d'un bon logiciel pour enregistrer ses productions. Le home studio est accessible à tout le monde et Youtube est à son apogée.

C'est donc tout naturellement qu'Alpha Wann, 1995 et le S-Crew créent leurs chaînes Youtube et si la réussite commerciale n'égale pas celle de Sexion d'Assaut, l'impact et l'influence de ces trois crews dans le monde du rap sont bien réels. C'est toute une génération qui va être influencée par les créateurs des "Rap Contenders" mais entretemps, une scission se crée entre le rap parisien inspiré des 90’s et un rap plus référencé 2000.

"J’viens de Sevran et les vrais le savent"

Après plusieurs années à être dominé par les rues parisiennes, le rap de banlieue prend sa revanche avec l'arrivée de la trap et d'un nouveau venu propulsé par Le Duc, Booba. Si 1995 s'inspire du passé, Booba, lui, regarde vers le futur et collabore un certain Kaaris sur "Kalash" en 2010. Année charnière pour ce petit nouveaux de Sevran qui va prendre sa chance et embrasser la trap pour retrouver un rap plus hardcore. Le binôme Kaaris/Therapy Music, son label, va débarquer en force et mettre un sacré coup de pression à tous les artistes parisiens. 

durée de la vidéo : 00h01mn22s
Kaaris - Zoo ©France 3 PIDF

Kaaris signe en 2012 et sort « Zoo ». L’album "Or Noir" sort un an après et les ventes donnent raison au Sevranais. C’est officiel, Kaaris a rouvert le game du rap hardcore. En deux ou trois mois, "Or Noir" est disque d’or et c'est à Sevran qu'on trouve les meilleures productions. À partir de 2015, on assiste alors à un nouvel âge d'or du rap, notamment, grâce à l'explosion du streaming. Les courants se multiplient, le rap se fait parfois plus doux, plus entraînant voire même plus dansant. 

"La moula vient d'Paname"

En suivant l'exemple de Kaaris, MHD s'essaie lui aussi à la trap mais sans grand succès. Dans la team 1.9 Réseaux, ce n'est pas le plus doué mais ça, c'est parce que le livreur de pizzas ne sait pas encore qu'il doit trouver son style à lui. C'est à travers une vidéo de quelques secondes, en posant ses rimes hardcore sur la musique afro de Shekini, "Psquare" que MHD va devenir le père de l'afrotrap. Le gamin de la Cité Rouge provoque un raz-de-marée avec des paroles inspirées trap mais un son dansant qui arrive vite dans les plus gros clubs de la capitale et bientôt dans ceux du monde entier. 

durée de la vidéo : 00h00mn50s
MHD - afrotrap ©France 3 PIDF

Si à Paris c’est la Champions League, MHD n’oublie pas la petite et la grande couronne dans ses sons. Il a amené un autre rap et a dépassé les frontières de la capitale, emmenant avec lui toute la France sur la scène internationale. 

"Chez moi, on t'aime puis on t'oublie. Chez moi, on saigne puis on grandit"

Chez lui, ou plutôt, chez eux, c'est à Corbeil-Essonnes dans un département longtemps oublié par le rap. Tous les territoires ont eu leur heure de gloire mais en Essonne, difficile de ralier les Pyramides et les Tarterêts sur un même son. Et pourtant, personne n’a venu venir PNL. Sortis de nulle part, ils ont imposé leur cloud rap sans avoir jamais signé avec un quelconque label ou donné d’interview. Nourris à cet entre soi du 91, ils créent l'exploit en touchant tous les publics. 

durée de la vidéo : 00h01mn39s
PNL - Tarterêts ©France 3 PIDF

Loin de la colère et du rap sale, PNL prend le chemin du spleen. Mis de côté pendant longtemps, le 91 envahit la scène : Niska, Alkpote, Ninho pour ne citer qu'eux. Assis au dernier étage de la Tour Eiffel, PNL parachève son ascension et rapproche toute une nouvelle génération de rappeurs des étoiles. 

"C'est nous le Grand Paris"

Cet âge d'or va aussi inspirer les anciens à revenir sur le devant de la scène. Parmi eux, Sofiane représentant du kick de Seine-Saint-Denis. Il était temps que le département, considéré comme un des berceaux du rap francilien, vienne titiller les petits nouveaux. À plus de trente ans, le rappeur revient avec un rap construit et une prod efficace. Il connaît l'industrie et il a un carnet d'adresses bien rempli. Celui qui se qualifie lui-même de "chaînon manquant entre les deux générations" reprend sa place sur le ring. 

durée de la vidéo : 00h00mn28s
Sofiane - 93 ©France 3 PIDF

C'est finalement sous l'impulsion du 93 qu'ancienne et nouvelle génération, rappeurs de banlieue et rappeurs de Paris, vont se réunir sur une même prod. "La banlieue influence Paname, Paname influence le monde", c'est ce que répètent Médine, Lartiste, Lino, Sofiane, Alivor, Seth Gueko, Ninho et Youssoupha dans le titre "Grand Paris". Bien avant la bande organisée marseillaise, les rappeurs parisiens ont compris qu'ils représentaient eux-aussi une scène incontournable du rap français.

Pour retrouver tous nos documentaires en intégralité, rendez-vous sur france.tv/idf

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