Harcelée dans la rue, une jeune femme a publié la vidéo de son agression sur les réseaux sociaux. Elle a accepté de nous confier son témoignage. Le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "violences" et "harcèlement sexuel".
Pour dénoncer le harcèlement de rue, elle a fait appel aux réseaux sociaux : une jeune femme a publié la vidéo de son agression à Paris par un homme qui l'a frappée au visage lorsqu'elle lui a répondu après des remarques obscènes. Elle a accepté de nous confier son témoignage. Interview de Céline Cabral.
Tout est parti d'un post sur Facebook: Marie Laguerre, 22 ans, a raconté mercredi sur la plateforme, images de vidéosurveillance à l'appui, comment un homme lui avait adressé mardi soir des "bruits/commentaires/sifflements/coup de langue sales, de manière humiliante et provocante" alors qu'elle rentrait chez elle, dans le nord est de Paris."J'ai donc lâché un "ta gueule"en traçant ma route. Car je ne tolère pas ce genre de comportement. Je ne peux pas me taire et nous ne devons plus nous taire", décrit-elle dans sa publication.
Mais "ça n'a pas plu à cet homme", poursuit-elle, expliquant qu'il lui a d'abord "jeté un cendrier dessus", avant de la suivre, de la "frapper au visage en pleine rue, en pleine journée, devant des dizaines de témoins". Le texte est accompagné de la scène filmée par la vidéosurveillance du bar devant lequel les faits se sont déroulés. On y voit l'agression, suivie de l'intervention de plusieurs témoins à la terrasse du café qui tentent de parler avec l'homme après l'agression, et l'empêchent de s'approcher à nouveau de la jeune victime, avant que l'agresseur ne finisse par s'en aller. La jeune femme a porté plainte dans le 19e arrondissement précise-elle sur compte Twitter.
La jeune femme frappée au visage à Paris a publié la vidéo sur Facebook
Près de 900.00 vues sur Facebook
Samedi 28 juillet, Marie Laguerre a cette fois-ci eu recours à Twitter pour interpeller sur le harcèlement de rue en publiant "Parce que j'ai répondu à son harcèlement, un homme m'a frappée en pleine rue, en pleine journée, devant des dizaines de témoins. Inadmissible. Stop au harcèlement de rue. #noustoutes #metoo #balancetonporc #harcelementderue @MarleneSchiappa" (secrétaire d'État à l'Égalité femmes-hommes). Interrogée par le Parisien, elle explique avoir "la pommette et l'arcade abîmées" et se dit "dépassée par l'ampleur qu'a prise la vidéo", retweetée plus de 800 fois, tout comme la publication en accès libre sur Facebook qui compte 900.000 vues, a suscité des centaines de commentaires. La jeune femme a porté plainte et le parquet de Paris a ouvert une enquête.
Parce que j'ai répondu à son harcèlement, un homme m'a frappée en pleine rue, en pleine journée, devant des dizaines de témoins. Inadmissible. Stop au harcèlement de rue. #noustoutes #metoo #balancetonporc #harcelementderue @MarleneSchiappa https://t.co/lV9AIKndlX
— Marie Laguerre (@may_lgr) 28 juillet 2018
Marlène Schiappa a réagi dimanche sur le site internet du Parisien, pour elle "L'enjeu est grave: c'est celui de la liberté des femmes de circuler librement dans l'espace public". Elle a rappelé que "le droit actuel sanctionne (le) type d'agression" dont a été victime Marie Laguerre. Mais, ajoute-t-elle, "la grande nouveauté est que la loi va permettre d'agir en amont pour empêcher la gradation de la violence". "C'est primordial: en interdisant le harcèlement de rue, en sanctionnant par une amende de classe 4 les outrages sexistes, on abaisse le seuil de tolérance, on dit qu'il n'y a plus de fatalité", explique la secrétaire d'État.
Elle assure que "les premières amendes devraient être mises à l'automne. Le projet de loi contre les violences sexistes et sexuelles, voté en mai par l'Assemblée, vise à créer un "outrage sexiste" pour le harcèlement de rue, passible de 90 euros minimum d'amende immédiate.