La Maison des métallos dans le 11e arrondissement de Paris était occupée depuis près de trois mois par de jeunes migrants. 230 personnes ont été évacuées par la mairie de Paris. Ils ont été transférés dans un gymnase du 17e.
Trois autobus et un minibus sont venus chercher les 230 mineurs qui depuis le 6 avril dernier occupaient l’établissement culturel situé dans le 11e arrondissement de Paris. Des agents de la mairie de Paris ont procédé à l'évacuation. Les jeunes doivent être accueillis dans un gymnase parisien du 17e arrondissement.
Expulsion en cours de la Maison des Métallos à Paris à l'approche des JO, qui était occupée depuis près de trois mois par de jeunes migrants.
— Luc Auffret (@LucAuffret) July 3, 2024
230 personnes sont évacuées par la mairie de Paris. Ils sont transférées dans un gymnase.#Paris2024 #JO2024 pic.twitter.com/wKgFS7MgTJ
"Je suis soulagé car nous allons pouvoir quitter la Maison des métallos mais je reste inquiet car la solution que la mairie de Paris nous propose n'est pas pérenne", explique Julien, 16 ans, délégué du collectif des jeunes du parc de Belleville qui occupe le centre culturel avec plus de 200 mineurs non accompagnés (MNA).
"Avant d’arriver dans ce lieu, je vivais dans un tunnel près de la gare de Lyon", explique le jeune homme. Aujourd'hui, Julien voudrait s'imaginer un avenir. "Ce que je voudrais faire, c'est une formation de peintre en bâtiment"... "Pouvoir gagner ma vie et m'installer dans mon propre logement."
Soutien de ces mineurs depuis le début de l'occupation de l'établissement culturel, le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville demande des garanties pour "un hébergement à long terme" des mineurs isolés à la rue.
"Les jeunes doivent pouvoir rester à l’intérieur de leur gymnase 24 heures sur 24, pendant toute la durée des jeux olympiques et paralympiques, mais aussi après", précise Julie, militante du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville créé en septembre dernier au sein d’un campement de fortune.
"Nous demandons que les soutiens du collectif puissent aussi avoir accès au gymnase pour garder le lien et enfin que tous les jeunes aient une attestation d’hébergement", détaille la militante.
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“Depuis près de trois mois la Maison des métallos est occupée par des mineurs, en recours de minorité qui sont victimes des évacuations des campements de rue à Paris”, observe Paul Alauzy, coordinateur de Médecins du Monde et membre de Revers de la médaille, un collectif interassociatif qui agit auprès des personnes en situation de précarité.
Future maison du Japon des JO
"La mairie de Paris a décidé d'évacuer la Maison car en fait l'établissement va devenir la maison du Japon pendant les JO-2024", poursuit Paul Alauzy. "Alors comme il faut préparer tout ça, la ville a besoin de récupérer le lieu", explique-t-il.
En fin d'après-midi, un des bus était encore stationné devant le lieu culturel du 11e. Le collectif Revers de la médaille a posté sur les réseaux sociaux, une vidéo ou des personnes surtout des femmes avec des enfants bloquent le dernier bus censé emmener les mineurs. "Il y a des familles à la rue qui sont venues car elles dorment dans la rue avec des enfants en bas âge près de l'Hôtel de Ville. Ces familles demandent aussi à être prises en charge et elles ont raison de le faire", précise Paul Alauzy.
La justice avait ordonné l'évacuation des lieux le 5 juin
L'occupation, débutée le 6 avril, était la septième d'un bâtiment municipal depuis fin 2023. Saisie par la mairie de Paris, qui évoquait un "préjudice financier important" causé par l'annulation des spectacles prévus dans ce lieu du 11e arrondissement, la justice avait ordonné le 5 juin l'évacuation des lieux. "L'idée était de protéger" à la fois les personnes à la rue et le personnel de l'établissement, "pas d'expulser", souligne Léa Filoche, "mais nous n'avons pas réussi à trouver des portes de sortie avec l'Etat".
Des associations dénoncent depuis plusieurs mois un "nettoyage social" de la région parisienne, progressivement vidée selon elles de ses populations les plus précaires vivant à la rue, en vue des Jeux olympiques.
Par voie de communiqué, le Collectif des Jeunes du Parc de Belleville indique désormais vouloir : "des garanties sur nos revendications, qui ont seulement été acceptées à l’oral. Nous voulons être hébergé.es jusqu’à notre reconnaissance de minorité, avoir la possibilité de rester toute la journée dans les gymnases pendant les JO, et que la Mairie nous fournisse des attestations d’hébergement."
Le collectif organise un rassemblement à 18 heures ce vendredi place Saint-Gervais devant l'Hôtel de Ville.