La Ville de Paris a mené une étude sur la présence de plomb dans les crèches et les écoles parisiennes. Anne Souyris, élue (EELV) en charge de la Santé nous en présente les premiers résultats. Ingéré, le plomb peut s’avérer extrêmement dangereux pour le développement des enfants.
Pourquoi une telle étude ?
Anne Souyris : Dans le cadre du plan Paris santé environnement, adopté en Conseil de Paris, nous avions décidé de surveiller les écoles. Sachant que le plomb a une toxicité importante pour les enfants jusqu'à l'âge de sept ans, nous voulions vérifier de manière systématique, tous les établissements accueillant des enfants de zéro à sept ans, écoles maternelles, élémentaires, y compris les crèches. (Le plomb est responsable de saturnisme, entraînant des retards de développement Ndlr).
Nous avons commencé à faire un travail d’investigation dès 2019. En raison de la crise sanitaire, les études ont été reportées. L'incendie de la cathédrale de Notre-Dame (et ses dégagements de plomb, Ndlr) nous a également alerté. Nous avons commencé les investigations en septembre 2021 qui se sont poursuivies tout au long de l'année scolaire 2021-2022. Aujourd’hui, 61 établissements sur 80 ont été inspectés et nous aurons fini la totalité des établissements d'ici la fin de l'année.
Comment avez-vous procédé ?
AS : Nous avons donc étudié les terres dans les cours d’école, des terres qui ont été importées pendant des années avant que l'on prenne conscience de la dangerosité du plomb et qui venaient souvent de sites industriels pollués. Nous avons également analysé les peintures, sur les murs ou autour des fenêtres par exemple, et prélevé les poussières.
Quels sont les premiers enseignements ?
AS : Nous avons donc une première photographie : il y a du plomb dans les deux tiers des écoles ou crèches inspectées. 43 établissements sur 61 font état d’au moins un signalement au plomb, supérieur à la norme, que ce soit dans les peintures, les terres meubles ou les poussières.
Les taux de plomb sont liés aux dates de construction des établissements. Les plus touchés sont ceux ouverts entre 1900 et 1948, puis de 1949 à 1994. A partir de 1995, la loi ayant changé, on ne trouve plus de plomb.
Des écoles dans les 16e ,7e, 9e ou 12e arrondissements sont touchées. On en trouve moins dans les quartiers plus populaires qui ont été reconstruits.
Des analyses ont-elles été effectuées sur les enfants ?
AS : Là où des taux de plomb notables ont été découverts, nous avons décidé d’effectuer des plombémies, des prélèvements sanguins chez les enfants. 673 enfants ont été testés. (soit 6 écoles, maternelles et élémentaires). Un courrier avait été envoyé aux parents et cela en lien avec l'ARS, l'Agence régionale de santé.
Dans la loi, le seuil d'alerte se situe à 50 microgrammes de plomb par litre de sang. À la mairie de Paris, nous avons décidé d’abaisser ce seuil 25 microgrammes.
Un seul enfant sur 673 a été testé avec un taux compris entre 25 et 50 microgrammes de plomb par litre de sang, sous le seuil officiel, mais dans nos critères d’alerte. Nous allons faire une enquête sanitaire et sociale pour comprendre d'où vient cette contamination au plomb et établir un suivi médico-sanitaire de l'enfant.
La totalité des établissements sera inspectée d'ici la fin de l'année et l'étude devrait être publiée début 2023. Des travaux ont été engagés ou pourront l'être dans les établissements pollués au plomb. Nous souhaitons également faire évoluer les seuils d'alerte qui nous semblent aujourd'hui encore trop élevés, conclut Anne Souyris.