Des élus veulent généraliser la possibilité d'ouverture d'enseignes le dimanche à Paris

A Paris, 12 lieux dits "zones touristiques internationales" (ZTI) permettent à des enseignes d'ouvrir le dimanche s'il y a un accord d'entreprise. Des élus parisiens macronistes veulent étendre la mesure à toute la capitale pour "éviter les injustices".

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La loi Macron a deux ans et demi à peine. Serait-elle déjà obsolète ? Le débat sur le travail du dimanche est bien de retour et s’invitera au menu du prochain Conseil de Paris le 20 mars.  Petit rappel : la loi du 6 août 2015 "pour la croissance, l'activité et l'égalité des chances économiques" offrait la possibilité aux enseignes situées dans des "zones touristiques internationales" (ZTI) d’ouvrir tous les dimanches après avoir signé un accord d’entreprise.

A Paris, 12 ZTI étaient ainsi créées. Insuffisant pour les membres du groupe PPCI (Parisiens progressistes, Constructifs et Indépendants) au Conseil de Paris, des élus de droite ouvertement "macron-compatibles". Ils proposent que toute la capitale soit classée en zone touristique internationale. Jérôme Dubus, le porte-parole du groupe y voit un bénéfice en termes d’attractivité pour Paris (à Londres et à Rome, les commerces ouvrent déjà tous les dimanches) et d’emploi : "15.000 créations de postes selon des projections de la chambre de commerce", selon lui. Enfin pour l’élu du 17e arrondissement, "cela signifierait qu’il n’y aurait plus d’injustice entre les commerces. Selon que vous êtes du bon côté de la rue en ZTI ou du mauvais côté, vous pouvez ouvrir ou pas, c’est une injustice à laquelle il faut mettre fin. C’est pour ça que nous plaidons pour que Paris soit une zone touristique à part entière."


Le petit commerce menacé ?


Difficile d’imaginer Anne Hidalgo cautionner une telle mesure, sauf à prendre le risque d’une rupture brutale avec ses alliés écologistes et communistes. La majorité parisienne devrait donc s’opposer à cette initiative même si le groupe PPCI demandera un vote à bulletins secrets espérant ainsi que certains socialistes s’affranchiront des consignes de vote.

Porte-parole du collectif Clic-P, opposé au travail dominical, Karl Ghazi n’est pas étonné de cette nouvelle offensive en faveur de l’ouverture des commerces le dimanche. Pour le responsable CGT, "ce sont toujours les mêmes lobbies, ceux de la grande distribution qui veulent absolument ouvrir leurs magasins partout 7 jours sur 7, éventuellement 24 heures sur 24. Il y a plusieurs victimes, poursuit-il. Les salariées du commerce, beaucoup de femmes qui pour la plupart ne vivent pas à Paris et qui ne peuvent pas concilier ces horaires de travail avec une vie à côté, et puis il y a le petit commerce qui est en train de disparaitre."

Les prochaines municipales dans le viseur


Le 20 mars, le Conseil de Paris ne fera de toute façon qu’émettre un vœu. Car cette question relève de la loi et donc d’une initiative du Parlement ou du gouvernement pour éventuellement modifier le code du travail. Sur BFMTV, le 6 mars, Benjamin Griveaux s’est déclarée "assez favorable à ce qu’il y ait une ouverture dominicale généralisée dans Paris".

Parlait-il en tant que porte-parole du gouvernement ? Cela voudrait dire que la question est bien sur la table. Mais il existe une autre lecture possible. Les élus parisiens LREM n’attaqueront pas Anne Hidalgo sur sa politique anti-voiture. Ils cherchent à la fois d’autres moyens de se démarquer de la maire sortante et un leader pour 2020. L’ouverture des commerces le dimanche pourrait être une thématique clivante parmi les soutiens d’Anne Hidalgo ainsi qu’un moyen de faire entrer le gouvernement, et donc son porte-parole, dans le débat parisien. Car les amis de Benjamin Griveaux ne cachent pas son intérêt pour l’Hôtel de Ville en 2020.

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