Un rassemblement joyeux et ému, une Marseillaise improvisée pendant le défilé chantée à plein poumons par une délégation française heureuse… La cérémonie d’ouverture dans la chaleur du mois d’août s’est finie tard dans la nuit avec la flamme allumée au son d’Ada Vox.
Il fait chaud autour du stade Jean Bouin ce samedi 4 aout pour la cérémonie d’ouverture des Gay Games organisés pour la première fois dans la capitale Française.
Un peu avant 14 heures les 10 317 inscrits commencent à converger vers l’ouest parisien. Dans la joie et la discipline ils/elles se plient de bonne grâce aux contrôles stricts imposés par des mesures de sécurité induites par le caractère particulièrement dangereux de la manifestation. Après le carnage d’Orlando, le rendez-vous est fixé à 17h, avant la fermeture des accès.
La joie est partout, sur tous les visages, d’être là, de se retrouver aussi, car pour certain(e)s la participation est presque une habitude.
Christine Lebon, Présidente de « Golf Friendly » qui organise la compétition de Golf (La Boulie, mardi 7 et mercredi 8 aout) est une habituée après Cologne (2010) et Cleveland (2014). Un engagement sportif mais aussi militant. Comme Française elle est heureuse d’accueillir cet événement inclusif. Comme sportive amateur, la fierté de porter le maillot tricolore est toujours renouvelé.
Niels, danois, qui dans la semaine s’alignera dans la compétition précède de 24 heures l’arrivée de son partenaire de danse de salon, un allemand hétéro.Le bonheur d’arborer les couleurs de son pays dans une rencontre sportive est plaisir et un honneur dont je ne se lasse pas.
En attendant il est heureux de ces rencontres, de ces découvertes de femmes et d’hommes du monde entier. Et son bonheur d’être là est communicatif, comme lorsqu’il danse avec une des « the subversive sirens », fière d’être « black, « body positiv » and queer »Il préfère danser avec un homme, parce que c’est plus simple dit il.
San Francisco ouvre le défilé
Pendant ce temps, la ville de Sans Francisco, ouvre comme c’est la tradition le défilé des délégations. Avec New York, ce berceau historique de la lutte pour l’obtention de droits identiques pour toutes les composantes ce sont les seules villes à s’afficher en tant que telles ; les autres délégations traversent le stade par Etats, y compris les 50 états qui constituent la Fédération des USA.Beaucoup d’émotion quand la Floride avec sa croix blanche sur son drapeau entre. Les 49 morts de la tuerie du Pulse, une boite de nuit connue d’Orlando, sont dans tous les esprits.
Participer c'est déjà résister et combattre
Les applaudissements sont forts devant les sportifs russes. Aussi forts que représente leur courage de participer à ce type de rencontres au regard des discriminations dont ils font l’objet au quotidien.Émoi encore avec les 5 représentants d’Algérie, la forte forte délégation chinoise, l’Angola ou l’Arabie Saoudite… Où vivre simplement sa vie peut induire peine de prison et même mener à la mort. Participer c'est déjà résister et combattre.
Les espagnols, les norvégiens, les australiens et beaucoup d’autres profitent de leur bonheur. Photos de groupes ou selfies. Les haltes sont nombreuses comme pour arrêter le temps, faire durer le plaisir, être là, ensemble… Et le temps s’étire…
Il est près de 21 h quand l’oriflamme tricolore et les 2336 français commencent à fouler la pelouse. Le stade qui s’est rempli à mesure que toutes les délégations prenaient place après le défilé s’enthousiasme.
Devant Alex Taylor le plus frenchy de tous les anglais accueille le porte drapeau. A l’improviste, une Marseillaise est entonnée. Les spectateurs debout, les français s’époumonent. Les larmes apparaissent sur les visages.
Une action politique, des VIP engagés
Pendant ce temps, dans le salon des VIP on participe au plaisir d’être ensemble et on souhaite le communiquer. A côté de Jacques Toubon, Défenseur des Droits, Anne Hidalgo l’hôte et principal co-financeur de l’événement milite dans les faits pour faire de Paris dont est la Maire la première ville gay friendly au monde. "C'est un combat pour montrer que la différence, la diversité c'est quelque chose de beau, c'est quelque chose qui fait grandir la société."Laural Flessel, engagée dès la candidature de la capitale française et bien avant encore dans la lutte contre toutes les discriminations, met toute sa conviction de championne à l’épée dans ce combat aujourd’hui comme ministre des sports.
Patrick Karam, vice-président Les Républicains du conseil Régional d'Ile-de-France et auteur en 2015 d'un rapport -remarqué- sur l'homophobie dans le sport essuie les sifflets du public quand il prononce le nom de Valérie Pécresse. Le vote de Valérie Pécresse, aujourd'hui présidente de la région Ile-de-France, contre la loi de Christiane Taubira , soutenant même l'abrogation du mariage pour tous en cas de victoire de la droite aux législatives en 2012, a visiblement laissé des traces.
Et puis Yoann Lemaire, seul footballeur professionnel français banni des vestiaires pour avoir fait son coming out en exercice, tout en restant optimiste et confiant sait prendre du recul sur le discours en vogue peut être encore très formel.
Yoann Lemaire vient de terminer un documentaire qui doit être diffusé prochainement sur France Télévision.C’est par les amateurs que la condition des homosexuels dans le football s’améliorera
23h45 la flamme allumée, Ada Vox, généreuse drag queen, rendue célèbre après sa sortie du placard dans l’émission de télé crochet American Idol a notament fait le buzz avec Patti LaBelle avec "Voulez vous coucher avec moi ce soir ?". Ce soir elle donne le coup d’envoi des Gay Games.