Ce samedi, une cérémonie d'hommage aura lieu pour les victimes de l'explosion de la rue Saint-Jacques. Le 21 juin 2023, 3 personnes décédent et des dizaines sont blessées. Un an après, les séquelles physiques et psychologiques sont encore présentes pour de nombreux habitants du quartier.
Nelly Bobtcheff était en train de lire quand la catastrophe a eu lieu. "J'ai entendu un gros BOUM, peu après j'ai cru être devenue sourde", se souvient avec émotion cette habitante de la rue Saint-Jacques.
"J'étais près d'une fenêtre, mais pas de celles qui ont été soufflées. Si ça avait été le cas, j'aurais pu être sérieusement blessée étant donné la quantité de verre qui a été soufflée." Pas de blessures physiques au final mais des séquelles psychologiques. "Pendant plusieurs semaines lorsque j'entendais un bruit un peu fort, des souvenirs très désagréables me revenaient et je sursautais", raconte-t-elle.
Une explosion due à une fuite de gaz
Le 21 juin 2023, une explosion liée à une fuite de gaz cause la mort de trois personnes et fait 50 blessés. Un bâtiment situé au 277 rue Saint Jacques dans le 5ème arrondissement s'est effondré. Il abritait notamment la American School of Paris, une école de couture. Les fenêtres de plusieurs immeubles aux alentours sont soufflées. 50 personnes doivent être relogées.
Nelly Bobtcheff et son mari se retrouvent du jour au lendemain sans logement après l'explosion. "Il a fallu réagir vite. Heureusement nos enfants nous ont hébergés pendant l'été, mais impossible de retrouver un logement à Paris tant les prix sont élevés", note-t-elle.
Au mois de septembre, elle obtient enfin une solution de repli. "Des amis propriétaires ont accepté de nous louer leur appartement et l'assureur a couvert le loyer durant un an", détaille-t-elle. Ce vendredi, un an après, elle et son mari n'ont toujours pas pu regagner leur appartement.
"Nous sommes chanceux d'avoir eu cette alternative, mais ce n'est pas le cas de toutes les victimes. On n'habite quelque part, mais on sait que nous ne sommes pas chez nous et on souhaite y retourner mais les travaux tardent."
Ce samedi, un rassemblement est organisé pour rendre hommage aux victimes de l'explosion de la rue Saint-Jacques dans le 5ème arrondissement de Paris le 21 juin 2023. "Il y aura un dépôt de gerbes et un concert", précise la mairie du 5ème. Le concert aura lieu dans la chapelle du Val-de-Grâce située non loin du bâtiment qui s'est effondré.
Il y a 1 an, la violente explosion de la rue Saint-Jacques faisait 3 victimes et plus de 50 blessés.
— Florence Berthout (@FBerthout) June 21, 2024
Je veux redire ici toute ma reconnaissance à ceux qui se sont mobilisés pour nous aider à traverser cette épreuve et avoir une pensée pour toutes les familles endeuillées. pic.twitter.com/7xeBeqvwec
"La reconstruction est compliquée"
Pour les habitants du quartier, la reconstruction reste compliquée. "Certains ont été très affectés physiquement, notamment des grands brûlés à 80% qui poursuivent leur convalescence", explique Alain Polonsky, habitant du quartier et président du collectif Val-de-Grace qui regroupe l'ensemble des victimes. De nombreuses séquelles physiques mais également psychologiques
"Ce qui rend les choses plus difficiles, c'est que lorsqu'on sort dehors, on est confrontés à la vue d'un champ de ruines, cette plaie béante laissée par l'explosion", poursuit-il. En ce qui concerne les relogements, il indique qu'à ce jour "quatre bâtiments restent inaccessibles dont 27 logements et une cinquantaine de personnes touchées."
Il précise que parmi les quatre immeubles, deux appartiennent à des bailleurs sociaux. "Leurs habitants ont été relogés ailleurs par les bailleurs. Pour ceux qui habitent dans les deux immeubles privés, certains se trouvent dans des situations de semi-précarité, même s'ils ont tous trouvé une solution de logement temporaire. Ils ont pu être indemnisés plus ou moins par leurs assurances."
Enfin, concernant les travaux, Alain Polonsky estime que les bâtiments qui ont subi des dégâts seulement au niveau des fenêtres sont réparés à 90%. "Cela aura pris 11 mois mais on en voit le bout." Le plus gros immeuble impacté par l'explosion devrait lui, être accessible cet automne. Les trois autres immeubles présentent des problèmes de structure au niveau des fondations à cause de l'explosion. Leur reconstruction devrait prendre entre un et trois ans.
Un suivi des victimes
Un an après, 60 personnes sont encore suivies par l'association Paris Aide aux Victimes. "Nous avions été missionnés par le Parquet de Paris dès le soir même. Nous les accompagnons de deux manières. D'abord psychologiquement. Un an cela reste court pour oublier un traumatisme. Certains nous consultent régulièrement pour reparler de leurs ressentis. Nous leur conseillons de le faire jusqu'à ce qu'ils se sentent apaiser et que le souvenir ne provoque plus d'angoisses", affirme Carole Damiani, psychologue clinicienne et présidente de l'association. "Ensuite, nous mettons à leur disposition des juristes pour les accompagner sur les questions de relogement, indemnisation et travaux. Ces choses prendront du temps pour cette explosion, l'exemple des difficultés que rencontrent les victimes de la rue de Trévise le montre bien."
Selon la maire (Horizons) de l'arrondissement Florence Berthout, une soixantaine de personnes devraient être relogées à l'automne. "Les travaux ont commencé il y a quelques semaines donc on espère qu'ils pourront tous réintégrer leur logement", précise l'édile.
Une enquête judiciaire est aujourd'hui toujours en cours pour comprendre l'origine de la fuite de gaz. "Nous souhaitons que toute la lumière soit faite sur ce drame pour que cela ne se reproduise plus et nous nous porterons partie civile lors du procès", conclut Alain Polonsky.